France Telecom : 20 suicides depuis février 2008, 4 suicides et 2 tentatives depuis la mi-juillet 2009 ; ça suffit

samedi 15 août 2009.
 

1) Lettre des organisations syndicales CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO, SUD au président de France Télécom (avant le dernier suicide)

2) Nouveau suicide chez France Telecom : à Besançon

3) Lettre ouverte au président de France Telecom (à signer massivement)

4) Communiqué de l’Observatoire du stress

1) Lettre des organisations syndicales CFDT, CFTC, CGC, CGT, FO, SUD au président de France Télécom avant le dernier suicide

Les fédérations syndicales se sont réunies le 4 août et ont décidé de faire une lettre ouverte au Pdg, communiquée à la presse. Elles souhaitent faire du 10 septembre un moment d’interpellation de la direction.

Paris le 04 août 2009

Monsieur le Président,

L’actualité est à nouveau marquée par des drames au sein de l’entreprise, trois nouveaux suicides sont intervenus depuis la mi-juillet.

La lettre laissée par notre collègue de l’UPR SE à Marseille met à nouveau en cause la politique de management de la direction de France Télécom. Une enquête du CHSCTest en cours et devra déterminer les circonstances qui ont mené ce collègue à ce geste désespéré.

Depuis des mois les organisations syndicales vous sollicitent pour aborder les sujets des risques psychosociaux et le risque suicidaire.

Alors que vous refusez systématiquement d’entendreles propositions des or- ganisations syndicales tant au CNSHSCT qu’à la commission stress, il est inadmissible que vous vous serviez de ces instan- ces comme alibi pour occulter la responsabilité pleine et entièrede l’employeur vis à vis de la santé de son personnel.

Les causes de la souffrance au travail sont identifiées et les rapports de la médecine du travail en attestent : intensification du travail, suppressions d’emplois, fermetures de services et déplacements de salariés, changements de métier, mobilités contraintes, pressions sur les départs, absence de formation, de reconnaissance, perte d’identité de nombreux métiers, management par l’intimidation, la menace, perte de l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle...

Il est urgent d’y mettre un terme et que l’entreprise prenne enfin en considération autrechose que la seule ren- tabilité financière de court terme dans ses choix de gestion. Les salariés ont besoin d’actes concrets et de reconnaissance. C’est, possible ! D’après votre présentation des résultats du 1er semestre, la santé de l’entreprise est bonne.

Celle des actionnaires l’est assurément ! Quid de celle des salariés ?

Nous vous demandons :

- De montrer clairement aux salariés que vous êtes déterminé à chasser la souffrance au travail de notre entreprise et que c’est désormais une priorité du Comex, en cohérence avec l’engagement de Politique Santé qui date déjà de 2005.

- D’assurer sans délai votre obligation en tant qu’employeur : protéger la santé physique et mentale des salarié

- De répondre enfin favorablement àla demande de négociations dès la rentrée pour la déclinaison dans le groupe des dispositions de l’accord interprofessionnel sur le stress intégrant les questions d’organisation et de conditions de travail, de méthode de mana- gement...

- D’inscrire à l’ordre du jour du CNSHSCTdu 10 septembre la question des suicides à France Télécom

- De prendre en compte ces évènements dans la futureintervention de l’ANACT

Veuillez agrééer, Monsieur le Présient, l’assurance de notre considération

Pour la CFDT, Catherine Borel

Pour la CFTC, Patrice Diochet

Pour la CGC, Pierre Morville

Pour la CGT, Joëlle Roeye

Pour FO, Damien Crespo ;

Pour SUD, Patrick Ackermann

Paris le 04 août 2009

2) Nouveau suicide chez France Telecom : à Besançon

Source : http://www.lexpress.fr

Les syndicats de France Télécom s’alarment d’un nouveau suicide dans le groupe. Ils réclament à la direction des actes forts pour protéger la santé physique et mentale des employés.

Un jeune technicien travaillant à Besançon a mis fin à ses jours lundi, ce qui porte à vingt, selon les syndicats, le nombre de suicides au sein de l’entreprise depuis février 2008, date à laquelle ils ont décidé d’en tenir le décompte.

"Rien que depuis la mi-juillet, on en est à quatre suicides et deux tentatives. Il faut absolument réagir", dit Patrick Ackermann, délégué syndical Sud-PTT.

Pour la CFDT, le lien entre les conditions de travail et les suicides sont "très délicats à démontrer" ce qui impose de "prendre du recul et d’analyser collectivement les causes de ce phénomène".

Mais, "une chose est sûre, France Télécom a fortement mis l’accélérateur sur les réorganisations et cela se fait souvent avant ou pendant l’été. Les salariés peuvent se sentir seuls et isolés", explique Laurent Riche, délégué syndical CFDT.

"France Télécom se targue de ne pas faire de plans sociaux mais il ne fait pas tellement mieux en créant des situations difficiles pour ses salariés. Sans accompagnement, on leur dit qu’ils gardent leur travail mais que ce sera désormais à 150 km de leur domicile", explique-t-il.

A Besançon, une centaine d’employés de l’unité où travaillait le jeune technicien qui s’est tué ont débrayé mercredi matin à l’appel de la CGT et de Sud, a-t-on appris de sources syndicales.

"MANAGEMENT PAR LA TERREUR"

Mi-juillet, un salarié de France Télécom à Marseille s’est suicidé en laissant une lettre dans laquelle il dénonce ses conditions de travail et un "management par la terreur".

Après l’annonce de ce suicide, les six syndicats de France Télécom ont écrit début août au P-DG du groupe, Didier Lombard, pour "que l’entreprise prenne enfin en considération autre chose que la seule rentabilité financière de court terme dans ses choix de gestion".

Interrogé par Reuters, un porte-parole de France Télécom a fait part mercredi de l’émotion du groupe "par rapport à une situation personnelle dramatique" à Besançon.

"Les salariés les plus proches et les managers de ce jeune homme avaient décelé son mal-être et alerté la médecine du travail et l’assistante sociale", a-t-il précisé.

Dans un groupe employant plus de 100.000 personnes en France, France Télécom "n’a pas attendu les derniers événements dramatiques pour mettre en place des actions pour s’attaquer aux risques psycho-sociaux", ajoute-t-il.

Il cite entre autres la mise en place d’une "commission stress" dans le groupe et le lancement imminent d’une enquête sur les risques psycho-sociaux en collaboration avec l’Association nationale d’amélioration des conditions de travail (ANACT).

Les syndicats réclament l’ouverture de négociations globales sur les conditions de travail et demandent que la question des suicides soit inscrite à l’ordre du jour de la réunion du comité national d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, prévue le 10 septembre.

(Reuters/Eric Gaillard)

3) Lettre ouverte au président de France Telecom (à signer massivement)

Monsieur le président de France Télécom,

Dans la nuit du 13 au 14 juillet notre collègue Michel D. s’est donné la mort. Dans la lettre qu’il a laissée, il identifie clairement, incontestablement, sa situation professionnelle comme la seule et unique cause de cet acte définitif.

Le discours « rodé » de l’entreprise sera probablement, une fois de plus de dire qu’un suicide n’est jamais un acte simple, que les causes en sont multiples, laissant par là entendre que la personne était peut-être « fragile ».

Hormis le fait que cette vision des choses est une manière assez lâche de fuir et de nier ses responsabilités, dans le cas présent, en contestant ses derniers écrits, elle serait une insulte à la mémoire de notre collègue et à la douleur de sa famille. Monsieur le Président, cette mort est la conséquence directe de la politique RH menée par FT.

Les réorganisations, les restructurations, les externalisations, les concentrations, permanentes, sans lisibilité, sans justifications autres que l’éculé « il faut savoir s’adapter », la casse des cohésions professionnelles, la perte de confiance dans la pérennité de son emploi, de son métier, de son site de travail, les menaces à peine voilées de délocalisation, la marginalisation, la culpabilisation de ceux qui n’y arrivent plus, tout ce climat malsain crée une angoisse profonde qui met gravement en danger la santé morale des femmes et des hommes de FT, de ce matériel humain dont vous êtes responsable.

Monsieur le Président il est extrêmement urgent de revoir cette politique, un de vos prédécesseurs avait brandi le concept « client au cœur, personnel au centre ». Il est grand temps de mettre de la réalité derrière ce slogan. Monsieur le Président, relâchez la pression sur le personnel, redonnez du sens, de la lisibilité, cessez cette agitation permanente que vous appelez pompeusement du nom d’évolution.

Monsieur le Président vous avez à cœur de donner à l’extérieur une image positive de FT, il serait dramatique que cette « belle image » ne soit périodiquement ternie par le décès d’un de vos collaborateurs. Monsieur le Président, demain matin nous reprendrons le chemin du travail, ce sera sans Michel D.

Les collègues et amis de Michel D. ont décidé de faire une lettre ouverte à Didier Lombard, Pdg de France Télécom. Elle a été signée par les secrétaires des deux CHSCT de l’UPR Sud-Est. Celle-ci a déjà été diffusée, photocopiée, pétitionnée, envoyée par mail à qui de droit.

Pour signer : http://lettreaupdg.rezisti.org/

4) Un nouveau suicide à France Télécom

Communiqué de l’Observatoire du stress

Dans la nuit du 13 au 14 juillet, un nouveau collègue technicien de 51 ans s’est donné la mort à Marseille. Emotion, colère, incompréhension parmi les collègues et les amis. Il faut arrêter cette « machine à broyer » !

Aucune ambiguïté ne peut être attribuée à son geste, il avait en effet adressé à ses collègues et aux délégués du personnel une lettre accusatrice : c’est bien le travail à France Télécom qui l’a conduit à cette issue fatale.

Ce suicide intervient quelques semaines après que les élus du Comité d’établissement de la région de Lyon (Centre-Est) avaient tenu une conférence de presse sur la souffrance au travail. Pas moins de trois tentatives de suicides avaient eu lieu dans le mois de juin.

Quelques semaines encore auparavant, c’était une cadre de 42 ans de la division « Entreprise » à Paris, puis un technicien qui s’étaient suicidés. Et tout le monde se rappelle qu’en août 2008, il y a presque une année, c’était Jean-Michel qui se jetait sous un train à Troyes.

Qui osera dire maintenant que cette trop longue liste noire n’est pas le résultat d’une situation dramatique dans l’entreprise ? Qui pourra justifier le silence assourdissant d’une direction dont le seul objectif est de minimiser, de banaliser, de cacher ce mal-être, cette souffrance au travail ?

Jusqu’à présent, aucun suicide n’a été qualifié en accident du travail, alors que cela a été le cas dans d’autres entreprises comme le Technocentre de Renault. Cela ne peut pas être un hasard et les élus des CHSCT, confrontés à ces situations dramatiques, ont pu mesurer l’acharnement des directions à reléguer ces affaires au rang des « problèmes individuels ».

Nous n’acceptons pas, nous n’accepterons pas cet état de fait. Nous appelons le personnel et les fédérations syndicales à un sursaut pour exiger de France Télécom un arrêt de cette politique de déni qui cache une politique continuelle de restructurations, de suppressions d’emplois, de mobilités forcées !

Paris, le 27 juillet 2009.

Contact de l’Observatoire du stress à Marseille : 70, rue Javelot - Paris 13 Olivier Flament (06 70 19 73 70)


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