Algérie-Palestine : nouvelle provocation raciste de Louis Aliot à Perpignan

vendredi 5 avril 2024.
 

A Perpignan, le maire RN, Louis Aliot, organise une exposition intitulée « Soixante ans après, l’histoire se répète : FLN et Hamas, mêmes méthodes, même stratégie ». Des associations protestent contre un maire qui a donné le nom d’un chef de l’organisation terroriste de l’OAS, Pierre Sergent, à une esplanade de la ville.

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Par Gilles Manceron, Fabrice Riceputi et Alain Ruscio.

Le samedi 23 mars était programmé à Perpignan le vernissage d’une exposition intitulée « Soixante ans après l’histoire se répète : FLN et Hamas, mêmes méthodes, même stratégie ». Les organisateurs en sont le maire RN Louis Aliot et le Cercle algérianiste, un organisme financé sur fonds publics et bien connu pour ses falsifications de l’histoire et son culte de l’Algérie coloniale. Treize organisations locales appellent à une manifestation de protestation contre cette nouvelle provocation de Louis Aliot. Rappelons qu’il avait déjà fait adopter par son conseil municipal un hommage à l’officier putschiste et chef criminel de l’OAS, Pierre Sergent, en attribuant son nom à une esplanade de la ville.

Toujours soucieux de satisfaire le noyau dur de son électorat nostalgique de l’Algérie coloniale et admirateur des crimes de l’OAS, le maire de Perpignan renoue donc, un demi-siècle après, avec une pratique très répandue durant la guerre d’Algérie : l’exposition d’images d’« atrocités du FLN », réelles ou non, destinées à disqualifier le combat pour l’indépendance d’une grande partie du peuple algérien et à réduire celui-ci au « terrorisme ». En 1957, Jean-Marie Le Pen, tout juste rentré de son séjour de parachutiste tortionnaire, en organisait déjà de semblables lors de sa « caravane pour l’Algérie française ». Le gouvernement de Guy Mollet, qui encourageait la torture à Alger, en fit une brochure de propagande très largement diffusée. Sans doute s’agit-il des mêmes images.

L’amalgame fait à présent par Louis Aliot et son parti entre le FLN algérien et le mouvement islamiste palestinien Hamas au nom d’une permanence « terroriste » arabe et musulmane, comme l’a fait remarquer Nicolas Lebourg dans un article du quotidien L’Indépendant, est ancienne dans la « fachosphère ». Elle se fonde principalement sur un déni, fort répandu bien au-delà du RN, de la nature coloniale tant de l’Algérie française que de la Palestine qui a connu au XXème siècle, dans le contexte de l’expansion générale des empire coloniaux, d’abord l’arrivée de nombreux immigrants juifs fuyant l’Europe, puis une occupation complète par Israël après 1967.

L’histoire de l’Algérie, comme celle de plus de la moitié des pays aujourd’hui représentés à l’ONU, a été marquée par une longue et violente colonisation de 1830 à 1962. Celle de la Palestine depuis 1948 avec la Nakba, l’expulsion violente de 800 000 Palestiniens, a, elle aussi, été bel et bien marquée par un phénomène colonial, même si celui-ci n’a pas pour origine l’expansionnisme d’un État métropolitain mais un mouvement de refuge de personnes fuyants des persécutions racistes.

La guerre menée par la France en Algérie pour maintenir sa domination s’est faite au prix d’innombrables crimes de guerre et crimes contre l’humanité, dont, par exemple, l’institutionnalisation de la torture et la répétition de massacres de civils en guise de représailles collectives. Comme l’a montré Frantz Fanon, la résistance des colonisés a été quant à elle profondément marquée en miroir par cette violence de longue durée. Et la résistance algérienne a parfois dirigé sa violence non seulement contre l’armée d’occupation mais aussi contre certains éléments de la population civile, comme ce fut le cas par exemple en mai 1945 ou en août 1955 dans le Constantinois. Cette terrible dynamique a parfois débouché sur l’acceptation de pratiques arbitraires qui ont obéré le futur de l’émancipation du pays.

Si un parallèle avec la Palestine existe, il réside en cette violence coloniale subie sans limite et dans des ripostes elles-mêmes criminelles. La « prison à ciel ouvert » de Gaza, on le sait, a nourri des idéologies, des pratiques politiques et un appareil politico-militaire au sein de la résistance palestinienne qui, en prétendant œuvrer à la résistance et à l’émancipation, a commis des actes de nature terroriste. Les massacres du 7 octobre l’ont dramatiquement illustré. Mais ils ne peuvent en aucun cas justifier la véritable guerre à la population palestinienne qu’exerce depuis cinq mois l’État israélien et son armée. Une guerre qui a déjà tué au moins 30 000 civils tout en terrorisant et affamant deux millions et demi de Palestiniens de Gaza, en frappant aussi ceux de Cisjordanie. Tout comme l’assassinat de civils européens lors d’émeutes de colonisés en Algérie ne justifiait pas les massacres aveugles en représailles collectives de milliers de civils algériens par l’armée française.

Louis Aliot et les dirigeants du RN, qui n’ont jamais admis le droit à l’indépendance du peuple algérien, qui vouent un culte aux tortionnaires et assassins ayant sévi au sein de l’armée française, et pour lesquels l’ère coloniale représente un âge d’or dont ils sont nostalgiques, sont totalement disqualifiés pour émettre un tel parallèle historique et se découvrir ainsi soudainement les soutiens des Juifs d’Israël et faire croire qu’ils sont des adversaires de l’antisémitisme.

Cette lamentable exposition à Perpignan confirme que le soutien apporté par le RN à la guerre génocidaire israélienne à Gaza n’a qu’une seule motivation : diffuser le racisme anti-arabe et l’islamophobie dont l’extrême droite a fait en France son fonds de commerce électoral. Comme jadis le suprémacisme blanc du FN le conduisait à admirer et à soutenir l’apartheid sud-africain, et, comme en 1940 l’antisémitisme de certains des fondateurs de ce courant politique les conduisaient à collaborer avec les nazis.


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