Pie XII, Mussolini et les Juifs... convertis au catholicisme

mardi 14 avril 2015.
 

Golias publie une série d’articles, sous forme de feuilleton, à propos des soi-disantes « vertus héroïques » de Pie XII. Ces textes reposent sur des faits historiques mal connus du grand public.

Nous ne mettons en ligne que la première partie sur une trentaine ; notre lecteur trouvera la suite sur le site de Golias.

Pour contourner l’obstacle à la béatification de Pie XII que représente son silence lors de la Shoah, l’historien italien Andrea Riccardi met en avant les interventions secrètes en faveur des juifs italiens. Mal lui en a pris. Il souligne dans son ouvrage paru chez Laterza « L’inverno piu lungo » (L’hiver plus long) et avec le sous-titre « Les juifs et les nazis à Rome », que ce fut sous la pression des démarches personnelles de Pie XII auprès des communautés religieuses que celles-ci donnèrent asile à de nombreuses familles juives. Or l’historien ne relève aucune de ses démarches attribuées à Pie XII. Le Corriere della Sera qualifie la pseudo documentation de « farfelue » .

Dans la revue jésuite La Civilità Cattolica, le Jésuite Giovanni Sale relève quant à lui que la seule intervention secrète que l’on puisse mettre au crédit de Pie XII le fut en faveur des seuls juifs convertis, auprès de Benito Mussolini. Le Souverain Pontife d’alors proposait, et cela est très significatif et très grave, que le critère pris en considération ne soit pas celui de la naissance mais « seulement » celui de la foi. Giovanni Sale ajoute « Cette discrimination plonge tout historien catholique dans une profonde perplexité. » Soucieux d’assurer - par amour ou par force - la béatification de Pie XII, Andrea Riccardi, par ailleurs cheville ouvrière de la communauté romaine de Sant’Egidio, invite à sortir des silences de Pie XII face à la shoah pour ne pas s’enfermer dans cette période de son pontificat, et pour se consacrer davantage à l’ensemble de sa vie.

Alors nonce à Munich et à Berlin, puis secrétaire d’état, par ses silences personnels et les silences imposés, Pacelli pourrait bien avoir vécu le même égotisme carriériste ou le même égotisme clanique pontifical. L’un et l’autre se sont développés à partir d’une fragilité native et se sont imposés dans une remarquable constance de conduite. Certes, la présence ou l’absence d’un chromosome peut l’expliquer ; pour autant, jamais elle ne justifie le crime. Permettez ici un court aparté.

Conscient que ses silences susciteraient l’assaut des critiques et des désaveux, Eugenio Pacelli, Pie XII sous la tiare, a tenté de se justifier, arguant d’un soi-disant écart de sens entre neutralité et impartialité, invoquant un constant souci d’éviter de créer tout motif de représailles de la part d’Hitler. Un souci certes très compréhensible, mais il faut pourtant relever qu’en aucun des silences ici remarqués, l’occasion de représailles ne s’est présentée. Une dénonciation d’exaction ou de crime hitlérien a pu être avancée comme prétexte de soi-disant représailles : elle n’en a jamais été que l’occasion. Le massacre des juifs aux Pays-Bas n’a pas attendu la réprobation des évêques locaux pour être mis en place. S’il a pu être sitôt déclenché, c’est qu’il était déjà soigneusement planifié et décidé.

Pascal a écrit : « Le pape hait et craint les savants qui ne lui sont pas soumis par voeu » (Br. 873, 323). Il ne peut imposer aujourd’hui le silence à l’historien critique. Non pour dresser un réquisitoire, mais pour contredire l’élan intempérant d’un panégyrique sur fond d’équivoque et de contre-vérité historique. L’affirmation arrogante de l’autorité pontificale, dont la béatification d’Eugenio Pacelli serait une expression particulièrement provocatrice, justifierait-elle le sacrifice de l’incontournable exigence de la vérité des faits ? L’historien s’égare lorsqu’il se fait courtisan. (à suivre)


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