Carnet de campagne à Clermont-Ferrand et Chateldon

mercredi 10 mars 2010.
 

SALUT LES MARTIENS !

Je suis arrivé en train en Auvergne. François Delapierre a accepté de faire le voyage avec moi pour arbitrer les mille problèmes dont il a la charge dans sa fonction de délégué général du Parti de Gauche. Car nous n’avons plus le temps de nous parler tranquillement : je cours le pays, il court l’Essonne dont il est la tête de liste pour le Front de Gauche. Et comme il exerce aussi son métier, sa compagne faisant de même et leur toute petite fille s’installant amplement dans leur vie, c’est la cavalcade. Banal me direz-vous on en est tous là. Mais cela me permet de rappeler ce qu’est la « direction » de notre parti. J’y mets des guillemets parce que le terme est employé parfois ici et là parmi ceux qui s’adressent à nous, et parfois même de l’intérieur de notre propre organisation, avec cet air si spécial que l’on prend pour s’adresser à des gens qui seraient épargnés et hors du commun de la vie des autres alors même qu’ils en subissent toutes les contraintes plus celles qu’ils se sont imposés en acceptant ces taches. Il ne se trouve en effet aucun permanent. Pas même moi, si l’on veut bien se souvenir que j’ai à effectuer mon mandat de député, et de même pour Marc Dolez et Martine billard qui siègent au secrétariat du parti. Toutes nos têtes de liste, sans exception, tous nos candidats de même, tous exercent un métier. Tous. Dans le train nous faisons route avec une équipe de TF1 qui fait un reportage sur ma campagne. Ils auraient dû venir mercredi en Languedoc. Finalement ce sera l’auvergne. On n’a rien changé pour eux. Car ils pouvaient encore modifier le rendez vous. Dans le train, les gens nous regardent comme si nous étions des martiens avec cette caméra qui nous suit. Peut-être le sommes-nous, finalement.

OU SONT PASSES LES BIB’S ?

Sur place, voici les camarades. Zut ! On s’est trompé de porte de sortie. Ca cafouille. Mais, bon, deux voitures et zou ! On démarre pour aller faire la sortie de l’usine Michelin. Misère, un petit jet d’à peine trois cent personnes en comptant large, sort de là ! Les gens sont crevés. C’est l’équipe qui a pris à cinq heures du matin. J’ai presque honte d’arrêter ceux qui passent. Pourtant il y a des sourires et des connivences. Une femme s’arrête pour m’encourager. Le monde à l’envers ! La discussion avec les gars de la CGT qui tractent sur les retraites avant de partir permet de comprendre comment on en est arrivé à ce petit flux anémique d’ouvriers qui sortent ! Délocalisations comme d’habitude. Vers la Serbie, la Chine et ainsi de suite. Le crime économique et humain continue. Bien sûr les puissants invoquent tous les boniments que nous connaissons par cœur pour expliquer qu’ils n’ont pas les moyens de faire autrement et bla bla. Moi je vois surtout que le retour en arrière, la relocalisation, pour des productions dont la vente est mondialisée, cela va être particulièrement difficile si l’on reste dans le système des frontières ouvertes ! Les ouvriers avec qui je bavarde m’expliquent que la formation de leurs concurrents est désormais au niveau de la leur et que donc l’avantage comparatif de la qualification ne fonctionne plus dans ces conditions. On se tait pour 050320102998méditer la mauvaise nouvelle et tacher de trouver la parade. Il fait froid. Pas de buée à la bouche mais bien frais. Ca me perce le dos. Comme c’est par là que je m’enrhume à part les pieds qui sont déjà tous glacés, il est temps de lever le camp. D’ailleurs la sortie est finie. On remballe le matériel. Delapierre court prendre son train de retour. Moi je fonce pour le rendez vous discret du midi, avec un éminent dirigeant syndicaliste du secteur. En fait on est dix à table et je me demande de quelle discrétion il est question. En route !

LA POSTE ET LES GENS

A Chateldon on a mis les petits plats dans les grands. Les élus locaux en écharpe, les maires de trois communes environnantes et une cinquantaine de citoyens m’attendent. On dit deux mots à l’intérieur de la mairie et on se met en mouvement vers la poste à…. cinquante mètres. C’est elle qui est menacée de fermeture. Les gens ne décolèrent pas de ça. Et notamment les plus âgés pour toutes les raisons qu’on devine si bien. Que faire, où aller quand tout ça aura disparu ? Devant la poste, le maire de Chateldon, Tony Bernard fait son discours. Ce gars a une pêche d’enfer. Comment fait-il ? Les gens autour sont petit à petit bleus de froid. Et moi tout pareil ! Quand vient mon tour de parler je propose de dire mon mot à l’intérieur de la mairie et je suis bien applaudi ! Là, devant la grande table qui garnit la pièce, sous le regard protecteur d’un formidable buste de Marianne, je dis ce que j’ai à dire. Cette Marianne fut sculptée sur le modèle de la femme du garde champêtre du temps où le maire était le premier député socialiste du département. Telle est la merveille de notre pays qui ne se contente pas d’être beau à pleurer mais qui vit et palpite comme un oiseau sous chaque repli du terrain. Bien sûr je peine tout le temps à lutter contre la somnolence ensuite dans les transbordements en voiture après que j’ai réécrit mon discours dans le bureau du maire. Mais ces images me restent à l’esprit. Le soir venu, l’accent glissé d’André Chassaigne sonne comme une musique qui résume le jour qui vient de passer.


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