"Printemps africain" Des émeutes font plusieurs morts en Mauritanie

mardi 18 octobre 2011.
 

Les négro-mauritaniens protestent contre un recensement "discriminatoire"

Les mauritaniens d’origine africaine (négro-mauritaniens), qui forment près de 30% de la population, protestent contre un recensement organisé par les autorités qu’ils qualifient de discriminatoire. Ils ont protesté ces derniers jours sous le slogan "touche pas à ma nationalité". Les manifestations se sont transformé en émeutes, marquées par des pillages et des incendies. Plusieurs morts sont à déplorer...

Ce vendredi, la télévision « Al Arabiya » parle de plusieurs morts dans les affrontements entre les forces de l’ordre et les émeutiers. Les autorités de Nouakchott, la capitale également touchée par les émeutes, affirment que 56 personnes ont été arrêtées parmi les émeutiers, dont 13 ressortissants étrangers...

Ces derniers jours, plusieurs bâtiments publics et administratifs ont été incendiés et des boutiques ont été pillées, notamment dans le sud du pays. A Nouakchott, des affrontements ont eu lieu hier jeudi au cours desquels les émeutiers ont incendié des voitures et brisé les vitrines des commerces. Ils ont lancé des pierres et des bouteilles vides sur les forces de l’ordre.

Selon plusieurs observateurs, cette crise menace sérieusement la cohésion nationale dans un pays où la plaie de l’esclavagisme n’est toujours pas cicatrisée. Cette menace est d’autant plus pesante que des partis politiques nationalistes, traditionnellement hostiles aux négro-mauritaniens, ont soutenu le mouvement « Touche pas à ma nationalité », sans doute pour profiter de la mobilisation et marquer des points contre le régime.

Si le régime mauritanien a réussi, en février dernier, à résorber la colère de la population, contaminée par le « printemps arabe » et les révoltes des peuples arabes contre les dictateurs, le risque vient aujourd’hui du « printemps africain » et de la révolte des négro-mauritaniens contre le régime qualifié de discriminatoire.

De fait, après les Tunisiens et les Egyptiens, la révolte des Libyens contre Kadhafi avait sérieusement inquiété le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, d’autant que ses opposants lui reprochaient une étroite amitié avec Kadhafi. Pour « couper la mèche », le président a dû sacrifier la ministre des Affaires étrangères, Naha Mint Mouknass, qui avait œuvré pour le rapprochement entre Nouakchott et Tripoli au cours des dernières années. Il a également lancé une opération « mains propres » très médiatisée pour combattre la corruption. Il a fait des concessions au sujet de la reconnaissance de l’esclavagisme et fait preuve d’une grande générosité en augmentant les subventions des produits alimentaires de base. Ces mesures ont réussi à acheter la paix sociale, alors que la révolte en Libye avait privé la Mauritanie d’importantes ressources financières (aides directes de Kadhafi, ainsi que les transferts des milliers de travailleurs mauritaniens en Libye).

L’échec du printemps arabe en Mauritanie ne semble pourtant pas épargner le pays du danger d’un soulèvement de la population d’origine africaine. Car, il convient de le rappeler, le régime est engagé sur un autre front bien plus dangereux : la lutte contre le terrorisme. L’armée mauritanienne est en première ligne contre Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), notamment au Mali voisin. AQMI, qui compte de nombreux combattants de nationalité mauritanienne, qualifie le président Mohamed Ould Abdelaziz de « vendu aux Occidentaux croisés », et l’accuse de mener une guerre par procuration contre l’islam et Al-Qaïda. Pour les terroristes, ces accusations justifient le jihad contre Nouakchott et le renversement de son régime.

Mediarabe.info


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message