La loi de 1905 Une loi perfectible : le modèle républicain comme boussole

samedi 22 juillet 2006.
 

On aurait tort de réduire la séparation entre sphère publique et sphère privée à l’idée de neutralité de l’Etat. On aurait tort d’envisager la loi de 1905 comme un compromis entre l’Etat et les puissances religieuses : loin d’être une loi de compromis, la loi de 1905 a été un cran d’arrêt.

Elle a constitué un cran d’arrêt à l’hégémonie de la religion catholique. Elle constitue un cran d’arrêt à l’hégémonie de toutes les Eglises. Ainsi, la loi du 15 mars 2004, qui interdit de manifester par le port des signes ostensibles son appartenance religieuse dans l’espace de l’Ecole laïque, se situe dans l’exact prolongement de la loi de 1905.

Au-delà de cet effet de barrage, la loi de 1905 nous rappelle que, chaque fois qu’une force cherche à transformer le lien politique en lien religieux dans le but de capter la souveraineté, un dispositif législatif est nécessaire. Aussi la loi de 1905 pousse-t-elle le modèle républicain à ses conséquences ultimes.

Pour que le modèle républicain soit effectif, trois conditions sont en effet requises : il faut séparer la sphère publique de la sphère privée, il faut soustraire le corps politique au lien religieux, il faut, enfin, délier le citoyen de toute forme d’appartenance communautaire.

Ainsi, en amont de la loi de 1905, c’est le modèle républicain qui fonctionne comme instance de légitimation. On aurait tort, par conséquent, fétichiser la loi de 1905. A ceux qui considèrent la loi de 1905 comme intouchable, on peut répondre qu’il est possible de la réajuster afin de la rendre plus conforme à l’idéal républicain : par exemple, de supprimer les aumôneries dans les lycées, d’abolir le concordat.

Mais face à ceux qui considèrent cette loi comme ringarde et dépassée, il faut dire fermement qu’on ne saurait tolérer aucune modification qui ouvrirait une brèche aux forces religieuses. Ce serait céder sur le modèle républicain, et réduire le lien politique au lien religieux.

extrait d’un article paru sur le site de l’UFAL par Marie Perret et Jean-Marie Kintzler (complet sur http://www.ufal.org/)


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