Jean-Luc Mélenchon rejette l’idée de primaires à gauche (interview dans Le Monde)

mercredi 2 septembre 2009.
 

La proposition d’une alliance PS-Verts-MoDem faite par Vincent Peillon a provoqué de vives réactions à la gauche du PS. Du NPA au PCF, en passant par le Parti de gauche, la condamnation est unanime. Pas question de faire un pacte avec le centre affirment-ils. Ni de répondre à l’appel des primaires. Alors que la fondation Terra Nova publie dans Libération de mercredi 26 août un appel en ce sens, Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche réagit.

Que pensez-vous de la proposition de nouvelle alliance PS-Verts-MoDem de Vincent Peillon ?

Elle est caractéristique du niveau misérable du débat à gauche en France. Le Parti socialiste est dans un processus d’effondrement opportuniste. Je ne prendrai qu’un exemple, l’élection partielle d’Aix-en-Provence : au premier tour, le PS était allié à une formation centriste qui s’était intitulée Que la droite se lève ; et au second tour, il a été rejoint par une liste UMP dissidente !

Le débat sur l’alliance PS-Verts-MoDem ne se fait sur aucun thème concret ; il est uniquement question de combinaisons politiciennes. J’interpelle tous ces gens : qu’est-ce qu’ils pensent de mes propositions comme le retour à la retraite à 60 ans, la fixation d’un salaire maximum, l’élévation du salaire minimum ? Quelle est leur opinion sur une loi sur la souveraineté industrielle ? Que disent-ils de la relocalisation des entreprises ou de la réduction du commerce international ?

L’université d’été de La Rochelle s’ouvre, alors que de plus en plus de responsables socialistes poussent à l’organisation de primaires à gauche. Y êtes-vous favorable ?

Les socialistes m’ont invité à La Rochelle et ont voulu m’associer dans un débat sur leur projet de maison commune. C’est un débat truqué, car ils en ont exclu le NPA. Leur maison commune, ce n’est pas l’union des gauches sans exclusive. Je n’y participerai donc pas. C’est inacceptable qu’on fasse les yeux doux sans condition au MoDem et qu’on multiplie les contrôles d’identité à l’égard du NPA. Le vrai rendez-vous de la gauche, pour moi, ce sera le débat de la Fête de L’Humanité.

Et les primaires à gauche ?

S’il s’agit de désigner le candidat du PS, cela ne me concerne pas ! Si c’est pour régler le problème de la diversité à gauche par un système de primaires, les socialistes ne se rendent même plus compte de l’énormité de leur prétention ! Une élection se gagne par des dynamiques, pas par des procédés administratifs. Pas question qu’une toute petite partie de l’opinion fixe le plus petit commun dénominateur des forces de gauche avant même qu’ait commencé une campagne contre la droite. On a vu le résultat tragique de cette méthode en Italie : toute la gauche officielle a rendu les armes au centre gauche, qui les a rendues à la droite. Résultat, il n’y a plus un élu de gauche au Parlement. Le but des socialistes, c’est de niveler autour d’eux ; le nôtre, c’est d’additionner.

La seule raison de cette mascarade, ce sont les scènes de ménage du PS dans lesquelles toute la gauche est prise en otage. Je l’ai aussi quitté pour ne plus avoir à participer à cet abaissement de la politique.

Les régionales se préparent. La gauche semble y aller divisée...

Le PS appelle à un rassemblement au premier tour et cherche à imposer une stratégie d’alliance avec le MoDem, alors que toute l’autre gauche n’en veut pas. Il va donc devoir choisir. C’est l’alliance à gauche ou avec le centre, mais ce ne sera pas à la carte.

Moi je pense qu’il faut que l’autre gauche - le PCF, le Parti de gauche, le NPA - se présente de manière autonome au premier tour pour une alternative de gestion régionale. C’est ce que nous proposons avec le Front de gauche. Au second tour, naturellement, les uns doivent se désister pour les autres : les socialistes pour nous quand nous serons en tête et vice versa. Il faudra alors faire des fusions techniques. La question de la participation aux exécutifs régionaux n’est pas réglée mais ce n’est pas un préalable. L’appréciation du PCF n’est pas la même que celle du NPA, il va falloir trouver de quelle façon rapprocher les points de vue. Mais l’expérience des européennes devrait faire réfléchir tout le monde : malheur à celui qui rend l’union impossible avec des prétextes !


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