LA GAUCHE ECARTELEE (par Pierre Carassus, Combat républicain)

mardi 29 décembre 2009.
 

Plus que trois mois avant les élections régionales, dernier scrutin au suffrage universel direct avant 2012. Et dernières élections régionales à proprement parler, si par malheur Sarkozy parvient à imposer sa « réforme des collectivités territoriales » qui prévoit, entre autres, le remplacement des 6 000 conseillers régionaux et généraux par 3 000 « conseillers territoriaux », élus de façon particulièrement inique afin de permettre à la droite, même très minoritaire, de ne pas perdre pied à l’échelon local.

C’est dire si l’enjeu de mars 2010 est important, que son résultat pèsera lourd sur l’avenir politique de notre pays.

Or où en est la gauche ? Loin de se rassembler, elle est en proie à ses deux démons familiers : la recherche d’une alliance à droite, pour l’occasion baptisée « centre », et le sectarisme qui enferme dans un splendide isolement.

La « Modem attitude »

Les Français ont récemment été témoins du spectacle lamentable donné par Royal et Peillon se disputant le leadership de leur courant interne au PS. Pourtant, sur l’essentiel, M. et Mme « On m’a volé ma gomme » - comme les a plaisamment surnommés Laurent Fabius - partagent la même orientation : l’alliance avec le Modem, dès le premier tour des régionales, précise Ségolène Royal. Mais Martine Aubry n’est pas en reste : le 26 novembre sur France 2, elle a tendu la main à la formation de François Bayrou, « avec laquelle nous avons beaucoup de choses en commun ». La construction libérale de l’Europe est la première de ces choses – quoique le PS français mérite plus encore d’être salué pour sa contribution au maintien de l’ordre libéral du monde, grâce à deux de ses ténors, Dominique Strauss-Kahn et Pascal Lamy, respectivement directeurs du FMI et de l’OMC.

Entendons-nous bien : que des convergences tactiques puissent se faire jour entre la gauche et le Modem n’est pas à dédaigner. Mais prétendre construire une alliance stratégique avec le centre, cette vieille lune de l’histoire du socialisme français, revient à jeter aux orties tout programme de transformation politique et sociale. Et par là même, à s’aliéner le vote des catégories populaires, à désespérer ceux que la gauche devrait au contraire nourrir d’espoir.

Les socialistes accepteront-ils le nouveau positionnement de leur parti ? Des voix dissidentes commencent à se faire entendre. Ainsi, Christiane Cauet, conseillère générale de la Loire, et Michèle Valladon, conseillère régionale d’Île-de-France, viennent de quitter le PS pour rejoindre le Parti de Gauche. « Face à la droite, explique la première, il faut une gauche de combat. Face à la crise historique à laquelle ont conduit les politiques libérales, il faut une gauche audacieuse proposant au pays des ruptures avec la logique destructrice du capitalisme. »

« Unitaire à moi tout seul »

Quant au NPA, il s’obstine dans la surenchère sectaire. Refusant toute fusion au deuxième tour entre listes de gauche, il fait cavalier seul quitte à donner le change en agitant grotesquement la bannière de l’unité. Pourtant, un Front de Gauche renforcé par sa présence et par celle d’autres formations anti-libérales aurait un incontestable impact électoral. Mais en renouant avec la politique de division qui fut la sienne aux élections européennes de juin dernier, le « parti d’Olivier » rend, quoi qu’il en dise, un fier service à la rue de Solférino.

Est-il trop tard pour parvenir à un accord ? Peut-être pas, car au sein même du NPA la ligne Besancenot se heurte à des critiques. Celles d’Omar Slaouti par exemple, qui fut tête de liste en Île-de-France pour les européennes, ou encore celles de Leïla Chaïbi, animatrice du collectif « l’Appel et la pioche ».

L’orientation pour les régionales doit être claire : pas d’alliance avec le Modem, fusion des listes de gauche au deuxième tour, pour faire des régions les bastions de la résistance à la politique de Sarkozy, à commencer par sa réforme territoriale.


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