Dictature militaire du Honduras : élection truquée et reconnaissance diplomatique par Israel, Colombie, Pérou

dimanche 29 novembre 2009.
 

Honduras Sous la farce électorale,
la répression se poursuit

Les putschistes célèbrent la grande participation des Honduriens aux élections générales, où le conservateur Lobo est élu à la présidence. Pour la résistance et le président Zelaya, la victoire est dans le camp de l’abstention.

Le monde allait voir ce qu’il allait voir. Au Honduras, grands médias et autorités de fait, issues du coup d’État du 28 juin, s’étaient jurés de faire de ce 29 novembre, jour d’élections générales, « une grande fête civique » où le peuple hondurien donnerait une « leçon transcendantale » à la « communauté internationale ».

Dimanche soir, après des heures d’atermoiements, le tribunal suprême électoral a annoncé un taux de participation 61,3 %, du jamais-vu au Honduras depuis le retour de la « démocratie » en 1981, octroyant, avec 52 % des suffrages, une victoire en trompe-l’œil au conservateur Porfirio « Pepe » Lobo. Trop gros. Le président déchu, Manuel Zelaya, depuis l’ambassade du Brésil où il est consigné, a réfuté ces chiffres, en avançant une abstention de plus 60 %, la fondation Faisons de la démocratie l’estimant de son côté à 52,4 %. Les plus de 100 000 votes nuls et blancs, signe aussi du refus de cette mascarade électorale, ont été passés à la trappe. « Nous avons obtenu une victoire, la dictature a été défaite, la résistance populaire contre l’oppression a triomphé », a fait valoir, pour sa part Manuel Zelaya.

Intimidations et descentes policières

Quoi qu’il en soit, en ce « jour de fête civique », près 40 personnes ont été arrêtées, a estimé Bertha Oliva, présidente du Cofadh, le comité des familles des détenus et disparus, qui a dénoncé « les abus des autorités de facto contre la population qui résiste et qui persiste à dénoncer les droits violés ». Dans les rues de Tegucigalpa, le quadrillage était assuré par des pick-up, bourrés de militaires, mitraillettes à la main. Même ambiance jusque dans l’enceinte des bureaux de vote, quasi déserts à Kennedy, San Franciso, ou encore à Hato del Medio. À la sortie des centres scolaires, dans les stands des Partis national et libéral, les deux principales formations, les militants s’affairaient à recenser les électeurs qui manquaient à l’appel. Ce que les invités élevés au rang d’observateurs internationaux – tout ce que le continent compte de réactionnaires – ont fait mine de ne pas voir. À Pedragal, haut lieu de la résistance, Fausto Arrozola a été arrêté sous nos yeux, alors qu’il criait dans un mégaphone : « la libération du président Zelaya. »

Selon un fonctionnaire du gouvernement de la direction exécutive des impôts, les effectifs de l’État ont été priés de se rendre aux urnes. « On nous a fait comprendre que les cahiers d’émargements seraient vérifiés », a-t-il dit sous couvert d’anonymat. En province, la répression a particulièrement visé les groupes et organisations de l’opposition comme à Santa Elena, où 25 personnes ont fui vers le Salvador parce que leur communauté ethnique, qui compte déjà douze prisonniers politiques, participe activement au front de résistance. Le siège de l’ONG Red Comal à Siguatepeque (Ouest) a fait l’objet d’une descente militaire.

« Ces élections démontrent surtout des actes répressifs contre une partie de la population tandis que le gouvernement de facto s’appuie sur l’autre bord pour se consolider », a indiqué Reina Rivera, directrice du Comité de recherche et de promotion des droits de l’homme (Ciprodeh). À San Pedro Sula, la capitale industrielle, près de 2 000 manifestants, opposés à la « farce électorale », ont été violemment réprimés. En ce « jour de fête civique », le supposé nouveau président a parlé de « former un gouvernement d’unité nationale ». Une unité qui n’a jamais semblé aussi éloignée.

Cathy Ceïbe


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message