3 heures pour une alternative à gauche en Auvergne (compte rendu des interventions Gauche unitaire, ATTAC, Solidaires, FSU, Appel des appels, CGT, Parti de Gauche, PCF...)

vendredi 23 octobre 2009.
 

Environ 200 personnes ont participé jeudi soir au forum social du Front de Gauche, salle l’Astragale à Cournon d’Auvergne. A la tribune, des acteurs du mouvement social et les responsable départementaux du Front de Gauche. Tour à tour, chacun a développé les différents points de vue des problèmes sociaux et politiques.

Après une introduction concrète sur la situation sociale et politique de notre camarade Gérard Bohner (GU), dans une salle comble, des acteurs du mouvement social ont analysé la situation économique, sociale et politique et ont souligné la nécessité de l’union dans le combat.

Ensuite un riche débat animé s’est instauré, présidé par notre camarade Yves Carroy, conseiller régional d’Auvergne. Chaque témoignage, analyse était très fort au moment où nous vivons une crise économique, sociale, écologique et politique sans précédente. Les interventions de la salle ont fusé durant quatre bonnes heures.

La conclusion de notre camarade Cyril Cineux (PCF) a été pertinente en évoquantla crise du système capitaliste, la montée du chômage, la riposte du mouvement social, la démarche d’union très ouverte du Front de Gauche, la défense des services publics, la ruralité, l’écologie...

A noter, la participation de plusieurs conseillers municipaux, généraux, régionales et député....

Sur ce thème, à l’initiative du front de gauche, une nombreuse assistance s’est retrouvée ce 8 octobre dans la nouvelle salle de l’Astragale à Cournon. Parmi les acteurs du mouvement social, officiellement invités, la Cgt, Solidaires, la FSU, ATTAC 63 et un représentant de « l’appel des appels » ont répondu présent et ont fait tribune au côté des responsables des partis composant le front de gauche (Parti Communiste - Parti de Gauche et Gauche Unitaire) sous la présidence de Yves CARROY.

Gérard Bonher (Gauche Unitaire) En introduisant le débat, il rappelle que la rencontre se fait en toute indépendance des organisations invitées. Le front de Gauche, en travail programmatique dans la perspective d’une liste autonome aux futures élections régionales, cherche à élargir le cercle de la réflexion et donc à être à l’écoute du mouvement social. Il souligne l’enjeu d’une gauche de gauche qui a vocation à s’élargir, si possible au NPA et aux Alter - Ekolo.

Claude Vallenet (président d’ATTAC 63), présente son association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne. Pour lui, ce que nous vivons aujourd’hui est le résultat de la démarche des principaux dirigeants de la planète, sous inspiration libérale, qui dès la fin des années 70 ont entrepris de changer les « axiomes » de fonctionnement de nos sociétés. Les nouveaux axiomes ont été résumés, en 1990, par John Williamson. Ils sont connus sous le nom des 10 commandements du consensus de Washington qui sont principalement l’austérité budgétaire avec la limitation des dépenses publiques, la réforme fiscale avec l’élargissement du nombre des contribuables, la libéralisation du commerce international, les privatisations. L’orateur énumère ensuite les pistes qui relèvent de la charte d’ATTAC qui consistent :

- instaurer des taxes globales appliquées aux transactions financières, aux bénéfices des transnationales et à la consommation d’énergie.

- s’attaquer aux paradis fiscaux

- rétablir le contrôle sur les mouvements de capitaux

- revoir les règles du commerce international

- remettre l’OMC à sa place

- créer un pôle public financier

- instaurer une fourchette des revenus, supprimer les bonus et les stock options

Pour Patrick Vellard de Solidaires, la réaffirmation de l’indépendance de sa formation syndicale vis-à-vis des politiques n’empêche pas la recherche des solidarités possibles. Il importe de construire le développement des luttes en fédérant toutes les énergies syndicales et politiques. La votation citoyenne pour la poste en est un exemple significatif qui mérite d’être prolongé. Cette mobilisation est emblématique de la nécessité de construire des luttes en fédérant tout les énergies syndicales, politiques et du mouvement social. Cela peut redonner confiance. En même temps, il faut discuter du débouché politique et ce débouché n’a un sens que si derrière il y a un mouvement social fort. Sinon la régression peut être au rendez vous. Il y a d’ailleurs besoin de s’interroger sur la nécessité d’un affrontement global avec le MEDEF et le gouvernement. Au regard des fortes mobilisations de janvier et mars 2009 la question de la stratégie syndicale se pose pour tracer la perspective d’un mouvement d’ensemble, d’une grève générale. Solidaires se revendique de la charte d’Amiens (fondatrice du syndicalisme français) et allie la défense immédiate des travailleurs au changement de société. Abordant la situation à France Telecom où des bagarres très importantes ont eu lieu suite à l’émoi soulevé par la vague de suicides, il souligne que les salariés de cette entreprise ont réappris l’action collective. Il conclut son propos en indiquant que l’unité est un moyen indispensable pour gagner.

Claude Delettant pour la FSU considère que le mouvement syndical ne doit pas avoir peur du débat avec le mouvement politique, d’autant que l’heure est à la mobilisation. La FSU comme organisation syndicale de la fonction publique s’est retrouvée en combat contre les différents gouvernements qui ont beaucoup de mépris pour les fonctionnaires. Mais ce combat est aussi affaire d’intérêt général ; Dans le domaine de l’éducation c’est la lutte contre les inégalités et contre l’échec scolaire qui est au centre de la confrontation alors que l’Europe tire tout vers le bas. En réponse le gouvernement n’apporte que des solutions démagogiques qui renvoient la responsabilité sur l’individu et conduisent à supprimer 16 000 postes. Il y a besoin de renouveler notre façon de penser pour consolider nos principes. Par exemple construire des mobilisations nationales sur de grands sujets. La retraite en est un et la vraie réponse réside dans une redistribution des richesses produites. C’est aussi le cas des services publics : Le gouvernement a entrepris le « détricotage » de l’héritage du Conseil national de la résistance alors qu’il y a besoin de renforcer les services publics existants pour les rendre accessibles à tous, mais aussi d’en créer de nouveaux comme dans le secteur bancaire ou celui de l’eau.

Représentant local pour « l’appel des appels » Guy Dumoulin donne une définition de ce rassemblement d’une trentaine de pétitions et protestations en un collectif national convergent sur un même texte. Il s’agit d’une insurrection des consciences pour refuser de nouveaux dispositifs de servitude et d’alerter sur les conséquences sociales dans de nombreux milieux comme la recherche, l’université, la santé, la justice, l’audio visuel public, la culture et tous secteurs dédiés au bien public. Face à une idéologie oppressive qui promeut le culte de l’argent et la peur de l’autre, face à la souffrance sociale que cette idéologie génère, La charte adoptée en début d’année affirme la nécessité de se réapproprier une liberté de parole et de pensée bafouée par une société du mépris.

Au nom de l’UD CGT, François Thiery Cherrier, tout en rappelant l’indépendance de la CGT, estime qu’il y a des intérêts communs entre organisations politiques et syndicales en même temps que de lourdes responsabilités : Face à la crise, éclairer sur les causes pour mobiliser sur des solutions alternatives. Les causes de la crise sont à rechercher dans les mécanismes du système lui-même et en revendiquant on contribue à dégager des issues. Il ne s’agit pas d’intérêts partisans mais bien de remettre du collectif, de la norme, dans la société notamment dans les entreprises. Le code du travail fait parti de ces normes indispensables. L’orateur aborde les dures conditions de souffrance des salariés dans toutes les entreprises, conduisant au suicide et pas seulement à France Telecom. Concernant le mouvement social en cours il n’est pas mort mais rencontre des problèmes. Ils sont dus pour partie à la difficulté d’établir un relais entre les séquences fortes nationales et les luttes dans les entreprises. Il importe de bien prendre en compte les difficultés financières des salariés avant de donner des leçons aux organisations syndicales, comme le font certains. Il déplore la critique faite à l’égard de la CGT qui aurait « freiné » le mouvement. L’action pour la Poste dépasse toutes les espérances : le nombre de votes recueillis en une semaine montre un potentiel formidable qui ouvre des portes pour d’autres combats. Il indique que les organisations syndicales peuvent travailler avec les élus, comme cela s’est fait à Ambert avec A. CHASSAIGNE sur l’éla boration d’une loi sur le médicament. La CGT n’entend pas déléguer le rôle des syndicats aux partis politiques. Elle est prête au débat sur les enjeux mais dans le respect des uns et des autres, sans chercher à se faire du mal mutuellement. Dans ce cadre, il est envisageable des cycles de rencontre et de travail sur différents thèmes. L’organisation syndicale n’a pas vocation à gouverner, mais elle sera l’aiguillon y compris de la gauche.

Les interventions dans la salle viennent ajouter témoignages, réflexions et propositions pour avancer. La situation sociale est largement évoquée avec son lot de grande souffrance souligné par de nombreux intervenants, pour les privés d’emploi, les précaires, les handicapés. Comment la jeunesse, dont 25 % est au chômage, pourrait-elle croire à la politique ? Les hommes politiques devraient regarder la désespérance annonce la secrétaire de l’UL Cgt de Clermont.

Patricia Guilhot (Vice-Pdte du Conseil général du Puy-de-Dôme, Parti de Gauche) lance un cri d’alarme sur la situation faite aux privés d’emploi au travers de la réforme ANPE et ASSEDIC dans Pôle emploi. Elle invite à trouver des formes pour que les chômeurs puissent avoir le droit et les moyens de s’exprimer. Une militante CGT Impôts montre comment le gouvernement, au nom du déficit budgétaire, casse les acquis sociaux et les services publics. Elle dénonce un Etat au service des intérêts privés quand direction des impôts et MEDEF sont en négociation au jour le jour. Pendant ce temps le projet de loi de finance supprime la ½ part accordée aux veufs et veuves, ce qui pourrait coûter très cher à bien des personnes âgées aujourd’hui non imposables. Concernant l’éducation, la dégradation de l’école ne vient pas que des suppressions de postes mais pour une bonne part des valeurs du libéralisme qu’on y fait entrer. D’un outil au service du peuple l’école, devient le service d’employabilité de la société libérale. La laïcité est d’autre part largement mise en cause.

La situation et les comportements politiques sont aussi largement traités : Un paysage politique pas génial et une représentation pitoyable, objet de désespérance pour les salariés selon Martine Deniau de Sud PTT. Pour elle, les organisations font souvent passer leur « pré carré » avant leurs valeurs. Elle invite à recréer du lien social alors que les collectifs de travail ont été déstructurés. La votation pour la poste est exemplaire de la possibilité de recréer des liens au niveau du monde salarié. Il faut voir comment des citoyens se sont emparés du sujet souvent à titre individuel ! Nous avons besoin d’espaces de débat sur bien des thèmes, dit-elle. Pour un universitaire, c’est la défection à gauche qui a conduit Sarkozy au pouvoir : Pas de véritable adversaire politique, pas d’alternative politique, abstention montante dans les milieux populaires, trop de compromissions et de recherche du pouvoir. D’où le besoin d’une alternative sans compromission avec ceux avec lesquels on ne peut pas s’entendre. On ne convaincra pas en présentant des programmes qui ne sont pas clairs. Ce sujet est de nouveau évoqué : « le programme est important mais pour redonner confiance au peuple il faut éclaircir la question des alliances ». C’est ce que reprend Yves Guedon, des Alter Ekolo avec le besoin de solidariser le Front de Gauche et de l’élargir dans la clarté. Il propose de redéployer 10 % du budget de la région au profit du social et de l’environnement. Un retraité dénonce les élus locaux, souvent de gauche, qui ont été les premiers à privatiser des services publics comme celui de l’eau. Un militant du NPA considère qu’on a besoin de tout le monde pour avancer y compris du NPA, et que cette idée fait son chemin dans son organisation.

Des pistes pour avancer : On a un rôle imminent à jouer pour mener un débat de fond sur la faillite du capitalisme, souligne un responsable de Sud PTT qui poursuit en indiquant qu’il faut recréer des liens de solidarité, des espaces de débat avec les organisations syndicales, politiques, le tissu associatif, créer des collectifs citoyens sur tous les thèmes, pas seulement les services publics. Sur la démarche d’élaboration du programme, Bernard Dantal, élu communiste, souligne le besoin incontournable de démocratie. De même la mise en œuvre de nos objectifs communs ne se fera pas sans droits nouveaux pour les salariés, sans prendre du pouvoir dans les entreprises. André Chassaigne appuie cette idée d’associer en permanence la population à ce qu’on veut construire : les citoyens doivent être partie prenante. Dans ce cadre le syndicalisme peut en toute indépendance exercer sa citoyenneté. Pour lui face à un gouvernement qui inscrit son opération de démolition dans la moindre petite loi, on ne doit pas être timide dans la mise en cause du capitalisme. Il faut construire en vérifiant constamment qu’on bouscule le système et qu’on ne l’accompagne pas. Rappelant que la gauche a une grande responsabilité dans ce qui s’est passé Guy, Dumoulin se félicite qu’on puisse débattre ensemble et revient dans ses conclusions sur la pratique de la démocratie pour redonner confiance au peuple.

Cyril Cineux, PCF Le mot de la fin appartient à Cyril CINEUX qui qualifie ce moment « d’historique ». Il voit dans le besoin de « travailler ensemble » des aspirations communes au niveau syndical et politique, notamment sur les thèmes de l’emploi, de la formation, de la démocratie. La question du rassemblement politique et syndical est au cœur de nos difficultés et c’est une arme pour la droite quand on est divisé. Il y a besoin d’un mouvement social fort et il y a besoin d’un débouché politique. il faut poursuivre de tels débats sur des thèmes qui permettront de construire le projet politique de gauche. Le Front de Gauche tente de poursuivre ce qu’il a fait aux Européennes, on veut l’amplifier et c’est pourquoi il est ouvert à tous ceux qui veulent nous rejoindre, aux partis, aux associations, mais aussi aux citoyens à titre individuel. Dans le cadre des perspectives de lutte, il ne faut pas « jouer petits bras », il faut mettre en cause le capitalisme . « Il faut ouvrir une perspective politique pour monter à l’assaut du ciel ».


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