CHUTE DU MUR : le début d’une nouvelle période… (NPA)

samedi 14 novembre 2009.
 

Il y a 20 ans, la chute du Mur de Berlin, puis l’effondrement des dictatures staliniennes dans les pays de l’Est, marquaient le début d’un basculement du monde qui, loin des promesses mensongères de la propagande anticommuniste, a débouché sur les crises et les guerres de la mondialisation capitaliste.

Les manifestations de masse qui précédèrent ou accompagnèrent ces événements, la liesse qu’ils suscitèrent, accréditèrent l’idée qu’il s’agissait de révolutions pour la liberté. En réalité, la disparition de ces régimes résultait fondamentalement des choix des dirigeants de la bureaucratie soviétique engagée depuis quatre ans dans un processus qui allait conduire à la restauration du capitalisme en URSS. À la fois étape et prélude de la mondialisation capitaliste, les événements de la fin 1989 étaient le signal de la fin de la période ouverte par la révolution russe et la grande vague révolutionnaire qui avait ébranlé le monde capitaliste après la Première Guerre mondiale.

La reconfiguration du monde qui a commencé à s’opérer à ce moment-là est caractérisée essentiellement par la pénétration des trusts et de leurs États dans les parties de la planète qui leur échappaient jusqu’alors, ouvrant une nouvelle période d’expansion de la domination capitaliste.

C’est une démonstration à rebours de la force qu’avaient donné à la révolution russe l’initiative des masses, l’expropriation qu’elles firent des classes dirigeantes, leur conscience de mener un combat international. Cette force fut d’abord étouffée par la violence de la réaction bourgeoise qui écrasa, avec l’aide des partis sociaux-démocrates, les autres révolutions ouvrières au lendemain de la Première Guerre mondiale. Nulle part, la classe ouvrière ne put l’emporter ailleurs qu’en Russie.

Livrée à elle-même et à l’arriération du pays, la révolution russe fut étouffée par une bureaucratie dont l’existence s’explique essentiellement par la faiblesse de la classe ouvrière, seule à même de faire vivre une véritable démocratie, dans un pays dont 80 % de la population était paysanne.

Mais même après qu’elle eut réduit les masses ouvrières et paysannes au silence, au début des années 1930, la bureaucratie n’osa pas opérer une restauration du système capitaliste. C’est dans le cadre des rapports de propriété hérités de la révolution qu’elle fut contrainte d’exercer son pouvoir et ses privilèges.

Voilà, à grands traits, les événements qui avaient configuré le monde et dont 1989 a annoncé la fin. La première grande vague de révolutions ouvrières prétendant au renversement de la bourgeoisie à l’échelle internationale, issue du développement du mouvement ouvrier à la fin du xixe siècle, avait pu être jugulée sans que l’impérialisme réussisse pour autant à rétablir sa domination sur l’ensemble de la planète.

Les prétendues «  démocraties populaires  » étaient l’une des manifestations du rôle réactionnaire que jouèrent Staline et la bureaucratie à l’échelle internationale. Les révoltes ou les révolutions ouvrières qui éclatèrent dans ces pays, en particulier au moment et juste après la mort de Staline, en Allemagne de l’Est en 1953, en Pologne et en Hongrie en 1956, en Tchécoslovaquie en 1968 et, à plusieurs reprises en Pologne, indiquent à quel point ces régimes étaient des régimes anti-ouvriers.

Mais le triomphe de la mondialisation capitaliste, loin d’avoir surmonté les contradictions du système, n’a fait que les porter à un degré d’acuité extrême, en particulier la contradiction entre la socialisation de la production, de la distribution, et la propriété privée capitaliste, détenue par une minorité toujours plus infime de la population. Ce triomphe prépare un nouveau cycle de révolutions dans lesquelles la classe ouvrière, dont le renforcement à l’échelle mondiale a connu un développement extraordinaire, est appelée à jouer pleinement son rôle émancipateur et démocratique.

Que l’on pense aux conditions dans lesquelles s’est déroulée la première grande vague de révolutions ouvrières de l’histoire, l’état d’arriération des pays même les plus modernes de cette époque, comme l’Allemagne, dont le film "Le Ruban blanc" peut donner une idée. Quoi d’étonnant que, dans ces conditions, se soient imposés le règne de la bureaucratie et le culte de l’État  ?

C’était, à l’aube du xxe siècle, une gageure, de la même façon que le combat, deux générations plus tôt, des communards parisiens, dont Marx disait qu’ils «  étaient montés à l’assaut du ciel  ».

Aujourd’hui, forte de centaines de millions de femmes et d’hommes qui sont au cœur des secteurs clés de toute l’économie mondiale, qui possèdent un niveau de culture considérable par rapport à ce qu’il était au début du xxe siècle, la classe des salariés est potentiellement en mesure de contrôler la marche de toute l’économie et d’en assurer l’appropriation collective, sociale par son auto-organisation.

Les progrès qu’ont constitué soviets en Russie, conseils d’usine en Allemagne, comités dans l’Espagne de 1936, sont appelés à connaître un développement qui fera apparaître ces premières formes d’auto-organisation comme les balbutiements de la démocratie des grandes révolutions à venir.

Galia Trépère


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