Assurance-chômage : le projet de guerre sociale de Gabriel Attal

lundi 15 avril 2024.
 

Gabriel Attal est favorable à une réduction de la durée d’indemnisation du chômage à 12 mois au lieu de 18 actuellement. Et ce, alors même que seulement 57% des chômeurs sont indemnisés. L’annonce est lâchée sur TF1 ce 27 mars 2024, dans la droite ligne de son discours de politique générale et de sa dernière interview au JDD.

Le Premier ministre confirme une nouvelle fois l’offensive qu’il compte mener avec son gouvernement contre le salariat . « Oui, et ? » : voilà ce que Gabriel Attal répond lorsque Le Journal du Dimanche l’interroge ainsi : a-t-il conscience de prendre le risque de « réveiller la colère sociale ». Le Premier ministre veut tout simplement engager une réforme cynique, socialement cruelle et économiquement inutile. Objectif revendiqué : réaliser 3 milliards d’euros d’économies sur le dos des chômeurs. Pour rappel, réduire les droits de chômeurs n’a pas d’incidence sur la baisse du chômage. C’est même l’inverse qui se produit : le taux de retour à l’emploi de ceux soumis à la dégressivité de l’allocation est plus faible que celui des autres allocataires. Notre article.

Guerre sociale : Gabriel Attal défend une énième réduction de la durée d’indemnisation du chômage

Ainsi donc, le Premier ministre défend une énième réduction de la durée d’indemnisation du chômage. De 18 mois, celle-ci passerait à 12. Cette attaque s’inscrit dans la continuité du logiciel néolibérale d’Emmanuel Macron. Pendant la campagne présidentielle de 2022, le chef de l’État annonçait déjà le pire : adapter les règles de l’assurance-chômage à la situation économique du pays. En somme : que les droits varient selon la conjoncture.

En proposant de baisser les ressources des personnes privées d’emploi, dans un contexte où le chômage remonte, Gabriel Attal porte un nouveau coup de massue. « Oui, et ? » : voilà ce qu’il répond lorsque Le Journal du Dimanche l’interroge ainsi : a-t-il conscience de prendre le risque de « réveiller la colère sociale ». Un régime auquel il veut s’attaquer, alors que ses comptes au vert et qu’elle n’est pas à l’origine du déficit public sur lequel le Gouvernement verse des larmes de crocodiles depuis une semaine.

Néanmoins, parce que le camp présidentiel veut compenser ce déficit qu’il a aggravé, il compte prendre de l’argent sur le dos plus démunis. « Le gouvernement a créé un déficit avec de nombreuses baisses d’impôts pour les classes moyennes, pour les riches et les entreprises. Donc il veut se servir des budgets sociaux comme caisse de compensation », explique Michaël Zemmour dans Politis. « Il y a un acharnement et une incohérence. Un acharnement parce que rien ne justifie cette obsession », résume l’économiste.

Le postulat du Gouvernement est celui de l’ensemble des réformes précédentes. Biaisé. Baisser les allocations « inciterait » au retour à l’emploi ? Faux, le taux de retour à l’emploi de ceux soumis à la dégressivité de l’allocation est plus faible que celui des autres allocataires. L’immense majorité des demandeurs et demandeuses d’emploi ne le sont pas par manque “d’incitation” : 57% des chômeurs ne sont déjà pas indemnisés. Si les gens sont sans emploi, c’est qu’il n’y en a pas. En France, il y a 1 emploi vacant pour 22 demandeurs d’emploi, si on prend les catégories A, B et C. 1 pour 13 si on ne prend que les catégories A.

Une note du ministère du Travail met en doute la politique du Gouvernement, Gabriel Attal s’en moque et marche seul

Deux services clés du ministère du Travail mettent en garde contre un durcissement des règles de l’assurance-chômage, Gabriel Attaque s’en moque. À l’automne 2023, une note émanant de la DARES, l’institut statistique du ministère, et de la Délégation générale à l’emploi et à la formation (DGEFP) est posée sur le bureau d’Olivier Dusspot, aujourd’hui ex-ministre du Travail. « La conjoncture incertaine du marché du travail n’appelle pas un durcissement immédiat des conditions d’indemnisation », cingle la note, dans le langage feutré qu’on connaît de l’administration.

« Il paraît dès lors complexe de justifier un tel durcissement dans un contexte de chômage stagnant ou en légère hausse », insiste la note, alertant sur « une faible acceptabilité politique et sociale ». Aussi, elle souligne l’incohérence de mener une réforme aussi rapidement, sans avoir eu le temps d’étudier ses résultats. Ils seront d’ailleurs sans surprise, puisqu’aucun économiste ou étude sérieuse démontre qu’il y a un lien entre baisse des droits chômeurs et baisse du chômage. Plutôt harceler les chômeurs et casser leurs droits plutôt que de faire les payer les plus riches, voilà le « en même temps « macronien.


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