6) Elections en Tunisie : une nouvelle mascarade de Démocratie (article national du Parti de Gauche
5) Présidentielle en Tunisie, Ben Ali accentue la répression
4) Tunisie, 25 octobre 2009 : Des élections présidentielles et législatives sur fond de répression
3) Manifeste d’ Ahmed Brahim, candidat du mouvement Ettajdid/Initiative Nationale pour la Démocratie et le Progrès à la Présidence de la République
2) Tunisie : l’opposant Mustapha Ben Jaafar écarté de la course à la présidence
1) Tunisie : Les élections présidentielles et législatives, l’environnement de la campagne électorale (par la Ligue des droits de l’Homme)
« Dans les pays démocratiques, le vote est secret et le dépouillement public. En Tunisie, le vote est public et le dépouillement secret »
Personne ne doute de la "victoire" du despote Ben Ali à ces élections présidentielles avec probablement plus de 90% des "suffrages". Ce n’est pas une raison pour ne pas suivre ce qui se passe dans ce beau pays.
Article national du Parti de Gauche
C’est avec consternation mais sans surprise que nous accueillons la nouvelle de la réélection de Monsieur Ben Ali avec près de 90% des voix (89,62% aux dernières nouvelles) en Tunisie.
Une nouvelle fois, le peuple tunisien a été victime d’une mascarade de démocratie. Le Parti de Gauche dénonce fortement la mainmise totale de l’oligarchie tunisienne (rappelons que la famille Ben Ali détient les trois quarts des secteurs d’activité clé du pays : compagnies aériennes, autoroutes, opérateurs téléphoniques etc...) sur le scrutin qui s’est déroulé hier et le musellement de l’opposition et de la presse.
A ce titre, nous tenons à alerter l’opinion française sur la répression musclée dont sont victimes les mouvements sociaux tunisiens, dont nous saluons le courage.
Seul véritable rempart contre l’inquiétante montée d’un islamisme nourri des dénis quotidien de démocratie et d’espoir, ces mouvements sociaux et l’opposition au régime oligarchique en place ont tout notre soutien.
Solidaires du peuple tunisien, nous dénonçons les félicitations qui entourent la réélection de Ben, Ali et appelons la France et l’Union européenne à faire preuve de la retenue qui s’impose tant dans les relations diplomatiques que dans les relations commerciales qu’elles entretiennent avec la Tunisie.
Article Le Matin
Les élections présidentielles et législatives en Tunisie sont une formalité et une grande farce, c’est en ces termes que la grande partie des acteurs politiques, journalistes et militants des droits de l’homme en Tunisie définissent les prochaines échéances électorales. Les dés sont pipés et le résultat est connu d’avance. Ben Ali obtiendra sans aucune surprise un nouveau mandat compte tenu du déséquilibre du rapport des forces sur l’échiquier politique tunisien et de l’influence sur la société du parti au pouvoir le Rassemblement constitutionnel démocratique.
La seule donnée inconnue du scrutin du 25 octobre prochain est le score du président « sortant ». En 1989 Ben Ali avait obtenu 99,27% des suffrages, 99,91% en 1994, 99,44% en 1999 et 94,49% en 2004.
Les agressions contre les opposants se multiplient
La campagne est marquée par de très graves atteintes à la liberté d’expression. Les pressions, intimidations, agressions physiques contre les opposants se multiplient.Le 20 octobre, les autorités ont arrêté le militant des droits humains, Zouheir Makhlouf, et correspondant du journal en ligne Sabil, pour "outrage à d’autres personnes via un réseau public de télécommunications"suite à ses écrits sur les problèmes d’environnement dans la ville industrielle de Nabeul. L’arrestation de ce journaliste, qui dénonce régulièrement les violations répétées des droits humains, révèle la répression quotidienne des droits et des libertés des citoyens. Zouheir Makhlouf a fait l’objet à plusieurs reprises d’attaques violentes et de menaces de mort.
Le journaliste Ziad El Hani a également subi une série d’attaques. Le 15 octobre, il a été agressé physiquement par des individus en civil. Il subit actuellement une campagne de diffamation menée par des journalistes du journal El Hourriya, après avoir publié un article sur le harcèlement subi par une journaliste de la part de son directeur.
Une autre journaliste et militante, Sihem Bensedrine, a été violemment agressée le 21 octobre par des policiers en civil. Ils l’ont ainsi empêchée d’entrer au siège de l’Association tunisienne des femmes démocrates, où elle assurait une formation au monitoring des médias pendant la campagne électorale. Quelques jours auparavant, le vendredi 16 octobre, Mme Bensedrine et son mari Omar Mestiri avaient été retenus pendant plusieurs heures par une équipe spéciale de la Garde nationale près de la ville de Tabarka, alors qu’ils étaient en train de réaliser un reportage sur les élections pour Radio Kalima.
Le 22 octobre, les autorités ont procédé à la fermeture d’une autre radio, Radio 6, mettant sous scellé son siège sis à Tunis et saisissant son matériel. Par ailleurs Radhia Nasraoui, avocate et présidente de l’Association tunisienne contre la torture, a été empêchée de se rendre en France pour participer à un séminaire organisé par le Parlement européen. Les autorités ont utilisé le prétexte d’une plainte contre elle et son mari, Hamma Hammami, secrétaire général du Syndicat des travailleurs tunisiens du Parti communiste depuis 2008.
Les photos d’Ahmed Ibrahim, secrétaire générale du Mouvement Attajdid et candidat de l’initiative Nationale démocratique aux élections présidentielles ont été déchirées, le même sort a été réservé aux listes des candidats aux élections législatives de la même formation politique.
La presse étrangère n’est pas mieux lotie. La journaliste du quotidien français "Le Monde", Florence Beaugé, a été refoulée à son arrivée à l’aéroport de Tunis alors qu’elle venait couvrir les élections présidentielles et législatives du 25 octobre en Tunisie. La journaliste n’a reçu aucun motif de son refoulement. Elle pense que cela est dû à la publication d’une série d’articles et des entretiens avec des opposants qui ont critiqué sans ménagement la politique de Ben Ali.
Ben Ali règne en maître absolu sur la Tunisie depuis 22 ans
Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat « médical » le 7 novembre 1987, Ben Ali avait procédé à la réforme de la constitution le 26 mai 2002 pour supprimer la limite de nombre de mandats successifs pour le président sortant, ce qui lui donne le droit de briguer un cinquième mandat. La campagne électorale, à la fois pour l’élection présidentielle et pour les législatives s’est officiellement ouverte le dimanche 11 octobre et se clôturera la veille des élections. Pour la présidentielle, quatre candidatures ont été validées par le Conseil constitutionnel : Le président sortant Zine El-Abidine Ben Ali pour le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), Mohamed Bouchiha du Parti de l’unité populaire (PUP), Ahmed Inoubli de l’Union démocratique unioniste (UDU) et Ahmed Brahim pour Ettajdid (ancien parti communiste). Hormis ce dernier, qui reste le seul véritable candidat de l’opposition, les autres candidats ne sont là que pour donner une légitimité à ce simulacre scrutin.Notons, c’est une première en Tunisie, les quatre candidats à la présidence bénéficient d’une heure d’antenne afin de présenter leur programme, en direct à 20h30 sur la chaîne publique Tunis 7.
Condamnation du WGFENA
Le Groupe de Travail sur la Liberté d’Expression en Afrique du nord « WGFENA » s’inquiète de cette persécution des journalistes dans un contexte préélectoral. Il craint que qu’elle ne vise à réduire au silence les médias indépendants, au moment où ils sont appelés à jouer leur rôle en éclairant l’opinion publique sur un acte citoyen de première importance.
Il condamne avec fermeté ces graves atteintes à la liberté de la presse, et exige des autorités tunisiennes l’annulation des condamnations et des poursuites judiciaires à l’encontre des journalistes et des militants des droits humains. Il exprime aux journalistes et militants persécutés son entière solidarité.
Amirouche Nedjaa
Source : http://electionsafrique.org/Tunisie...
Les élections, un rituel bien rôdé en Tunisie
Pour les élections présidentielles et législatives tunisiennes du 25 octobre, dont la campagne commence le 10 octobre, tout est fait par le gouvernement pour limiter le pluralisme. Dans une certaine mesure, le cadre légal est correct, le parrainage de députés ou maires suffisant théoriquement à se présenter, des partis d’opposition étant subventionnés … Mais en réalité, à la veille des élections, les modifications du code électoral, les intimidations, les pressions sur la population et sur les candidats sont foison. Et ce, dans le désintérêt général de la communauté internationale, malgré la tournée internationale d’un des candidats depuis plusieurs mois pour alerter sur les violations des règles électorales. Seuls la BBC, Al Jazira, France 24 ont porté dans une certaine mesure les voix des opposants.
Des obstacles à un vrai processus électoral
Parmi les obstacles à la tenue d’élections transparentes, les candidats (qui ne sont plus en lice) de l’opposition et la FIDH soulignent une longue liste d’abus.
Rappelons que Ben Ali dirige le pays depuis 1987, et a toujours été élu au premier tour (alors que le système est uninominal à 2 tours) ! Il n’a pas hésité à modifier la constitution pour se présenter à nouveau : cela lui a permis de supprimer toute limitation de mandats et toute limitation d’âge pour être candidat.
Le cadre constitutionnel semble favorable aux candidatures sur le papier (avoir le parrainage de 30 maires ou députés) mais il est en fait restrictif dans le cadre tunisien. En effet, quasi tous les députés qui siègent sont du parti majoritaire puisque c’est un scrutin de liste majoritaire à un tour, ce qui fait que la liste majoritaire prend tous les sièges. Par qui, alors, les opposants peuvent-ils se faire parrainer ? En outre, des modifications du code électoral sur mesure permettent d’éliminer les candidats de l’opposition qui sont jugés trop dérangeants (ces modifications sont faites quasi à chaque présidentielle). Par exemple, le candidat Jaffar a eu sa candidature invalidée fin septembre au titre qu’il n’avait pas été élu chef de son parti depuis plus de 2 ans ; dans les faits, il dirige son parti depuis 7 ans, même si juridiquement, il n’est élu que depuis mai 2009. D’autres restrictions ont eu lieu entre le code électoral de 2004 et de 2009. En 2004, il fallait être membre d’une instance dirigeante pour pouvoir être candidat, en 2009, il faut être dirigeant de son parti… ce qui a permis de mettre hors course un autre opposant.
Les abus sont aussi éhontés pour les élections législatives : parmi les listes des partis d’opposition, le tiers a été invalidé sans motif par le conseil constitutionnel ; aucune explication n’a été fournie aux partis et ces listes sont les listes présentées dans les grands centres urbains tunisiens...
Pré-campagne pour Ben Ali, pressions pour les opposants
Tous les moyens sont bons pour occuper l’espace pour le pouvoir : une « pré-campagne » électorale du président Ben Ali a commencé il y a deux ans. Nombre d’associations, syndicats, médias sont pris dans cette logique. D’énormes affiches de Ben Ali sont depuis placardées dans les rues des villes, celles des opposants sont retirées aussi vite que possible. Mais cela ne suffit pas : le harcèlement des opposants est terrible (violente agression du Porte-parole du Parti communiste des ouvriers de Tunisie, Hamma Hammami à l’aéroport de Tunis le 29 septembre à son retour de France où il a donné plusieurs interviews appelant au boycott des élections ; caillassage des voitures d’une délégation du PDP (un des partis dont le candidat a été exclu de l’élection) par les militants du parti au pouvoir (RCD) à son arrivée dans un village ; …). De même, des militants ont été retenus par la police pour les empêcher d’aller à un rassemblement d’un parti de l’opposition. De façon générale, l’accès à des salles publiques ou même privées est compliquée et ne permet pas aux opposants d’organiser de réunions publiques.
Dans ce contexte, le pouvoir a accepté la candidature de « partis carton » et celle d’un « vrai » militant, M. Ahmed Brahim, du mouvement Ettajdid et candidat de l’initiative démocratique à l’élection présidentielle, une coalition. Mais les conditions de tenue de campagne ne sont pas les mêmes pour tous. Pour les partis carton, elles sont très bonnes ; en revanche il y a un risque qu’Ahmed Brahim ne puisse pas accéder aux médias télé et radio durant la campagne. Des restrictions et règles très strictes existent en la matière, qui ne figurent pourtant pas dans le code électoral …
Administration partisane, pressions sur la population
Du côté de la préparation du vote, l’administration est aussi toute puissante ce qui rend la situation dramatique : le ratio nombre de bureaux de vote / habitant en Tunisie serait le plus élevé au monde (trois fois moins d’électeurs par bureau que dans la moyenne mondiale), ainsi les capacités des partis d’opposition d’observer ce qui s’y passe sont réduites ; l’inscription sur les listes électorales est très difficile, à moins de le faire en passant le RCD, parti au pouvoir, certaines personnes critiques à l’égard du régime se voient refuser la carte d’électeur ; le « guide du président du bureau de vote » précise qu’une personne peut passer par l’isoloir « si elle le désire » - ce qui ressemble bien à une intimidation. Le délit de falsification électorale n’existe pas et le dépouillement n’est dans les faits jamais public. Côté contestation des élections, le délai est de 48 heures, difficile de vérifier en si peu de temps !
Dans ce contexte, les élections à venir ont tout d’une mascarade. Alors, certains partis d’opposition appellent au boycott. Mais tous ne sont pas unanimes : amener les partis à appeler au boycott ne serait-elle pas une stratégie de la part du gouvernement lui-même, afin de les affaiblir, dans un contexte où la participation aux élections est de toutes façons faible ? La vie politique en Tunisie est réduite à néant, du fait de la restriction totale des libertés et du travail de sape de l’opposition par le gouvernement et l’administration, une opposition relativement divisée et ayant du mal à se réunir, encore plus à s’unir, une opposition invisibilisée.
Le gouvernement français cynique
La France entretient des relations très proches avec la Tunisie, c’était le cas sous Chirac et c’est d’autant plus le cas avec Sarkozy. Les nouveautés de ces deux dernières années sont le renforcement de la coopération militaire, notamment par l’ouverture d’un nouveau centre de formation, la signature de contrats pour Airbus et Alstom (livraison d’une dizaine d’avions, construction d’une centrale thermique), la prévision de la construction d’une centrale nucléaire d’ici 2020. Autant de contrats juteux, qui vont de pair avec une aide liée aux PME tunisienne et avec l’accord de mise en oeuvre d’une gestion maîtrisée des flux migratoires. Tout ces éléments permettent de mieux appréhender la déclaration cynique de Sarkozy d’avril 2008, « la Tunisie a fait le choix volontaire de la démocratie », la France n’a donc pas à « donner de leçons » (voir article du 29 avril 2008, Hanan Ben Rhouma, Afrik.com. Il est donc évident que la France ne va pas se positionner sur les élections prochaines, comme à son habitude.
Tunisiennes, Tunisiens,
J’ai l’honneur de me présenter à vous en tant que candidat aux élections présidentielles, d’une opposition claire, ferme, audacieuse, et responsable. Je me présente à vous avec la ferme volonté de donner à ces élections présidentielles une portée pluraliste, dans un esprit de compétition réelle. De même, je voudrais vous soumettre un autre diagnostic des problèmes des Tunisiens pour relever les défis auxquels le pays est confronté. Je voudrais, par le dialogue avec vous, formuler des propositions et des solutions à même de répondre à votre espoir et à vos aspirations de vivre la tête haute en tant que citoyens libres dans une société juste.
Je me soumets à vos suffrages tout en étant parfaitement conscient de la difficulté des conditions dans lesquelles se déroulent les élections, des limites à la concurrence loyale et de l’absence de l’égalité des chances entre les candidats.
Je compte sur vous, sur votre soutien ferme à mes côtés, contre la conception archaïque des élections que l’on observe chez certaines forces d’arrière-garde prisonnières de l’esprit du parti unique, qui veulent vous faire croire un seul choix est possible et cherchent à faire de ces élections une copie des précédentes en les transformant en plébiscite qui justifie le statu quo.
Chers compatriotes,
La situation du pays, comme toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens ne peuvent l’ignorer, se caractérise par une accumulation de problèmes que supportent, à des degré divers , l’ensemble des catégories du peuple, à l’exception d’une minorité qui met à profit sa proximité par rapport aux centres de décision pour amasser des fortunes avec une rapidité surprenante, et cela au détriment de l’intérêt général.
Dans le même temps, la majorité des Tunisiennes et des Tunisiens vivent dans un état d’inquiétude en raison de la persistance du fléau du chômage qui frappe le tiers des jeunes, notamment les diplômés de l’enseignement supérieur en raison de l’inégalité des perspectives de développement entre les différentes régions du pays et de la chute du niveau de l’enseignement à ses différents niveaux, de la réduction des possibilités d’accès aux soins pour un nombre croissant de familles, de la faiblesse des mesures prises pour la lutte contre la pauvreté, de la détérioration du pouvoir d’achat pour la population à revenus modestes, de l’absence d’un régime fiscal juste en faveur des salariés, des artisans et des petites et moyennes entreprises, de la dégradation des services de transport public, etc. S’ajoute à cela la préoccupation légitime devant la précarité du travail, qui se manifeste par l’accroissement du recours à la sous-traitance et au licenciement massif et collectif des travailleurs et d’autres problèmes qui s’accumulent, et dont la résolution nécessite des orientations autres que les orientations actuelles du pouvoir.
Tunisiennes, tunisiens,
Vous êtes en droit de vous interroger sur les raisons de la persistance des choses dans leur état et d’exprimer votre désapprobation à ce sujet, comme vous êtes fondés à demander à chaque candidat d’exprimer ses propositions en toute franchise et dans le respect de votre intelligence et de votre maturité, après que les vieilles solutions ont montré leurs limites et leur inefficacité.
En ce qui me concerne, j’ai la ferme conviction que notre pays regorge de potentialités et d’énergies à même de consolider les réalisations, de les améliorer et de relever les défis du développement global et juste dans de meilleurs conditions et avec de plus grandes chances de réussite. Cela ne sera possible que si l’on change le mode de gouvernance actuel, avec ce qui le caractérise comme pouvoir personnel et hégémonie du parti au pouvoir, sans aucune forme de contrôle, en plus des restrictions imposées aux forces vives afin de les empêcher de participer activement à la définition des choix de la nation et au contrôle de leur exécution.
I- Une approche différente face aux défis du développement économique
A part ce qu’exige le traitement des répercussions de la crise mondiale, il y a des points faibles antérieurs à cette crise dont les plus importants sont la stagnation continue de l’investissement, qui nécessite un climat susceptible à réinstaurer la confiance chez toutes les composantes du processus économique, de l’investisseur au travailleur , et ceci en garantissant la transparence totale dans les activités économiques et le respect des règles de la concurrence, sans monopole, falsification ou « interventions » , sur la base du principe que la loi est au dessus de tous , quelque soit la proximité au pouvoir.
Afin d’assurer la réussite du développement global, il est impératif de procéder à une reforme fiscale qui allège le poids des impôts sur les salariés et les revenus modestes et qui soit plus ferme à l’encontre des grandes fortunes.
Il est impérieux aussi de mettre en place une politique nouvelle d’encouragement aux agriculteurs, notamment dans le domaine de la production céréalière et des produits de base, condition nécessaire pour la réalisation de l’autosuffisance alimentaire.
J’appelle aussi à ce que l’Etat assure son rôle stratégique, notamment dans les secteurs vitaux, afin de réaliser le développement durable, la protection de l’environnement et la garantie d’un développement juste qui permette à tous de profiter de l’effort national, sans distinction ni marginalisation d’aucun citoyen ni d’aucune région. A ce propos, je propose un nouveau plan d’aménagement du territoire dont le but essentiel serait de faire sortir les régions défavorisées au sud ouest et au nord ouest du pays de leur isolement et de leur marginalisation.
II- Remédier aux problèmes sociaux dans le sens de la justice
Donner la priorité absolue à la lutte contre le chômage par l’adoption de réformes urgentes, à côté des réformes économiques afin d’augmenter la création d’emplois tout en garantissant la transparence des concours d’entrée à la fonction publique et de recrutement dans les entreprises publiques.
Dans cet ordre d’idées, il est nécessaire de mettre à niveau les bureaux de travail, par lesquels doivent transiter toutes les opérations de recrutement, et cela selon des critères justes et clairs, non sur la base d’intervention, d’allégeance ou de « pistons ».
Il est impératif que notre système d’enseignement retrouve tout son éclat, qu’il redevienne attractif pour les jeunes, les familles et les enseignants et qu’il reprenne sa mission principale qui consiste à élever le niveau scientifique des jeunes et à assurer sa fonction « d’ascenseur social » en permettant l’obtention d’un travail décent qui soit conforme aux compétences acquises et aux sacrifices consentis par l’étudiant et sa famille. Il est aussi nécessaire que l’université recouvre son autonomie et son immunité à travers une gestion démocratique où des enseignants et des étudiants élus par leurs pairs administrent l’ensemble de leurs affaires dans un climat ou les libertés académiques seront entièrement garanties.
Se pencher sérieusement sur le secteur de la santé afin de procéder à la mise à niveau des établissements publics déjà existants et de doter les régions défavorisées, principalement le sud, le nord ouest et le centre ouest, d’établissements hospitaliers régionaux dotés de tous les équipements modernes nécessaires et d’équipes médicales dans toutes les spécialités. Il est indispensable de mettre en place un système de couverture médicale à même d’assurer les soins nécessaires aux couches défavorisées..
Limiter les inégalités sociales par la dynamisation des politiques de lutte contre la pauvreté, en considérant cela comme un droit que de la société doit assurer au citoyen et non comme un don instrumentalisé par le parti au pouvoir et par l’administration à des fins clientélistes de contrôle .
Créer une caisse d’assurance contre le chômage au profit des victimes des licenciements économiques. Adopter des mesures sérieuses pour améliorer le pouvoir d’achat des faibles revenus à travers l’augmentation du SMIG, la révision de la grille d’imposition pour tous les salariés et l’augmentation des allocations familiales, dont le montant n’a pas varié depuis des décennies .
L’Etat doit assumer toutes ses responsabilités vis-à-vis de nos concitoyens résidant à l’étranger, en défendant leurs droits sociaux, politiques et culturels contre les phénomènes de racisme, en prenant en charge l’éducation de leurs enfants dans des établissements tunisiens afin de préserver leur identité nationale et garantir leur droit, en tant que citoyens tunisiens, d’être représentés au parlement .
III : Pour la réalisation d’une renaissance culturelle et civilisationelle
Mener une politique d’éradication sérieuse de l’analphabétisme et combattre le vide culturel rampant, en encourageant la créativité et les créateurs et en mettant en place un environnement libéré de toutes formes de bureaucratie et de contrôle, afin de garantir la liberté de pensée, d’expression et d’édition tout en encourageant l’effort et la créativité en matière d’art, de savoir et de science.
A cet égard, il est nécessaire d’activer la loi d’avril 1987 portant obligation à chaque responsable de déclarer tous ses biens dès sa nomination, loi restée lettre morte qui a besoin d’être appliquée et élargie aux familles des responsables et leurs proches.
IV : Réaliser une réforme politique globale, condition nécessaire pour remédier à l’ensemble des problèmes posés
Il est clair que le développement économique et social est étroitement lié au climat politique du pays. Ainsi, les réformes globales comme celles que je vous propose ne peuvent réussir que dans la mesure où certaines conditions sont réunies, tel un Etat régi par le principe de la bonne gouvernance et une atmosphère générale où le tunisien sent que le présent et l’avenir de notre pays dépend de la seule volonté des citoyens. La remise en confiance du citoyen passe inéluctablement par des décisions à même de détendre l’atmosphère générale et de rendre l’espoir à toutes et à tous, telles que la libération immédiate des prisonniers du bassin minier, la promulgation d’une Loi d’amnistie générale pour toutes les personnes qui on été jugées pour leurs opinions. Il est aussi impératif d’apporter des solutions à tous les litiges concernant l’indépendance des composantes de la société civile, notamment la Ligue tunisienne des droits de l’homme, le syndicat des journalistes et l’association des magistrats. Ceci n’est possible que si l’on procède à des réformes substantielles et globales dont :
le respect des libertés individuelles et publiques, de la liberté d’expression et d’organisation et la reconnaissance légale des partis qui en on fait la demande.
la cessation de la mainmise du parti au pouvoir sur l’appareil de l’Etat. la consécration effective de la séparation des pouvoirs par un rééquilibrage qui met fin aux pouvoirs excessifs de l’exécutif au détriment des pouvoirs législatif et judiciaire.
La garantie de l’indépendance de la justice. La libération du secteur de l’information de la mainmise de l’Etat en le transformant en un secteur public reflétant la diversité et la richesse de la société.
Chères électrices, chers électeurs.
C’est parce que je m’engage à agir en vue de concrétiser de telles réformes politiques, économiques, sociales et civilisationnelles dans les plus brefs délais que je vous invite à m’apporter votre soutien et à voter pour moi, afin que ces réformes soient le prélude clair à l’ouverture d’une nouvelle page dans l’histoire de notre peuple ; une page dont nous tracerons ensemble les lignes et dans laquelle nous inscrirons les objectifs au service du peuple et non en faveur d’une minorité de privilégiés ; des objectifs qui puissent consolider la souveraineté de notre pays, lui assurer la place qu’il mérite dans le concert des nations et lui permettre d’avoir une influence positive en faveur des causes justes, en premier rang des quelles la question de la libération nationale en Palestine et en Irak en vue de réaliser les aspirations de nos peuples pour la construction de l’unité du Maghreb sur des bases démocratiques, qui mobilisent toutes ses potentialités et respectent sa diversité, faisant de notre Maghreb une force agissante aux plans régional et mondial.
Le docteur Mustapha Ben Jaafar, fondateur et secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), l’une des personnalités les plus respectées de l’opposition tunisienne, a été écarté, dimanche 27 septembre, de la course à la présidentielle du 25 octobre, date à laquelle le président Zine El Abidine Ben Ali briguera un cinquième mandat. Le conseil constitutionnel a invalidé la candidature de M. Ben Jaafar au motif que ce médecin de 69 ans n’a pas été élu à la tête de son parti depuis plus de deux ans, comme l’exige une "loi électorale provisoire" adoptée l’année dernière.
"On joue sur les mots et on se moque des gens. Je dirige mon parti depuis sept ans. Cet habillage juridique d’une décision politique ne trompe personne", commente l’intéressé. Pour lui, la décision du conseil constitutionnel souligne "le seuil de tolérance" du pouvoir aux candidats crédibles. "Nous avons la confirmation que la loi électorale n’a pas été faite pour élargir le champ de la participation [comme annoncé officiellement] mais pour éliminer des adversaires gênants", déplore M.Ben Jaafar, tout en regrettant "cette occasion perdue" d’animer la vie politique en Tunisie et de tenter de "sortir la population de sa léthargie."
"INVALIDATION ABUSIVE"
La nouvelle loi électorale autorise les candidats à postuler à condition qu’ils soient les chefs "élus" de leurs partis politiques depuis au moins deux ans. Or Mustapha Ben Jaafar, s’il dirige le FDTL depuis 2002, année de sa légalisation, n’a réussi à organiser un congrès de son parti qu’en mai 2009.
En août, une autre figure de l’opposition tunisienne, l’avocat Néjib Chebbi, 60 ans, fondateur du Parti démocratique progressiste (PDP), avait annoncé qu’il boycotterait la présidentielle du 25 octobre, la loi électorale étant, disait-il "taillée sur mesure pour fermer la voie à toute candidature libre et priver le peuple tunisien du libre choix de ses dirigeants".
Le FDTL, comme le PDP, ont toutefois l’intention de participer aux élections législatives qui se dérouleront le même jour que la présidentielle, le 25 octobre, afin, disent-ils, de "ne pas déserter la bataille politique" et de ne pas rater l’occasion de garder le contact avec la population. Reste à savoir si, là encore, ces deux partis ne seront pas réduits à la portion congrue. Sur les huit listes électorales qu’il a jusque là présentées, le parti de Mustapha Ben Jaafar en a déjà vu quatre éliminées par les autorités tunisiennes.
Quant au parti de Néjib Chebbi, sur les vingt-six listes présentées, vingt ont été rejetées. Le PDP dénonce une "invalidation abusive" et une "atteinte aux règles du jeu politique ainsi qu’au code électoral".
Florence Beaugé
Source : Lemonde.fr du 28/09/2009
Le 10 octobre 2009, la campagne pour les élections présidentielles et législatives en Tunisie sera officiellement lancée. Comme pour les précédents scrutins, les autorités tunisiennes ont fait preuve d’inventivité pour limiter le pluralisme. La décision annoncée le 26 septembre d’invalider la candidature de Mustapha Ben Jaafar, fondateur du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) constitue la dernière illustration des multiples entraves à un déroulement démocratique du processus électoral. Elle ne fait que confirmer les conclusions d’une note publiée ce mardi 6 octobre par la FIDH, et ses organisations membres en Tunisie, la LTDH et le CNLT, sur le cadre légal de la campagne électorale.
Cette fois encore, les voix dissidentes sont systématiquement rappelées à l’ordre et le pouvoir en place n’hésite pas à recourir à tous les moyens, y compris à la violence. Ainsi dernier cas en date, le Porte-parole du Parti communiste des ouvriers de Tunisie, Hamma Hammami a été violemment agressé à l’aéroport de Tunis le 29 septembre à son retour de France où il a donné plusieurs interviews appelant au boycott des élections.
Date | Nom | Message |