Portrait – Matthieu Valet, ce syndicaliste policier qui a rallié le RN pour les européennes

jeudi 2 mai 2024.
 

9 avril 2024. Sur le la chaîne d’extrême droite CNEWS, un invité de longue date s’exprime : Matthieu Valet. Il est un habitué des médias de Bolloré. Ancien porte-parole du Syndicat Indépendant des Commissaires de Police (SICP), il a annoncé rejoindre en 7ᵉ position la liste de Jordan Bardella pour les élections européennes du 9 juin.

Il y a quelques mois pourtant, Matthieu Valet démentait être en contact avec le Rassemblement National pour mener une telle campagne. Force est aujourd’hui de constater qu’il a menti. Mais ses convictions profondes, Matthieu Valet n’a en revanche jamais été assez habile pour les masquer.

Coqueluche des médias d’extrême droite depuis plusieurs années, celui qui justifie la mort d’un adolescent de 17 ans n’est pour personne une surprise sur la liste d’un parti raciste, antisocial, pourri par la haine de l’autre.

Matthieu Valet au Rassemblement National, cela n’a rien d’étonnant. Les députés de la France insoumise le prévoyait déjà il y a plusieurs mois. Portrait de Matthieu Valet.

Nahel, Cédric Chouviat, Steve Maia Caniço et tant d’autres… Pour Matthieu Valet, s’ils sont morts, c’est qu’ils l’ont bien cherché Levons d’emblée ce dont personne ne doute : non, pour Matthieu Valet, les violences policières n’existent pas. Pour lui, les morts de Nahel, Cédric Chouviat, Steve Maia Caniço et de tant d’autres sont de simples « difficultés d’appréciation de la force », lorsqu’elles ne sont pas la sentence bien méritée pour des individus d’abord vu comme des délinquants, avant de l’être comme des êtres humains, comme des enfants.

Pour aller plus loin : Meurtre de Nahel : pas de discours, des actes, justice

En 2022, 16 personnes ont été tuées par la Police française pour refus d’obtempérer contre une seule en Allemagne en 10 ans. Réponse de Matthieu Valet ? Applaudir la loi Cazeneuve, plaider pour le choc tactique, justifier la mort par balles d’un adolescent de 17 ans, et, bien-sûr, être incapable de se prononcer sur le million-et-demi d’euros récolté par son responsable.

Pour aller plus loin : Tuez un arabe et devenez millionnaire : le terrible message derrière la cagnotte de Jean Messiha pour le policier qui a tué Nahel

Pire encore, celui qui a causé le départ de certains Policiers de son syndicat pour ses prises de positions à l’extrême-droite, plaide ni plus ni plus ni moins que pour un permis de violenter. Il propose en effet que « le policier [qui] use de la force soit d’entrée de jeu considéré dans son bon droit ». Matthieu Vallet propose en d’autres termes une situation dramatique, qui sous le « contrôle » d’une Inspection Générale de la Police Nationale pour le moins négligente, n’a pas déjà besoin d’une présomption de légitime défense pour que se multiplient les violences indues.

Répétons-le s’il le faut. La Police française est touchée par des logiques systémiques qui rendent possible la multiplication des passages à tabac, des humiliations, des morts. La doctrine française du maintien de l’ordre ; le manque de moyens et de formation pour la Police et la Gendarmerie ; l’opacité et l’impunité absolue qui y règnent sont autant de causes structurelles de la situation que nous connaissons. Revoir la police de la cave au grenier ne pourra se faire qu’en dénonçant et en répondant à ces différents enjeux.

Matthieu Valet « déteste » la Justice ? À l’inverse, Matthieu Valet et le Rassemblement National s’offusquent à l’idée profondément démocratique d’une critique de l’institution républicaine de la Police. Dans un raisonnement presque aussi vide que dangereux, ils prétendent que défendre la Police c’est justement s’abstenir de la critiquer. Ainsi, Matthieu Valet déclare il y a tout juste une semaine : « Au RN, on ne critique pas la Police, parce qu’on ne la déteste pas ».

Mais voici, à peine quelques mois plus tôt (cascade réalisée par un professionnel), ce qu’il déclarait au sujet de la Justice : « Dès qu’on a le malheur de dire quelque chose sur la Justice on est anti-magistrat, on est anti-juge, on fait partie de ceux qui détestent les juges, et ce n’est pas la vérité ».

Matthieu Valet et le parti lepéniste détesteraient-ils alors la Justice ? En tout cas, Matthieu Valet est peut-être en train de s’en inquiéter. Le Canard Enchaîné révélait en effet en novembre dernier que le commissaire de Police était soupçonné du détournement de près de 1 000€ de bons SNCF, revenant en principe à plusieurs de ses collègues. Il serait sous le coup d’une enquête du service de déontologie de la Police.

Haine des étrangers, élitisme, complaisance à l’égard de Vladimir Poutine : Matthieu Valet a tout pour plaire au Rassemblement National Outre son refus prévisible de reconnaître les violences policières, Matthieu Valet incarne plus généralement la panoplie complète de l’extrême droite, entre élitisme et haine des étrangers. D’ailleurs, le député de la France Insoumise Antoine Léaument pariait déjà sur son arrivée sur une liste d’extrême droite dès le mois de décembre 2023.

Incapable de reconnaître l’existence du contrôle au faciès (la Défenseure des droits rappelle ici que de jeunes hommes perçus comme noirs ou arabes ont 20 fois plus de risques de se faire contrôler que le reste de la population), délirant autour d’un « racisme anti-policiers », Matthieu Valet s’est aussi fendu de clichés abjects témoignant d’une haine profonde des étrangers. Ainsi, en 2021, Matthieu Valet déclare que les supporters de football algériens « ont la violence dans leur ADN ». Pour le dire autrement, il associe à une nationalité prétendue l’existence d’un ADN, d’une caractéristique biologique, qui serait responsable de la violence.

En dehors bien-sûr du cas personnel de Matthieu Valet, rappelons à toutes fins utiles que le racisme est puni par la loi.

Aussi, indépendamment de ces ambiguïtés qui n’auront dupé personne, Matthieu Vallet incarne à merveille une autre face indissociable du parti bourgeois qu’est le parti fondé par Jean-Marie Le Pen : l’élitisme. En effet, c’est à grand renfort d’un vocabulaire autour de la « méritocratie », de « l’effort » et de « l’ascenseur social », que le parti d’extrême droite a communiqué sur la candidature de Matthieu Valet. Si ces mots peuvent paraître louables, ils n’en restent pas moins que des mots. En France, en 2024, personne ne peut ignorer qu’il s’agit là d’un vocabulaire bourgeois destiné à justifier la reproduction d’une caste qui s’accapare tout.

Ainsi, lorsque Matthieu Valet s’autoproclame, en toute humilité, « premier de cordée », il insulte toutes celles et ceux qui n’auront jamais la chance de s’extraire d’une condition opprimée.

Les opprimés, ce sont aussi des millions des Russes qui seront heureux d’apprendre de la bouche de Matthieu Valet que Vladimir Poutine n’est pas un dictateur, parce qu’il a été « élu DÉMOCRATIQUEMENT ». Mais au fond, quoi d’étonnant de la part du candidat d’un parti aillant imprimé des tracts à l’effigie de Vladimir Poutine ?


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message