Défendons la retraite à 60 ans

mercredi 27 janvier 2010.
 

Le débat sur la réforme des retraites ne pouvait s’ouvrir de pire manière. Alors que le gouvernement repousse prudemment la présentation de son projet à l’après-régionales, que les syndicats sont à peine en train de fourbir leurs armes, Martine Aubry s’est chargé d’annoncer -en l’approuvant- la fin de la retraite à 60 ans. Le drapeau blanc est sorti avant même que le combat n’ait commencé. C’est la seule tactique de lutte qui garantisse la défaite. Croit-elle qu’une reddition sans combat va inciter la droite à la clémence ? Au contraire ! Quel chèque en blanc ! Après qu’Aubry ait dit 62 ans mais pas plus, il suffira à Sarkozy d’en annoncer un ou deux supplémentaires puis d’expliquer qu’on ne va pas chipoter pour si peu alors que chacun admet qu’il faudra partir plus tard en retraite.

Comment croire à un « compromis national » entre la gauche et la droite sur les retraites comme le réclament Montebourg et Valls ? Cette question concentre la bataille pour le partage des richesses. Le point de vue de gauche, c’est la hausse des cotisations payées par les entreprises éventuellement complétée par d’autres prélèvements sur les profits. Ce ne serait que justice au vu de la dégradation du partage de la valeur ajoutée. Ce ne serait que justice au vu du grand nombre de salariés privés de retraite à taux plein à cause de carrières mitées par le chômage puis brutalement interrompues par la préférence patronale pour une main d’œuvre meilleur marché et plus flexible.

En fait Aubry cotise à nos dépens auprès des bien-pensants qui se lamentaient jusqu’ici que les socialistes français n’aient pas le courage de leurs homologues allemands briseurs de tabous à coup de retraite à 67 ans. Rocard l’a déjà félicitée... Et dans la même émission Aubry avance la formule politique qui va avec un tel programme. Elle déclare respecter le choix d’autonomie au premier tour du Modem en estimant qu’il y a « de grandes choses à faire ensemble pour l’avenir et notamment pour 2012 ». En bazardant la retraite à 60 ans, Aubry travaille à rendre le PS compatible avec François Bayrou. Elle prépare un deuxième tour des régionales qui ouvriraient la voie à une nouvelle configuration d’alliance. Cette fois c’est le verdict des électeurs qu’elle devance. En votant pour les listes de rassemblement de l’autre gauche, les électeurs peuvent encore l’empêcher.


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