La banque anglaise Northern Rock licencie 2000 salariés mais verse près d’un million d’euros à son ex-patron

mardi 8 avril 2008.
 

La banque britannique Northern Rock, nationalisée le mois dernier après avoir frôlé la faillite, a plongé dans une nouvelle polémique lundi, en annonçant parallèlement à un lourd plan de restructuration, qu’elle avait versé un gros chèque à son ancien patron Adam Applegarth.

Dans un rapport annuel d’une centaine de pages, à la page de garde bordée de noir tel un faire-part, Northern Rock a révélé qu’elle devait encore 24 milliards de livres (30,7 milliards d’euros) à la Banque d’Angleterre (BoE), sur les 26,9 milliards qu’elle lui devait fin décembre, faisant ainsi enfin la lumière sur ses comptes après des mois d’opacité.

Elle a dit vouloir rembourser totalement la BoE d’ici fin 2010, ce qu’elle compte faire en réduisant de moitié ses activités (ramenant le portefeuille de ses prêts à 50 milliards contre plus du double aujourd’hui), et en supprimant le tiers de ses 6.000 emplois.

Elle veut aussi améliorer sa structure de financement, son point faible qui avait été à l’origine de sa chute en septembre, en augmentant les dépôts de ses clients, alors que ceux-ci ont retiré au total plus de 12 milliards de livres de ses caisses l’an dernier, notamment lors des trois jours de panique initiale abondamment médiatisés.

Le nouveau patron de la banque, Ron Sandler, désigné par le gouvernement, avait préparé les esprits à de telles mesures dès sa nomination en février, expliquant qu’elles étaient inévitables pour maintenir l’entreprise à flot, rembourser la BoE, et respecter les règles européennes sur les aides publiques, qui l’obligent à réduire la voilure pour ne pas faire d’ombre à ses concurrentes privées de la protection du gouvernement.

Si ce plan n’était donc pas en soi une surprise, sa présentation a coïncidé avec la révélation que l’ancien dirigeant de la banque, Adam Applegarth, recevrait une rémunération de 760.000 livres, soit près d’un million d’euros, suite à sa démission en décembre, ce qui équivaut à environ un an de salaire.

Même si Northern Rock a précisé que le versement fractionné de cette somme serait suspendu si l’ancien dirigeant retrouvait du travail, et a souligné que son montant était nettement inférieur à ce à quoi il aurait pu prétendre (après 24 ans de maison), l’annonce a déclenché une rafale de critiques, qui menaçaient d’éclabousser le gouvernement de Gordon Brown, qui a désormais la haute main sur la banque.

Vince Cable, un des responsables du parti libéral-démocrate, a jugé que ce paiement "outrageux" revenait à "récompenser l’échec".

"C’est l’échec du modèle d’activité qu’il avait mis en place qui a conduit à la ruine de Northern Rock et à faire perdre de l’argent à ses 18.000 actionnaires, sans oublier les 2.000 employés qui vont perdre leur poste", a renchéri Robin Ashby, de l’association des petits actionnaires de Northern Rock.

La banque de Newcastle (nord-est de l’Angleterre), ancienne mutuelle spécialisée dans les prêts immobiliers, qui avait connu une ascension fulgurante depuis son entrée en Bourse en 1997, jusqu’à se hisser au rang de huitième banque du Royaume-Uni, a été précipitée dans la tourmente en septembre.

Alors qu’elle dépendait étroitement des prêts interbancaires pour financer ses activités, faute d’avoir assez cultivé l’épargne de sa clientèle, elle s’était retrouvée soudain privée de liquidités, les autres établissements ayant cessé de vouloir lui prêter à des conditions acceptables, dans le sillage de la crise des crédits hypothécaires risqués aux Etats-Unis.

Elle a alors dû demander secours à la Banque d’Angleterre, et le gouvernement s’est vu contraint de la nationaliser en février, faute d’un repreneur susceptible de rembourser la BoE suffisamment rapidement.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message