Alors que les partis de gauche se dirigent vers les élections européennes en ordre dispersé, plusieurs mouvements de jeunes de la Nupes ont présenté un programme commun pour appuyer l’idée d’une candidature unique. Alexis Bouchard, secrétaire national des Jeunes socialistes explique la démarche pour Ouest-France.

Les jeunes de la Nupes mettent la pression sur leurs aînés. Alors que la gauche se dirige vers des candidatures autonomes aux élections européennes de juin 2024, les jeunes socialistes, écologistes, insoumis et de Générations (les jeunes communistes n’ont pas répondu) ont présenté un programme commun, mercredi 6 septembre 2023.

Pourquoi avoir décidé de présenter un programme commun ?

Cela remonte à l’appel d’Alfortville que nous avons lancé à la fin du printemps avec les jeunes écologistes, les jeunes insoumis et les jeunes de Générations. Nous déplorions l’attitude de nos aînés qui refusaient d’emblée toute forme de dialogue pour les européennes. Nous avons convenu d’engager des discussions et de voir s’il était possible de trouver des propositions communes. Après avoir travaillé tout l’été, nous sommes arrivés à ce programme.

Ceux qui prônent des listes autonomes expliquent qu’il existe de véritables divergences entre les forces de la Nupes sur la question européenne…

Je ne crois pas aux gauches irréconciliables. Avant d’acter la désunion, il faut au moins tenter de discuter. Notre démarche prouve qu’avec des échanges et du travail, on parvient à trouver des solutions communes. D’ailleurs, lors des votes au Parlement européen, on observe que les partis de gauche votent ensemble 80 % du temps. Rien ne nous empêche de discuter et s’il y a des divergences, nous pourrons les acter.

Une candidature unie pourrait rebuter certains électeurs. D’ailleurs, les sondages semblent indiquer que les partis de la Nupes cumuleraient plus de votes avec des listes autonomes. Qu’en pensez-vous ?

Si on part divisés aux élections européennes, la droite et l’extrême droite s’en donneront à cœur joie pour annoncer la fin de la Nupes. Il en va de notre crédibilité politique et du récit que nous devons construire pour gagner en 2027. Lors des législatives de 2022, la création de la Nupes a redonné beaucoup d’espoir à des gens qui ne croyaient plus en la politique. Il faut pérenniser cette dynamique de façon à créer un rapport de force. Une candidature unique pourrait nous permettre de décrocher la première place au soir des élections européennes. Cela enverrait un message fort à la France mais également à l’ensemble de l’Europe qui voit l’extrême droite progresser.

Au vu des positions prises par les écologistes, les communistes et peut-être bientôt les socialistes, vous croyez encore à cette union ?

Nous sommes bien conscients que la situation n’est pas facile. Mais nous souhaitons entamer des discussions avec les chefs de parti. À défaut de les convaincre, l’idée est de construire une base commune de programme, de porter des propositions ensemble ou peut-être d’instaurer un pacte de non-agression.

Sur X (anciennement Twitter), Jean-Luc Mélenchon a évoqué l’idée d’une liste commune des jeunes de la Nupes. Vous y seriez favorable ?

C’est une idée un peu folle, il faut rester rationnel. Plutôt que d’entamer une démarche qui consisterait à faire perdre et à diviser la gauche, il vaut mieux que nous portions nos propositions sur le fonds auprès de nos aînés pour qu’elles soient reprises. Et ensuite, il faudra faire gagner les listes de gauche aux européennes, nous espérons juste qu’il y en aura le moins possible.

Article de Propos recueillis par Alexis BOISSELIER. •