Christine de Pisan, première auteure féministe (1365 - 1430)

dimanche 26 mars 2023.
 

Christine de Pisan mène bataille contre l’exclusion politique totale des femmes (loi salique...), contre la misogynie des classiques (Aristote, Cicéron...), pour une cité des dames vivable...

Cela ne lui a pas valu seulement des gratifications dans les ouvrages postérieurs ; ainsi, Gustave Lanson écrit dans son Histoire de la littérature française que Christine de Pisan fut "la première de cette insupportable lignée de femmes auteurs".

Femmes dans l’histoire à l’esprit libre, aux idées humanistes, émancipatrices, socialistes

A) Quelques repères sur sa jeunesse, mariage et veuvage

Christine de Pisan naît près de Bologne (Italie) en 1365 avant de suivre à Paris son père engagé par le roi de France comme médecin et astrologue (1398). Sa mère "voulait l’occuper en filasses" comme c’était la coutume ; son père n’ayant pas de garçon, lui fait bénéficier d’excellentes conditions d’études. Vers 1379, elle épouse Étienne de Castel, notaire et secrétaire du roi. Sa vie de couple a été heureuse si l’on en croit ses dires.

Que dire de lui ?

Il m’aimait et c’était droit

Car jeune je lui fus donnée

Aussi nous avions ordonné

Notre amour et nos deux coeurs,

Bien plus que frères ni soeurs,

En un seul entier vouloir.

Elle connaît bientôt une période difficile. En 1386, son père décède, laissant sa famille sans ressources ; en 1389, son mari perd également la vie lors d’une épidémie.

Elle couche alors par écrit sa peine pour son amour et mari perdu, en vers...

Seulette suis et seulette veuil être

Seulette m’a mon doux ami laissée...

comme en prose : Mort me le prit en la fleur de jeunesse, à l’âge de trente-quatre ans, et moi, à vingt-cinq ans, je demeurai chargée de trois enfants petits et de grand ménage. Ainsi, à bon droit, je fus pleine d’amertume, regrettant sa douce compagnie et la joie passée qui n’avait pas duré plus de dix ans. En voyant venir le flot de tribulations qui sur moi accourait, je désirais plus mourir que vivre et, n’oubliant pas ma foi et bonne amour promise à lui, je décidai en sain propos de jamais autre n’avoir.

Elle adresse à son mari un seul reproche C’est la coutume commune des hommes mariés de ne pas dire et expliquer entièrement leurs affaires à leurs femmes, d’où il vient souvent du mal, comme j’en ai fait l’expérience, et ce n’est pas de bon sens quand les femmes ne sont pas sottes mais prudentes et sages.

Christine se voit obligée alors de pourvoir aux besoins de ses trois enfants, de sa mère et de ses deux jeunes frères tout en subissant l’escroquerie (son patrimoine financier est accaparé par un marchand parti en Italie), tout affrontant en justice de prétendus créanciers de son père mais aussi les services financiers du roi pour recevoir les gages non perçus de son mari. Sur ce seul point, elle mènera procès pour ne toucher finalement son dû que 14 ans après. En "trottant" après les caissiers du roi, elle subit bien des moqueries et mufleries « Que de paroles ennuyeuses, que de regards niais, que de rigolades de certains remplis de vin et de graisse. »

Pour un bien acheté par son mari, elle paie les traites mais ne peut encaisser les rentes car elle est citée en procès. Suite à des retards de paiement, ses biens sont saisis par des créanciers.

Hélas ! Où trouveront réconfort

Pauvres veuves de leurs biens dépouillées

B) Quelques oeuvres

Christine de Pisan essaie de vivre de sa plume auprès des puissants et riches de l’époque. Ses Ballades (Cent ballades ; Ballades de divers propos ; Cent Ballades d’amant et de dame) gagnent la considération des amateurs de poésie par leur sincérité sur sa solitude et ses malheurs mais aussi par leurs qualités littéraires. Ses vers gagnent une grande notoriété dans les cercles de la reine, du duc d’Orléans mais aussi en Angleterre et Italie. La dimension féministe commence à fleurir dés ses premiers écrits. Notons aussi la dimension autobiographique de nombreux poèmes dont ce rondeau intitulé "Je ne sais comment je dure"

Je ne sais comment je dure,

Car mon dolent1 cœur fond d’ire2

Et plaindre n’ose, ni dire

Ma doleureuse3 aventure,

*

Ma dolente vie obscure4.

Rien, hors la mort ne désire ;

Je ne sais comment je dure.

*

Et me faut, par couverture5,

Chanter que6 mon cœur soupire

Et faire semblant de rire ;

Mais Dieu sait ce que j’endure.

Je ne sais comment je dure.

Notes : 1. Souffrant ; 2. chagrin, douleur, colère ; 3. Doloureuse (du latin dolor, douleur) ; 4. Sombre, triste ; 5. Par dissimulation ; 6. “ce que”

A partir de sa trentième année, son fils aîné et sa fille n’étant plus à sa charge, elle s’attèle passionnément à l’étude de toutes les branches du savoir et produit des oeuvres plus consistantes : Livre du chemin de longue estude (octobre 1402 à mars 1403), , Livre de la Mutacion de Fortune (1403), Livre du Duc des vrais amans, Livre des fais et bonnes moeursdu sage roy Charles V (1404), Livre de la Cité des Dames ( décembre 1404 à avril 1405), Livre des Trois Vertus, Livre de Preudhommie, Épître à Isabeau de Bavière (1405), Advision de Cristine...

La protection de la reine Isabeau de Bavière contribue à lui donner une certaine autonomie. Elle s’engage dans les luttes politiques complexes qui affaiblissent le royaume de France du début du 15ème siècle, agissant pour la paix civile : , Livre du corps de policie (1404-1407), Lamentation sur les maux de la France (1410), Livre de la Paix, (1412-1414).

Elle est considérée comme la principale figure féminine de la littérature française du Moyen Âge. Cependant, Christine est une intellectuelle de haut niveau qui a introduit des débats dépassant largement le seul domaine féministe. Ainsi, elle lance un débat de critique littéraire en affirmant que le Roman de la Rose en français ne soutient pas la comparaison avec la Divine Comédie (en toscan) de Dante Alighieri.

Les enseignements moraux

N’oublions pas que toute la vie de Christine de Pisan se déroule durant la Guerre de Cent qui met principalement aux prises le roi de France et le roi d’Angleterre. Durant une courte période de paix, elle a accepté le départ de son fils pour l’Angleterre à la demande du comte de Salisbury qui souhaite l’élever aux côtés de son propre fils.

C’est pour ce fils aîné Jean de Castel qu’elle écrit ses Enseignements moraux, oeuvre assez moderne :

- par la croyance profonde en la capacité de libre arbitre et de liberté individuelle qui en ressort,

- par sa compréhension du sentiment "national chez des nobles anglais

Ne blâmes à nul son pays

Car maints en ont été haïs

- mais aussi par les conseils donnés en ce qui concerne son rapport aux femmes.

Ne sois déceveur de femmes

Honore-les, ne les diffame.

Contente-toi d’en aimer une

Et ne prends querelle à aucune...

Fais toi craindre de ta femme à point

Mais garde-toi de la battre point.

C) La querelle sur le Roman de la rose

Le dernier quart du 14ème siècle est marqué en Europe occidentale par un foisonnement d’études, d’écrits, de débats. L’Université de Paris y joue un rôle très important. Cependant, elle n’est pas aussi novatrice, aussi ouverte que Pise, Navarre, Prague ou même les universités anglaises.

C’est seulement sur la fin du 14ème, début du 15ème siècle qu’apparaît à Paris un cercle que l’on peut caractériser d’humaniste. Jean de Montreuil, chanoine, secrétaire du roi et diplomate, encenseur de Cicéron, en est une sommité assez indépendante d’esprit, qui a fait écrire sur les murs de son vestibule les dix articles de la loi de Lycurgue.

Sparte : un communisme, de Lycurgue à Agis ?

Cependant, il vante son statut de célibataire dans des termes qui dénotent un certain machisme

Tu as très bien fait pour nous, seigneur, alleluia !

Puisque tu nous as dispensé du mariage, alleluia !

Monsieur le chanoine célibataire lit le Roman de la Rose, l’apprécie, rédige un traité sur le sujet. Au printemps 1401, il croise Christine de Pisan dans un salon, étale son érudition et son enthousiasme pour les délices contenus dans cet écrit. Durant l’été, celle-ci rédige une critique du Roman de la Rose, détectant dans sa grivoiserie un manque de respect pour les femmes, par exemple ces deux vers ( de la seconde partie) :

Toutes êtes, serez et fûtes

De fait ou de volonté, putes.

La réaction des "humanistes" révèle leurs limites médiévales. Jean de Montreuil croirait déchoir en répondant à une "femmelette" ; il la compare dans une lettre à « la courtisane grecque Leuntion, qui, ainsi que le rappelle Cicéron, osa écrire contre le grand philosophe Théophraste ». Gontier Col, également secrétaire du roi et diplomate, envoie à Christine un courrier de réprimande, lui demandant de "confesser son erreur", après quoi il lui proposera une "pénitence salutaire".

Contre plusieurs intellectuels de ce groupe Christine de Pisan va mener un débat très intéressant.

Ecrit vers 1230-1235 par Guillaume de Lorris (4 058 vers) puis complété entre 1268 et 1280 (peut-être même un peu plus tard) par Jean de Meung (17 722 vers), le Roman de la Rose fut un succès de librairie pour l’époque. Il constituait une satire :

- de la poésie courtoise qui idéalise la femme aimée et exalte "l’amour de loin". Jean de Meung crée le personnage du prêtre Genius qui destine au paradis quiconque aura vaillamment oeuvré à parfournir et exerciter les oeuvres de Nature et excommunie ceux qui s’en priveront, clercs comme laïcs. Le joy de l’amour se limite au plaisir sexuel de l’homme, en particulier la défloraison d’une pucelle. Par ailleurs, le texte emploie des termes vulgaires contrairement aux textes de l’amour courtois.

Couilles, est un beau nom et je l’aime,

Comme, ma foi, couillon et vit.

- des religieux à la continence sexuelle hypocrite, de la noblesse, du Saint-Siège et même des prétentions excessives de la royauté. Il présente un caractère humoristique, rabelaisien, se moquant à la fois du célibat et du mariage comparé à une nasse pour les hommes.

Des auteurs comme Louis Petit de Julleville observeront intelligemment « Il reste à Christine le mérite d’avoir discerné le caractère intime du roman de Jean de Meung, qui est dans la tendance de l’auteur à réhabiliter la nature humaine, libre et affranchie de toutes les lois et de toutes les conventions sociales. Le Roman de la Rose renferme les premiers germes d’une Renaissance naturaliste dirigée contre la discipline austère et stricte du christianisme ».

Christine de Pisan a conscience des aspects positifs de l’ouvrage mais elle n’accepte pas l’image qu’il donne des femmes, dans un contexte où la liberté sexuelle des hommes produit l’écrasement des femmes. « Je dis derechef et réplique et triplique tant de fois comme tu voudras que ledit intitule Roman de la Rose, nonobstant y ait de bonnes choses, puisse être cause de mauvaise et perverse exhortation en très abominables moeurs. »

En effet, Jean de Meung met dans la bouche de "La vieille" chargée par le mari de surveiller la châtelaine, le cynisme nécessaire aux femmes pour extorquer un maximum d’avantages matériels à leurs amants. Dans la querelle qui s’engage, Christine de Pisan défend son point de vue avec vigueur. Elle dénonce le vocabulaire grossier et les généralisations abusives :

Doit-on pourtant toutes mettre en gremaille

Et témoigner qu’il n’en est nulle qui vaille.

Le débat engagé sur le Roman de la Rose met aux prises :

- > des défenseurs de l’oeuvre, "humanistes" comme Jean de Montreuil et Gontier Col, qui apprécient le souffle de vie apporté par ce livre à une époque où la culture comme les moeurs sont étouffés par un christianisme ascétique.

- > des opposants comme Jean Gerson ("docteur très chrétien", Chancelier de l’Université de Paris qui voit dans ce roman une apologie de la sexualité hors mariage) et Christine de Pisan.

Pierre Col (frère de Gontier et conseiller du roi) intervient dans la querelle sur le ton du mâle supérieur qui ne peut accepter la validité de la parole féminine O parole trop tôt issue et sans avis de bouche de femme.

Face à lui, Christine de Pisan se pose en défenseure du "féminin sexe" : « Comme suis vraiment femme, je puis mieux témoigner sur ce sujet que celui qui n’en a l’expérience... Que ne me soit imputé une folle arrogance ou présomption, d’oser, moi, femme, reprendre et critiquer auteur qui... osa entreprendre de diffamer sans exception tout un sexe. »

Elle critique le Roman de la rose au nom de la responsabilité sociale de l’écrivain ; elle donne un exemple de couple où la misogynie du roman est utilisée par le mari pour justifier sa domination et ses coups sur son épouse.

Avec le recul du temps, il ne fait pas de doute que Christine de Pisan s’attaque à la culture machiste médiévale qui fait écrire par Jean de Meung Mieux vaut décevoir qu’être déçu. Elle affirme que la félicité d’un amoureux ne peut être seulement de "coucher avec leur Dame". Elle s’insurge contre la réduction de la femme au statut d’objet sexuel dévalorisé « Qui sont les femmes ? Qui sont-elles ? Sont-ce serpents, loups, lions, dragons, guivres ou bêtes dévorantes... ennemis à nature humaine qu’il convienne faire art à décevoir et prendre ? Et, par Dieu, ce sont vos mères, vos soeurs, vos filles, vos femmes et vos amies. Elles sont vous-mêmes et vous êtes elles-mêmes. »

D) Contre la loi salique

Pour exclure les filles de la succession au trône de France, des juristes font valoir au 14ème siècle une prétendue loi salique (4ème au 8ème siècles) stipulant cette interdiction.

Christine de Pisan avance quatre axes d’argumentation :

- > la référence à la loi salique constitue un faux La loi salique des mérovingiens puis carolingiens ne concernait absolument pas la succession au trône. Les auteurs qui ont prétendu exclure les femmes de la succession royale ont donc fabriqué des faux habiles (en particulier Jean de Montreuil, son adversaire principal dans la querelle du Roman de la rose). Il a simplement ajouté in regno dans la phrase suivante : mulier in regno nullam habeat portionem (Nulle partie du royaume ne passera à une femme). Ainsi, un texte obscur concernant l’héritage de terres allodiales se voit exhibé comme principe de la lignée royale.

- > Elle comprend parfaitement les raisons machistes des faux utilisés pour faire valoir la prétendue loi salique qui exclut les femmes du trône de France. La nouvelle encyclopédie politique et historique des femmes (Editions Belles lettres) valide son point de vue « Bien qu’humaniste, Jean de Montreuil avait préféré la falsification à l’intégrité philologique et son propre avis juridique au texte même de la loi salique. D’autres allaient suivre sur la même voie. Comment expliquer ce comportement étrange chez ces personnages lettrés et influents ? ... Alléguant une infériorité physique et intellectuelle des naturelle chez la femme, le discours moral qui sévissait dans la culture médiévale gagna en intensité... Très tôt, le phénomène littéraire humaniste qui fit revivre les textes grecs et latins vint renforcer le courant diffamatoire à l’encontre des femmes et lui apporter l’imprimatur du monde antique... Les théologiens, tels Thomas d’Aquin et les juristes s’emparèrent de la métaphysique aristotélicienne, reformulèrent à nouveau l’interprétation biologique qu’elle avait donnée de la femme en tant qu’homme imparfait, c’est à dire en tant qu’être inférieur de corps et d’esprit... »

- > Elle dénonce les auteurs et théoriciens de ces faux : Jean de Meun et ses "mensonges patents", Matheolus "vieillard plein de concupiscence mais impuissant", Jean de Montreuil... « Qu’ils se taisent donc ! Qu’ils se taisent dorénavant ces clercs qui médisent des femmes ! Qu’ils se taisent, tous leurs complices et alliés qui en disent du mal... Qu’ils baissent les yeux de honte d’avoir tant osé mentir dans leurs livres, quand on voit que la vérité va à l’encontre de ce qu’ils disent... »

- > Elle s’appuie sur des exemples pris dans l’histoire pour affirmer qu’ « Il n’est aucune tâche trop lourde pour une femme intelligente. »

E) La Cité des Dames

Christine de Pisan rédige sous ce titre le premier ouvrage construit, argumenté, dont le but est seulement la défense des femmes.

- > Elle utilise 50 chapitres sur 125 pour plaider l’égalité de l’homme et de la femme

- > Elle valorise les qualités politiques, physiques, morales et artistiques de femmes comme Sémiramis, Tomyris, Zénobie, Artémise, Lilie, mère de Théodoric le Grand, Frédégonde, Camille, Bérénice, épouse d’Ariarthe de Cappadoce, Clélie, Cornificia, Probe la romaine, Sappho... Elle rappelle le souvenir des Amazones (Thamiris, Menalippe, Hippolyte, Penthésilée). Elle réfute les thèses antiféministes d’ Aristote, Virgile, Ovide, Cicéron et autres.

- > Elle met en scène trois déesses (Raison, Droiture et Justice) qui lui apportent leur soutien face aux délires misogynes de Matheolus

- > Elle dénonce les préjugés sociaux ridicules du Moyen Age, par exemple la croyance dans la dangerosité de l’étude des lettres pour les moeurs féminines ou leur prétendue incapacité à comprendre les sciences « Si la coutume était de mettre les petites filles à l’école et que communément on les fit apprendre les sciences, comme on fait aux fils, elles apprendraient aussi parfaitement et entendraient les subtilités de tous les arts et sciences comme ils font. »

- > Elle prône une émancipation féminine par la connaissance.

F) Conclusion

Je l’emprunterai à l’ouvrage Histoire du féminisme français du Moyen âge à nos jours (Editions des femmes.

« La figure dominante du féminisme aux 14è et 15è siècle, c’est Christine de Pisan. Cette femme peut à juste titre être considérée comme la première féministe au sens moderne du terme. Première femme de lettres à vivre de sa plume, elle conquiert de haute lutte son indépendance économique et consacre la majeure partie de son oeuvre à la réhabilitation d’un sexe trop longtemps bafoué. Elle occupe dans l’histoire une place privilégiée ; ses prises de position dans la querelle du Roman de la rose indiquent qu’elle désire tout d’abord en finir avec la misogynie médiévale ; ses écrits ultérieurs annoncent ou parfois devancent les théories de la Renaissance et elle n’est pas étrangère à la nouveauté des arguments que l’on voit apparaître après ele, dès le milieu du 15ème siècle, chez les féministes de moindre envergure.... »

Jacques Serieys


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