Cantonales et municipales Retour sur les chiffres du deuxième tour

jeudi 27 mars 2008.
Source : A Gauche
 

La droite poursuit son décrochage

Au 2e tour des cantonales, la gauche totalise 51 % des voix contre 44 % pour la droite. La poussée de la gauche face à la droite est donc encore plus marquante qu’au 1er tour où la gauche totalisait 48 % aux cantonales contre 41 % pour la droite.

L’abstention persiste.

L’abstention est toujours autour de 35 % comme au 1er tour, soit la plus forte abstention jamais atteinte aux municipales.

Les écarts d’abstention entre les zones urbaines et rurales ont généralement été amplifiés. Souvent, les zones rurales ont encore plus voté qu’au 1er tour où leur participation était déjà très élevée. Par exemple, à Mende en Lozère, l’abstention baisse encore de 24 % à 18 %, soutenant ainsi la percée historique de la gauche. À l’inverse, les grandes aires urbaines conservent des niveaux d’abstention très élevés autour de 50 %.

L’abstention s’aggrave même encore à Paris et dépasse les 43 % ainsi qu’à Lille où elle grimpe de 51 % à 55 %. Cette tendance générale à l’abstention urbaine connaît toutefois des exceptions très significatives politiquement.

Quand la gauche est parvenue à remobiliser fortement les abstentionnistes des quartiers populaires, elle a pu renverser des situations parfois difficiles au 1er tour, notamment en banlieues. À Argenteuil où la gauche était en grande difficulté au 1er tour, elle l’emporte au second grâce à une poussée de 4 points de la participation. À Aulnay-sous-Bois, la gauche l’emporte également contre l’UMP grâce à une chute de l’abstention qui passe de 48 % à 40 %. De même à Amiens, la gauche est également parvenue à faire baisser l’abstention de 45 % à 37 % et réalise 56 % alors que son total de voix au premier tour était de 50,9 %.

À l’inverse, dans les villes où le PS avait mis en scène dès le 1er tour une alliance avec le Modem, le désarroi chez une partie des électeurs de gauche s’est encore accentué au second tour, ce qui s’est traduit par une nouvelle poussée de l’abstention déjà très élevée au 1er tour (de 45 % à 47 % à Grenoble et de 46 % à 47 % à Montpellier).

L’impasse Modem.

L’éditorial de ce bulletin (voir article de Jean-Luc Mélenchon paru ici le mars sous le titre : revient sur la réalité électorale du Modem et l’incapacité des stratégies d’alliance PS-Modem à entraîner l’électorat. Le brouillage politique qui en résulte a même parfois plombé le PS. On l’a déjà signalé au 1er tour à Allès où l’alliance du PS avec le Modem a reporté les électeurs de gauche vers le PCF. Le même phénomène s’est produit au second tour à Brignolles dans le Var où le PCF parvient à l’emporter face à l’UMP sortante, en captant tout l’électorat socialiste désemparé par le tandem PS-Modem qui s’écroule à 10 %.

On ne trouve que de très rares exceptions à ce naufrage général des alliances PS-Modem. C’est le cas à Asnières et à Brive-la-Gaillarde où le PS l’a emporté en fusionnant non seulement avec le Modem, mais aussi avec des dissidents de droite, ex-RPR et UMP. Ces cas sont tellement isolés, fantaisistes et peu exemplaires que l’on ne peut vraiment en tirer aucune leçon sur l’influence du Modem.

Le Modem transparaît donc dans ces élections municipales sous sa vraie réalité politique : un parti de droite avec lequel la gauche n’a rien à gagner.

La gauche entre radicalisation et risque de division

Le second tour a confirmé la radicalisation d’une partie de l’électorat de gauche observée dès le 1er tour.

La bonne résistance du PC.

Loin d’être éradiqué du paysage politique, comme l’annonçaient certains il y a quelques mois, le PCF a continué de résister au second tour. Même si ses conquêtes sur la droite (Vierzon, Firminy, Villepinte, Brignoles ou encore 3 villes gagnées à la Réunion) ou sur le PS (Roissy-en-Brie ou Villeneuve-Saint-Georges) sont en partie atténuées par des pertes (Aubervilliers, Calais) notamment lorsque la gauche était divisée.

La percée de la gauche radicale confortée.

Fait notable, la gauche radicale progresse souvent entre les deux tours. À Clermont-Ferrand où le PS avait refusé la fusion avec le LCR contrairement à 2001, la LCR gonfle de 13,8 % à 15,34 % entre les deux tours. À Montpellier, Grenoble ou Roubaix, la gauche radicale alliée aux Verts amplifie aussi ses scores face au désarroi créé chez les électeurs de gauche par les alliances PS-Modem. À Montpellier, le tandem Verts-LCR grimpe de 16 % en 2 listes séparées de 11 et 5 % au 1er tour à 18 % en liste fusionnée au second. Et l’alliance Verts-citoyens-alternatifs s’envole à 22,5 % à Grenoble.

La gauche radicale a aussi démontré son rôle majeur dans la capacité pour la gauche à créer ou non une dynamique au second tour. Les reports massifs des voix de l’autre gauche ont permis à la gauche de l’emporter à Toulouse, Amiens ou Bar-le-Duc. Mais là où l’entre-deux-tours s’est très mal passé entre socialistes et extrême-gauche, souvent sous l’influence de consignes nationales, la gauche n’a pas pu l’emporter. Le PS perd Agen dans ces conditions, mais aussi Quimperlé où la LCR s’est maintenue en triangulaire. Dans certaines villes, le PS paie aussi très cher d’avoir échoué à fusionner avec des listes divers gauche qui se sont maintenues en triangulaire et perd ainsi Longwy et Châtellerault où les listes de gauche totalisaient pourtant plus de 55 % des voix à l’issue du 1er tour.

Radicalisation captée par l’extrême-gauche d’un côté, alliance avec le Modem de l’autre : ces élections victorieuses interrogent malgré tout sur les risques de division à gauche.

Laurent Mafféïs


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