2 au 4 avril 2009 : Répression honteuse des anti-OTAN à Strasbourg

lundi 3 avril 2023.
 

En avril 2008, Nicolas Sarkozy avait demandé à ce que l’Alliance fête son 60ème anniversaire à Strasbourg et Kehl, symbole, avait-il dit « de l’amitié franco-allemande », il n’avait certainement pas compté avec les violentes émeutes qui allaient se déclencher à ce propos.

Du 2 au 4 avril 2009, Strasbourg est déclarée ville fermée à cause des barricades qui l’entourent et des 25 000 policiers qui la surveillent. L’amitié franco-allemande à laquelle a fait référence le président Sarkozy, à partir de Bucarest, s’est déjà exprimée à travers les renforts de sécurité que l’Allemagne d’Angela Merkel a envoyé pour se solidariser avec leurs homologues français.

Les écoles (avant le jour J des vacances de pâques), les universités, l’aéroport de Strasbourg et les autoroutes, sont fermés. De nombreux quartiers sont déclarés « zone rouge », et interdits à la population. C’est dire que les dispositifs sécuritaires mis en place sont colossaux.

2) Un samedi à Strasbourg... et pas n’importe lequel (Brigitte Blang)

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Nous voilà donc partis à Strasbourg, en train, puisque n’est-ce pas, pour les bus, c’était blindé. On t’a dit et répété que Stras, comme on dit par ici, ça va être coton d’y arriver. Toi, tu connais bien la ville, enfin, que tu crois… Donc, tu prévois, tu prends le plan que les autorités de par là-bas ont édité. Avec des tas de zones orange, rouges et même pas vertes. Toi, tu as tout bien repéré, pour contourner les zones orange, rouges… etc. Tu t’es fait ton petit parcours pour toi tout seul, et c’est parti ! Comme en 68 ! Déjà, faut savoir que les trains, par ici, tu te farcis un nombre non négligeable de kilomètres en voiture avant d’atteindre la gare la plus proche. Jusque là, ça va. Ensuite, tu arrives à Strasbourg. Les copains de là-bas t’ont depuis les aurores fait savoir qu’ils ont « besoin de monde à la buvette ». Et tu te diriges, plan en main vers le lieu censé de la manif. Pour aider à la buvette. Par exemple… Et c’est là que les choses se gâtent.

Parce que ton plan magique, tu peux te le ranger, il est tout faux. La zone orange, dis donc, elle s’était étendue comme une tache de fuel sur la Manche après le passage de l’Amoco. À chaque carrefour, des tas de jeunes gens tout de bleu vêtus, harnachés, casqués, gantés, armés, bouclier et le toutim. Des barbelés dans la rivière, des fois qu’il y aurait une attaque de barracudas, va savoir ! Zut ! C’est la guerre ou quoi ? Et on ne nous a rien dit en sortant de la gare ? On a tout essayé. Les petites rues, les grandes rues, les avenues, les passages, macache ! Tout était bouclé ! À un moment, on a essayé de parlementer avec les jeunes gens. Tu parles ! T’as pas ton badge, tu ne passes pas ! Et il fallait faire quoi, pour l’avoir le badge ? L’un d’eux nous a répondu, sans rire : « Les citoyens normaux, ils l’ont, le badge ! » Fermez le ban ! Être venus de si loin pour apprendre que nous ne sommes définitivement pas des citoyens normaux… Ben mince alors ! Ça nous a fait comme un choc, je vous promets !

Pendant ce temps-là, le temps, justement, il passait, il se faisait 14 heures, et on n’avançait pas des masses. On a filé par le Sud, puisque par le Nord, c’était mort. Pas mieux. Près de l’autoroute, on a croisé des Belges en voiture, ils cherchaient à aller à Colmar. Les pauvres, pas de bol, la préfecture, pour renseigner le chaland dans Strasbourg, devinez qui elle avait placé ? Des Niçois ! Si, des Niçois ! Vous pensez bien que les Niçois, la route de Colmar… Alors, on a joué les panneaux indicateurs, et on les a renseignés, les Belges, et aussi les Niçois, pendant qu’on y était. Mais ça ne nous rapprochait toujours pas de la manif, tout ça. À force de longer, de contourner, on a fini par avancer vers la chose. On était à environ une heure de marche du Pont de l’Europe, pas encore du Jardin des Deux Rives. Mais il était 15 heures, et le train du retour, il partait à 16 heures. Alors ? Alors on a fait demi-tour, et on est repartis à la gare. Dans une ville déserte. Sans un magasin ouvert. Mais avec plein de jeunes gens vêtus en bleu, avec de drôles de joujoux accrochés aux ceintures. Quelques drapeaux aux fenêtres. Et deux manifestants tout seuls, paumés et tristes en pensant aux copains qui avaient « besoin de monde à la buvette ».

En rentrant, on a appris que la manif, elle avait un poil dégénéré. Et que les flics avaient été débordés très vite. Débordés ? Moi, il y a un truc que je ne m’explique pas, depuis hier soir : on nous l’avait dit depuis 8 jours qu’on attendait des casseurs, des « anarcho-autonomes » comme ils disent, du grabuge, quoi. Alors, monsieur le Préfet, va falloir que vous m’expliquiez ce que faisaient dans la ville (où il n’y avait personne, pas un chat !) des bus remplis de militaires, alors que c’est ailleurs qu’on l’attendait le Bronx, et que c’est justement dans cet ailleurs-là que le Bronx s’est produit. Mais vous allez sûrement me répondre qu’ils étaient là pour vérifier les badges des « citoyens normaux ». Ah ! Là, bien sûr, je ne dis plus rien. La riposte est imparable.

Et puis, au retour, ce matin, la radio t’apprend que des petits enfants vivent dans les égouts, à Rome. Oui, les camarades, vous avez bien lu. Dans les égouts. Ne criez pas si fort, on vous entend jusqu’en Lorraine. Dire des mots comme « Les Misérables », Victor Hugo, Zola, tout ça… Sauf que ca se passe au 21ème siècle et que c’est dans la ville de leur bon M. Ratzinger. Au lieu de disserter sur les capotes, de qui s’en sert ou pas, il ferait mieux d’aller visiter les bas fonds de sa ville dite sainte, le super-évêque. Ça lui ouvrirait les écoutilles. Et peut-être bien aussi à leur premier ministre, Berlu le magnifique, qui se marre tellement avec son nouvel ami, Obama. Même qu’on ne voit qu’eux sur les photos des gazettes. Tiens, Obama, puisqu’on est un brin chiffon, ce soir, pour des tas de raisons, en voilà un qui ne détonne pas dans le système star-ac ambiant. Vous avez vu ce show qu’il leur a fait, en arrivant en Alsace ? Baba qu’ils étaient les Strasbourgeois. Enfin, les Strasbourgeois, faut le dire vite ! Surtout les militants UMP de Strasbourg. Parce que là aussi, fallait être un « citoyen normal » pour pouvoir approcher sa grandeur. Vous je ne sais pas, mais moi, ça m’a fait tout bizarre, cette espèce de spectacle donné aux foules en délire. On l’espérait mieux que ça, non ? Pas vous ? Ah bon…

Et pour finir sur une note un peu marrante, pendant qu’on essayait de trouver un trou dans le mur de Strasbourg, les dames de ces messieurs (et le monsieur de Mme Merkel, on dit aussi qu’il est un « premier monsieur » ?) elles allaient rendre visite à la cathédrale. Photo de famille en sortant. Plein de filles en pantalon. Et aussi deux types en robe. Dont un géant. Ça doit être pour ça que notre président, il n’a pas voulu y aller. Allez, amusez-vous, pendant qu’on peut encore !

Brigitte Blang

3) Sommet de l’OTAN à Strasbourg : les émeutes ont repris (leparisien.fr, 3 avril 2009)

Les violences ont repris vendredi après-midi au Neuhof, un quartier populaire du sud de Strasbourg, là ou campent dans un village autogéré les militants anti-Otan.

Vers 16 heures, un bus remplis de militants pacifiques qui souhaitaient se rendre au centre-ville a été arrêté par des policiers, route du Neuhof.

Maquillés en clowns et armés de pistolets en plastique, de bazookas en cartons et de plumeaux multicolores, ils ont commencé à danser sur la chaussée, rejoints bientôt par des Strasbourgeois.

D’après le site des Dernières nouvelles d’Alsace, sentant l’ambiance dégénérer, les clowns auraient quitté les lieux. La police serait alors intervenue équipée d’une lance à eau destinée à disperser les quelque 150 personnes, dont de habitants du Neuhof. Toujours selon le quotidien alsacien, « des jeunes circulent à scooter, sans casque et narguent les gendarmes et les policiers. »

D’autres affrontements ont éclaté vendredi, toujours dans le même quartier, mais dans la rue de la rue de la Ganzau, plus proche du « village ». Vers 17 h 40, entre 500 et 1 000 manifestants anti-Otan très déterminés faisaient face aux forces de l’ordre. Celles-ci leur demandaient d’éteindre les feux qui commencaient à prendre de l’ampleur.

Jeudi, les émeutes avaient commencé vers 15 h 30 dans ce quartier, opposant des anti-Otan qui souhaitaient aller au centre-ville et les forces de l’ordre. A pluseurs reprises et jusque tard dans la soirée des échappées vers le Strasbourg historique ont été tentées. 300 personnes y avaient été interpellées. Un photographe allemand avait été blessé.


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