Grand patronat et fascisme. Henri Deterding : Du cartel Shell, Esso, BP, Mobil, Chevron au soutien d’Hitler

lundi 17 avril 2023.
 

- 1) Le 17 septembre 1928, à Achnacarry, Henri Deterding réunit les milliardaires du pétrole pour se partager les richesses du monde
- 2) Henri Deterding, soutien financier décisif d’Hitler

1) 17 septembre 1928 L’accord d’Achnacarry pour un partage des richesses pétrolières du Moyen Orient

Le 17 septembre 1928, cinq patrons des principales compagnies pétrolières du monde se retrouvent dans le magnifique château écossais d’Achnacarry sous prétexte de chasse au coq de bruyère.

Le ballet des limousines, des belles secrétaires, des sérieux conseillers et de nombreux domestiques n’attire guère l’attention de la presse. Pourtant, la répartition des réserves de pétrole de la planète va se jouer là en quinze jours.

Les magnats du pétrole concluent un accord décisif en vue de se partager les réserves de pétrole du Moyen-Orient et de maintenir des prix élevés tout en s’évitant les désagréments d’une concurrence sauvage.

Quelles sont les entreprises parties prenantes de ce cartel secret destiné au maintien le plus élevé possible des prix et des profits ?

- la Standard Oil of New Jersey (devenue Esso, puis Exxon, puis ExxonMobil États-Unis)

- la Royal Dutch Shell (Pays-Bas et Royaume-Uni) d’Henri Deterding,

- l’Anglo-Persian Oil Company, devenue BP (Royaume-Uni) de John Cadman (en)

- la Standard Oil of California (Socal), devenue Chevron (États-Unis)

- la Standard Oil of New York (Socony), devenue Mobil puis ExxonMobil (États-Unis)

- la Gulf Oil, absorbée par Chevron

- la Texaco, fusionnée avec Chevron

Cette entente conclue entre les principales compagnies pétrolières de l’époque stipule (article de Wikipedia) :

- l’engagement, par les membres de l’entente, de stabiliser leurs parts respectives du marché mondial au niveau de 1928, avec relèvement des parts au prorata de la demande, en cas d’augmentation générale de la demande,

- l’utilisation en commun des usines et des installations déjà en place,

- la construction d’installations supplémentaires seulement si l’accroissement de la demande l’exige,

- la suppression à la base, c’est-à-dire au puits ou à la raffinerie et par les producteurs eux-mêmes, de toute production excédentaire,

- l’élimination de toutes mesures ou dépenses de nature compétitive, propres à augmenter sensiblement les prix de revient ou de vente.

Cet accord conclu dans le plus grand secret est totalement contradictoire avec la règlementation anti-trust des USA. Mais, sur le fond, le droit servant à faire peur aux pauvres et à protéger les riches, non seulement les patrons concernés et leurs entreprises ne seront jamais poursuivis mais l’enquête de la la Federal Trade Commission (1952) ne sera pas publiée pour ne pas apporter d’arguments défavorables au capitalisme.

2) Henri Deterding, soutien financier décisif d’Hitler

Sir Henri Deterding est alors le président de la Royal Dutch Shell. Depuis la retraite de Rockefeller, il est considéré comme l’« homme le plus puissant du monde » !

C’est lui qui loue le château d’Achnacarry. C’est lui qui invite et organise.

Qui est ce Henri Deterding ? un capitaliste hollandais, formé dans le sérail de la finance, entré à la Royal Dutch en mai 1896 comme bras droit du puissant Jean-Baptiste Auguste Kessler... En 1907, une fusion donne naissance à la Royal Dutch Shell, association des intérêts pétroliers néerlandais et britanniques au sein d’une même entité.

En 1914, la Royal Dutch Shell est déjà la plus puissante compagnie pétrolière au monde, investissant en Indonésie, aux Etats Unis, en Russie, en Roumanie, au Mexique, au Venezuela, en Egypte... Il s’agit déjà d’une entreprise fonctionnant comme un Etat avec ses "ministères" et services des finances, des affaires étrangères, du renseignement..

Henri Deterding fait partie des grands patrons enrichis par la Première guerre mondiale car il fournit le mazout de la marine britannique.

De 1918 à 1923, il soutient politiquement et financièrement du mieux qu’il peut, les armées blanches contre la révolution russe.

Dans les années 1928 à 1934, il joue un rôle actif, probablement décisif dans le soutien du grand capital anglo-saxon à Adolf Hitler pour que celui-ci accède au pouvoir. En 1934, l’agence Reuters a révélé les rencontres de quatre jours, en tête à tête, depuis plusieurs années de Deterding et d’Hitler en ce sens :

- A l’automne 1931, à un moment difficile pour le nazisme dix huit mois avant son accession au pouvoir, Alfred Rosenberg, ami personnel d’Hitler, est reçu par de nombreuses personnalités britanniques comme Lord Hailsham (secrétaire d’Etat à la guerre) et Lord Lloyd (qui professe des idées national-socialistes).

"Les grands intérêts pétroliers ont eu d’étroits contacts avec le parti nazi en Allemagne" (J and S Poole, Who financed Hitler ?). En 1933, après l’accession au pouvoir d’Hitler, Rosenberg fait un voyage "privé" en Angleterre ; il se rend directement d’Allemagne dans la demeure du "magnat de la politique pétrolière européenne", Sir Henry Deterding.

L’attitude favorable aux nazis de la Banque d’Angleterre pose encore plus de questions. En 1931, Rosenberg est reçu longuement par Montague Norman, gouverneur de celle-ci. "Il fit tout pour aider les nazis à s’emparer du pouvoir et à le conserver, en opérant sur le plan financier depuis Threadneedle Street" (Martin Allen).

- En 1936, alors que le génocide de la gauche anticapitaliste a été réalisé et que l’antisémitisme violent des nazis ne fait aucun doute Henri Deterding, grand patron de la shell, s’installe à Berlin.

L’ouvrage en anglais "Sir Henri Deterding and the Nazi History of Royal Dutch Shell" apporte les preuves de cette imbrication entre le grand capital pétrolier et le nazisme ( source : https://www.shellnazihistory.com/?cat=4)

- Dans les années qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale, le fondateur hollandais du groupe Royal Dutch Shell, Sir Henri Deterding, est devenu un ardent nazi. Il a soutenu financièrement le Troisième Reich et a rencontré directement Hitler au nom de Royal Dutch Shell.

- En tant que contributeur financier majeur à l’Allemagne nazie avant la Seconde Guerre mondiale, le groupe Royal Dutch Shell, dirigé par les Néerlandais, a sans doute eu une responsabilité indirecte dans le conflit qui a ravagé plus de 50 millions de personnes.

- Shell se vantait publiquement à l’époque de l’importance de sa contribution financière à l’économie allemande.

- Dans les années précédant la Seconde Guerre mondiale, Shell a conspiré avec ses partenaires, Standard Oil, et le géant allemand des produits chimiques, IG Farben, pour importer secrètement des produits pétroliers, y compris des avions, des États-Unis vers l’Allemagne nazie.

- IG Farben a fourni le gaz Zyklon-B utilisé dans l’Holocauste pour tuer des millions de personnes.

- La représentation en 2007 par les historiens payés de Shell d’une relation lointaine entre Deterding et Hitler, dans laquelle toutes les tentatives de Deterding pour rencontrer Hitler ont été repoussées, est tout simplement fausse. En fait, leurs réunions comprenaient un sommet de quatre jours en tête-à-tête tenu lors du retrait des montagnes d’Hitler, rapporté par Reuters en 1934.

- Des auteurs indépendants ont décrit Deterding comme « un hitlérien extrémiste vénéré et finalement endeuillé par Hitler ». Cette description est confirmée par les preuves contenues dans ce livre et les preuves accessibles via des liens.

- Selon des allégations crédibles, le groupe Royal Dutch Shell, sous le contrôle de directeurs néerlandais, aurait eu recours au travail forcé dans sa filiale allemande, Rhenania-Ossag. Beaucoup de ses directeurs et employés étaient des nazis fanatiques.

- Royal Dutch Shell a collaboré à l’annexion et à l’occupation de pays souverains par les nazis - l’Autriche et la Tchécoslovaquie - avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

- Les dons et contributions financières au Troisième Reich ont tous été effectués sous le contrôle de directeurs néerlandais de sociétés du groupe Royal Dutch Shell.

- En 1936, alors qu’il était encore directeur de plusieurs sociétés du groupe Royal Dutch Shell, Sir Henri acheta le domaine de Castle Dobbin, au nord de Berlin, à la reine Wilhelmine des Pays-Bas pour 1 050 000 Reich.

- Deterding a emménagé à Castle Dobbin avec sa jeune femme allemande, son secrétaire, un nazi fanatique qui, selon une source, était un ancien secrétaire privé de Hitler.

- Hermann Göring, ami de Sir Henri, fondateur de la Gestapo, se rend régulièrement au château de Dobbin pour aller chasser avec lui. Deterding a généreusement offert à Göring le pavillon de chasse Rominten en Prusse-Orientale un cadeau spectaculaire. Le Kaiser Wilhelm II en a déjà été propriétaire.

- En 1936 et 1937, Sir Henri - alors qu’il était encore directeur de plusieurs sociétés du groupe Royal Dutch Shell dans lequel il exerçait un contrôle - fit d’énormes dons de denrées alimentaires (« millions de tonnes ») à l’Allemagne nazie. Un rapport du New York Times publié en juin 1937 (« Deterding to Distribution More Food in Germany ») établit un lien spécifique entre les dons de nourriture et la politique de réarmement de l’Allemagne.

- Les dons massifs ont permis de détourner des fonds importants à une époque où le régime nazi était engagé dans un réarmement urgent de sa puissance militaire.

- Sept mille wagons de chemin de fer ont été utilisés lors de la première livraison immense.

- Lors du décès de Deterding, il fut honoré par une cérémonie funéraire nazie à Castle Dobbin. Un contingent complet de directeurs du Royal Dutch Shell Group se mêla aux officiers de l’armée nazie. Un hommage élogieux à Sir Henri au nom de la nation allemande fut inscrit sur une couronne envoyée par Adolf Hitler. L’évêque qui dirigeait le service funèbre était un partisan d’Hitler et d’un antisémite enragé. Il existe une séquence filmée de ces spectaculaires funérailles nazies.

Jacques Serieys


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