Coup d’état militaire en Mauritanie

lundi 18 août 2008.
 

La Mauritanie a connu un coup d’état militaire le 5 août. Des analyses différentes ont été produites quant à son analyse. Voici, ci-dessous, deux communiqués hostiles émanant de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme et un article favorable publié sur le site de Rue 89.

1) Mauritanie : la FIDH condamne l’arrestation des plus hautes personnalités politiques et demande le maintien de l’ordre constitutionnel Communiqué du 6 août 2008

De sources concordantes, des militaires menés par un groupe de généraux auraient investi ce matin le palais présidentiel et le bâtiment de la télévision d’Etat. Le président mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, son Premier ministre, Yahya Ould Ahmed Waghf, ainsi que d’autres personnalités politiques, auraient été arrêtés.

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) condamne ces arrestations et demande aux organisations inter-gouvernementales de réagir fermement.

La FIDH rappelle que l’Acte constitutif de l’Union africaine « condamne tout changement anticonstitutionnel de gouvernement ».

La FIDH appelle au maintien de l’ordre constitutionnel, à la libération immédiate des personnalités politiques et à la protection de la population civile.

Si le coup d’Etat devait être confirmé, la FIDH demande aux organisations inter-gouvernementales, telles l’Union africaine, l’Union européenne, l’Organisation internationale de la Francophonie et l’Organisation des Nations unies de condamner fermement cette situation et de prendre toute sanction appropriée en cas de rupture de la démocratie, notamment la suspension de la Mauritanie de leurs instances respectives, conformément aux dispositions de l’Acte constitutif de l’Union africaine, de l’Accord de Cotonou et de la Déclaration de Bamako.

2) La FIDH et l’AMDH exigent la libération immédiate du président et la restauration de l’ordre constitutionnel Communiqué du 14 août

La FIDH et l’AMDH renouvellent leur appel au général Mohamed Ould Abdel Aziz pour la libération immédiate et inconditionnelle du président mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi, ainsi que de toutes les autres personnes arrêtées à l’occasion du coup d’état.

La FIDH et l’AMDH condamnent également le recours à la force pour disperser les manifestations pacifiques d’opposition au coup d’Etat et appellent la junte militaire à respecter les droits de réunion et de manifestation pacifique.

Enfin, inquiètes qu’en dépit des appels unanimes de l’Union africaine et de toute la communauté internationale, la junte n’ait pas permis le rétablissement de l’ordre constitutionnel, la FIDH et l’AMDH demandent l’ouverture d’un dialogue politique inclusif avec le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi ainsi que les acteurs de la vie politique et de la société civile, afin de trouver une issue négociée à la crise, respectueuse des principes de démocratie et des normes internationales de protection des droits de l’Homme.

3) Le coup d’Etat, un espoir pour nous, les Mauritaniens

Par Irabiha Abdel | Militante des droits de l’homme le 17 août 2008 | sur le site Rue 89

Le 6 août 2009, la Mauritanie a connu un événement inconcevable dans le monde occidental démocratique : un coup d’Etat… Le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, élu un peu plus d’un an plus tôt, a été demis de ses fonctions…

La réaction internationale ne s’est pas faite attendre : un déluge de condamnations s’est abattu sur nous, de la part de la France, des Etats- Unis, de l’Union africaine, des pays amis… Vu de l’extérieur, on pourrait aisément condamner, compatir à la situation du « pauvre » président déchu, que le Général Mohamed Ould Abdel Aziz aurait démis de sang froid, en violation des règles immuables de la démocratie…

Mais ce serait ignorer la tragédie, l’effroyable drame vécu par le peuple mauritanien, dans toutes ses composantes, en particulier les femmes et les enfants, qui ont été appauvris par quinze mois de gabegie, de corruption systémique, de braquage délibéré des deniers publics, de concussion, de pantouflage, de copinage… Tout le répertoire de délinquance financière sous le triste règne de notre Maestro du peuple, notre mal aimé président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

Son épouse, Khattou Bint El Boukhary, présidente de la Fondation KB du même nom, a fait l’objet d’une longue partie de ping pong avec les parlementaires qui l’ont soupçonnée de détournements de biens publics. Sa Fondation KB a été constituée au lendemain de l’accession au pouvoir de son époux Ould Cheikh Abdallahi et s’est enrichie de façon vertigineuse en l’espace d’une année.

La Commission parlementaire qui voulait faire la lumière sur cette fondation a été empêchée par l’ex-président et une crise politique sans précédent a conduit les parlementaires à déposer une motion de censure contre le gouvernement.

Cette crise politique, qui s’est greffée au marasme social, à la misère du peuple, à la déliquescence des structures de santé, à la corruption systémique, à la flambée des prix, aux malheurs des réfugiés qui ont été abandonnés sous la canicule des camps délabrés et qui sont devenus des gueux dans leur terre promise, a engendré un fort sentiment de révolte des populations.

L’armée n’a pas échappé à ce massacre à la tronçonneuse de Ould Cheikh Abdallahi, qui l’a décapitée en limogeant tous les généraux du pays. Voila donc le tableau idyllique que nous vivions en Mauritanie jusqu’au 6 août 2008.

Oui, nous voulons une démocratie, oui nous voulons vivre en paix… Mais nous ne voulons plus de cette pseudo démocratie kitch, dont l’habillage n’a comme adhérent que la communauté internationale qui se complait dans la forme et non dans le fond.

Voila pourquoi, moi, militante des droits de l’homme, activiste du mouvement associatif, j’en appelle à la communauté internationale, à tous les citoyens du monde épris de liberté, à nous aider, nous le peuple mauritanien, en faisant avec nous bloc contre ces condamnations et ces gels de l’aide de la communauté internationale.

La Mauritanie vit actuellement des moments d’espoir qu’elle avait perdu dans cette année de saccage systémique du président déchu Ould Abdallahi. Avec Ould Cheikh Abdallahi, nous étions condamnés sans appel, on n’aurait jamais connu pire. Un coup d’Etat peut être, mais un nouvel espoir pour le pays.


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