Bienvenue chez Pôle emploi ! (article national PG Vie de Gauche)

mercredi 22 avril 2009.
 

L’ANPE et les Assedic ont fusionné début 2009 pour donner naissance à une nouvelle institution, Pôle emploi, afin d’offrir, selon la campagne publicitaire de sa direction, un service simple, rapide, unique, tant aux demandeurs d’emploi (on n’ose plus dire chômeurs) qu’aux employeurs. Il y a le discours et la réalité. Voyons plutôt :

Simple ?

L’exANPE a mis en place, le 5 janvier, une plateforme téléphonique, le 3949, numéro unique d’appel. Depuis, explique Yves, 50 ans, licencié économique, « joindre un conseiller pour avoir l’information souhaitée, devient difficile. Il n’est pas rare de devoir appeler plusieurs fois ce numéro, les services étant surchargés ». Les conseillers ont d’ailleurs la consigne de ne jamais communiquer les numéros de téléphone direct des agences. « Il m’est même arrivé, poursuit Yves, d’appeler le 3949 pour m’entendre proposer de me déplacer dans mon agence... d’où j’appelais. » Sentiment partagé par les conseillers de Pôle emploi qui assurent regretter les contacts plus personnels et constatent une agressivité de « chômeurs baladés ».

Rapide ?

Nicolas Sarkozy a, selon son habitude, initié cette réforme à marche forcée. A miavril, les nouveaux directeurs de site ne sont pas encore nommés, ce qui entraîne une grande confusion. Dans le même temps, 50 000 dossiers sont en souffrance et certains chômeurs ont touché leurs allocations avec plusieurs jours de retard. En début d’année, une nouvelle prestation de formation en entreprise n’existait que virtuellement, les conventionspourlessignern’étantpaslivrées.

Unique ?

« La main qui indemnise doit être la main qui accompagne », avait déclaré Nicolas Sarkozy. Encore faudrait-il une parfaite maîtrise des métiers. Or, les personnels, qu’ils soient exANPE ou exAssedic sont formés aux métiers de leurs collègues dans l’urgence : trois jours de formation théorique pour apprendre l’indemnisation, sept jours pour être formés aux entretiens de conseil. Ainsi, le "suivi personnalisé" avec le chômeur, qui doit dans bien des cas être tenu en 20 minutes chrono, devient-il « approximatif  », aux antipodes des objectifs annoncés.

Des prescriptions de service deviennent obligatoires, oubliant que chaque chômeur est... unique. Quant à « l’offre raisonnable d’emploi », géniale invention, elle exige du chômeur qu’il révise à la baisse ses prétentions après sept mois d’inscription. Enfin, les sites « uniques », sont encore rares et vont être, là aussi, mis en place dans la précipitation et la confusion.

Face à cette situation, selon un cadre de Pôle emploi, « les personnels ont à faire face à des bouleversements internes (déclassements, pressions diverses pour accepter des éloignements) et doivent au quotidien prendre en charge une population de plus en plus nombreuse, de plus en plus angoissée, avec des perspectives d’emploi de plus en plus rares ». Et, il est fréquent que certains craquent, parfois jusqu’au suicide.

Face à cette situation, des associations de chômeursprécaires se sont constituées et ont déjà remporté des victoires. Elles méritent intérêt et soutien. Nous devons relayer leurs luttes, ainsi que celles des personnels de Pôle emploi, pour les faire connaître puisque les médias occultent ce type d’information

Justin Bridet


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