Les promesses aveuglées de Nicolas Sarkozy pour développer les subprimes en France. L’affaire Natixis

mercredi 22 octobre 2008.
 

Le crédit immobilier – à la source de l’actuelle crise - a été encouragé de longue main par les responsables politiques de la droite. On se souvient déjà que dans « paquet fiscal » de l’été 2008 il y avait un crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt qui était une puissante incitation à l’endettement. En fait c’était là le fond de la philosophie économique de Nicolas Sarkozy. On retrouvera avec intérêt ses propos publiés dans la Revue Banque n°690 en avril 2007 alors qu’il était candidat à la présidence de la République. « Les ménages français, gémissait-il, sont aujourd’hui les moins endettés d’Europe. Or, une économie qui ne s’endette pas suffisamment, c’est une économie qui ne croit pas en l’avenir, qui doute de ses atouts, qui a peur du lendemain. »

Cette apologie du modèle américain de développement sur des montagnes de dettes sonne aujourd’hui tragiquement. Heureusement que Sarkozy n’a pas eu le temps de mettre ses projets en application. Voyez plutôt : « C’est pour cette raison que je souhaite développer le crédit hypothécaire pour les ménages et que l’État intervienne pour garantir l’accès au crédit des personnes malades.Je propose que ceux qui ont des rémunérations modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement. Il faut réformer le crédit hypothécaire. Si le recours à l’hypothèque était plus facile, les banques se focaliseraient moins sur la capacité personnelle de remboursement de l’emprunteur et plus sur la valeur du bien hypothéqué. Ceci profiterait alors directement à tous ceux dont les revenus fluctuent, comme les intérimaires et de nombreux indépendants ».

Ce recours hasardeux et dangereux à l’extension du crédit hypothécaire a cependant été encouragé par des mécanismes nouveaux qui permettent de cautionner des prêts et d’en engager de nouveaux. Pour cela deux mécanismes on été mis en place depuis 2006, notamment sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy à Bercy. D’abord le « viager hypothécaire », qui prévoit le versement d’un viager à des personnes âgées sur l’hypothèque de leur logement. Ensuite, le plus dangereux comme incitation au surendettement, « l’hypothèque rechargeable », qui permet aux accédants à la propriété d’obtenir de nouveaux crédits au fur et à mesure du remboursement de leur prêt hypothécaire. On voit bien ici derrière la fabrication d’un mythe de l’accession à la propriété, comment ces mécanismes poussent les ménages à s’endetter et à se mettre à la merci du marché et de ses soubresauts.

L’affaire Natixis

Dans cette série de responsabilité on doit aussi évoquer le jeu de certaines banques avec la confiance de ceux qui leur confient leurs dépôts. Ici il s’agit de Natixis, d’une banque d’investissement et d’affaires créée en 2006 par la fusion deNatexis, la banque d’investissement des Banques Populaires et d’Ixis, la banque d’investissement des Caisses d’ Epargne et de la Caisse des dépôts.

Cette banque était aussitôt devenue le n°2 français du financement immobilier, le n°1 français de la gestion d’actifs et le n°1 français de la gestion d’épargne salariale. Par exemple, le fonds d’épargne entreprise des assistants parlementaires est géré par Natixis….

Cela ne suffisait pas aux petits génies de la finance qui dirigeaient cette affaire. La Banque s’est donc lourdement exposée sur les financements immobiliers aux Etats-Unis en investissant sur marché des rehausseurs de crédits. Elle y a évidemment perdu 4 milliards d’euros. La composition du capital faisait que 35 % étaient possédés par les Caisses d’Epargne, 35 % par les Banques populaires. Et il y avait aussi 30 % flottant sur le marché boursier.

C’est là que se concentre le problème social le plus cruel. Les courtiers ont fait du zèle auprès des déposants de leur banque, de modestes possesseurs de livret d’épargne. La pression aux résultats a été tellement forte que les 90 000 employés des deux banques ont aussi été enrôlés dans les opérations d’achat. Au total, 1,2 millions de petits actionnaires français, clients des caisses d’Epargne et des banques populaires, ont été pris au piège. Un piège en effet. L’action a été lancée à 20 euros en 2006, elle vaut aujourd’hui autour de 1,75 euros.

Les économies placées de cette façon ont donc été divisées par onze ! Une catastrophe. Elle n’a aucune autre cause qu’une politique d’investissement aberrante car les maisons mères étaient des acteurs solides. A présent ceux qui se sont engagés ne sont couverts par aucune garantie puisqu’il s’agit d’action et non de dépôts. Il leur faut attendre que le cours remonte. Mais s’ils ont besoin de fond tout de suite pour payer quoique ce soit, y compris des mensualités d’emprunt a leur banque, il est peu probable que celle-ci payent a leur place ou bien leur consente un moratoire…


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