Les catholiques de France, une population vieillissante (article du Monde)

mardi 18 août 2009.
 

Si le catholicisme reste la principale religion en France, son déclin commencé depuis le début des années 1970 continue et touche toutes les couches sociales et toutes les régions. Ce recul, qui n’affecte pas les autres confessions, se fait essentiellement au profit des « sans-religion », selon la synthèse de l’enquête de l’institut de sondages d’opinion IFOP, rendue publique le 15 août.

L’institut a compulsé les sondages, effectués depuis 2005, dans lesquels la question de la « proximité religieuse » était posée, et analysé l’évolution de l’audience du catholicisme et de son profil sociologique et politique. Cette rétrospective éclaire les évolutions jusqu’ici ponctuellement constatées. Ainsi, si 64 % des Français se déclarent catholiques - 28 % se disent « sans religion » -, cette communauté religieuse s’affaiblit depuis quarante ans, quels que soient les évolutions théologiques et les papes qui les portent.

Après une chute brutale à partir de 1972, qui voit la proportion des catholiques passer de 87 % à 76 % en quatre ans, puis une relative stabilisation durant dix ans, le mouvement de baisse reprend dès 1987, relativisant l’impact du pontificat de Jean Paul II, note l’étude. Ce déclin est particulièrement marqué parmi les catholiques pratiquants, ceux qui déclarent se rendre à la messe tous les dimanches, les « messalisants », comme les appelle l’IFOP : ils passent de 20 % en 1972 à 14 % en 1978, année de l’élection de Jean Paul II, à 4,5 % aujourd’hui.

Cette érosion paraît trouver une de ses causes dans la pyramide des âges de la communauté catholique et sa composition sociologique. Seulement 23 % des Français se reconnaissant comme catholiques ont moins de 35 ans, contre 30 % dans la population française. Inversement, les plus de 50 ans représentent 50 % de l’échantillon, contre 42 % dans la population totale. Pour le noyau dur, les pratiquants, la différence est encore plus marquée : 65 % ont plus de 50 ans.

Les catholiques sont aussi plus souvent des femmes - différence sexuée qui affecte encore plus ceux qui vont à la messe -, et pour beaucoup, des retraités (25 % chez les croyants, mais 46 % chez les pratiquants). La note souligne que les catholiques sont sous-représentés dans les catégories populaires (ouvriers et employés) puisqu’elles constituent seulement 23 % des croyants (et 18 % des pratiquants), contre 32 % des Français.

La géographie du catholicisme a aussi évolué avec le déclin de son influence. La France catholique a gardé ses grands bastions : les départements les plus christianisés se trouvent à l’Est (Lorraine, Alsace, Franche-Comté), dans l’Ouest intérieur (de la Manche aux Deux-Sèvres et la Vendée), dans le sud du Massif Central (Cantal, Haute-Loire, Lozère) et dans les Pyrénées-Atlantiques.

Mais la carte des zones à forte pratique religieuse a, elle, beaucoup changé. Ainsi à l’Est, dans la Meurthe-et-Moselle et les Vosges, la pratique religieuse marque le pas. Idem dans le cœur de la tradition catholique, la Bretagne : les Côtes-d’Armor, le Finistère et la Loire-Atlantique s’éloignent du catholicisme. A l’inverse, dans un bassin parisien, où la religion catholique avait peu d’influence, les pratiquants ont gagné du terrain dans les départements aisés, les Yvelines, les Hauts-de-Seine et Paris.

La carte du catholicisme a toujours recoupé la géographie du vote de droite. Cette évolution semble s’être renforcée ces dernières années. Ce tropisme conservateur se traduit par une proximité pour les partis de droite plus marquée que chez l’ensemble des Français : 30,6 % se sentent proches de l’UMP (39 % chez les pratiquants), contre 25 % des Français. Au sein de la famille conservatrice, la droite souverainiste et l’extrême droite bénéficient d’une prime, souligne l’étude de l’IFOP : FN et MPF (de Villiers) confondus emportent 11,8 % de leur préférence (13, 8 % chez les « messalisants »), contre 10,3 % pour l’ensemble des Français.

La proportion des catholiques pratiquants dans l’électorat FN s’est notablement renforcée. Alors que la « droite catho » fut longtemps un des segments de l’électorat le plus réfractaire aux discours d’extrême droite, elle a amorcé un virage en 2002. « L’électorat catholique vieillit, se droitise et se radicalise », souligne Jérôme Fourquet, directeur adjoint de l’IFOP.

Et si la mutation de l’UDF en MoDem n’a pas entraîné de désaffection de l’électorat centriste (12,9 % des pratiquants lui conservent ses voix), la proportion des voix de gauche, en revanche, est en recul : l’électorat des « cathos de gauche » pèse dorénavant 21 %, soit 15 points de moins que la moyenne nationale. « L’orientation à droite a tendance à se renforcer », conclut M. Fourquet.

Méthodologie

Les données présentées proviennent d’enquêtes historiques de l’IFOP et d’un cumul réalisé à partir d’enquêtes sur la période 2005-2009. 135 enquêtes ont été effectuées auprès d’échantillons nationaux représentatifs de 960 personnes, selon la méthode des quotas.

ZAPPI Sylvia


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