Au sein de la NUPES, le « Mélenchon bashing » de Fabien Roussel irrite

jeudi 27 juillet 2023.
 

Les sorties régulières du député du Nord contre LFI et Jean-Luc Mélenchon sont contestées jusqu’au Parti communiste.

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POLITIQUE - L’été est là. Les Français partent en vacances. Deux ne partiront manifestement pas ensemble : Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon. Depuis les émeutes qui ont éclaté dans le sillage de la mort du jeune Nahel, les désaccords entre le premier secrétaire du PCF et le leader de la France insoumise ont redoublé d’intensité.

Au point que le député du Nord peine à passer une journée sans dire tout le mal qu’il pense de la lecture des événements faite par LFI et ses cadres dirigeants. Ce mardi 4 juillet, le communiste a estimé que les insoumis avaient « légitimé » les violences urbaines. « Je me désolidarise totalement des propos de Jean-Luc Mélenchon et de certains de ses députés qui ont refusé d’appeler au calme », a-t-il déclaré, s’attirant les foudres des insoumis.

Rebelote ce samedi 8 juillet, où Fabien Roussel en a remis une couche sur RMC, affirmant vouloir représenter une gauche « qui ne cède rien aux valeurs de notre République, qui défend la justice et la sécurité, mais aussi l’ordre et la sécurité ». Et d’ajouter : « cette gauche n’est pas celle que représente aujourd’hui la France insoumise ». Des propos qui résonnent avec ceux tenus par la Première ministre Élisabeth Borne, qui a accusé dans l’hémicycle les élus LFI d’être « sortis de l’arc républicain ».

« Propos indignes »

Sans surprise, cette nouvelle sortie du dirigeant communiste a fait bondir l’état-major insoumis. « Fabien Roussel cherche une place au gouvernement ? En tout cas il répète déjà parfaitement les éléments de langage de la Macronie. La gauche mérite mieux que ces guéguerres politiciennes au moment où l’extrême droite menace et où la parole raciste se diffuse comme jamais », a regretté l’eurodéputée LFI Manon Aubry. « Ça suffit, ras-le-bol. Aboyer avec la meute n’a jamais protégé personne d’être le suivant à être mordu. Ne pas voir que la période exige solidarité et unité, c’est participer du danger. Fabien, tu devrais retirer ces propos indignes d’un dirigeant du PCF », a renchéri le député de l’Essonne, Antoine Léaument.

Plus surprenant, les propos du député du Nord commencent aussi à agacer du côté de son propre parti. « Faire le tri entre fréquentables et infréquentables à gauche, c’est précisément le jeu auquel s’adonnent nos adversaires politiques. L’extrême droite compte les points ! La situation est grave, l’unité en responsabilité. Diverse, la gauche est dans l’arc républicain », a réagi, sans nommer directement Fabien Roussel, la députée communiste Elsa Faucillon, qui a souvent affiché une proximité avec les autres formations de gauche.

Député communiste du Cher, Nicolas Sansu ne dit pas autre chose. « Dramatique de faire le jeu de la droite et de l’extrême droite. Nous sommes divers mais tous républicains dans la NUPES. Dire le contraire, c’est aller contre toute l’histoire de la gauche », a-t-il regretté sur Twitter.

Même agacement côté socialiste, où la différence d’approche avec la France insoumise sur le sujet des émeutes est pourtant totalement assumée. « Le Mélenchon-bashing est donc devenu sport national. Pour la droite et les macronistes, c’est bassement tactique. Mais que certains à gauche s’y engouffrent, c’est désolant. Les désaccords à gauche existent et doivent se régler dans le cadre unitaire », a réagi Jérôme Guedj, député PS de l’Essonne et ancien bras droit de fondateur de LFI. « Jean-Luc Mélenchon a défini la NUPES comme un “espace d’émulation”. Que chacun cherche donc à y être le meilleur sans penser que ça passe par la disqualification de l’autre », a-t-il ajouté, sans nommer Fabien Roussel.

« Les propos de Roussel sont minables et pas à la hauteur de l’histoire du PCF. Se déterminer et exister uniquement en critiquant un autre parti de gauche, et ce dans le contexte actuel, témoigne de la faiblesse intellectuelle de l’intéressé », enfonce l’ex-ministre socialiste Dominique Bertinotti.

Il faut dire que la position défendue par le secrétaire national du PCF, qui épouse le tracé de l’arc républicain tel que dessiné par le gouvernement, semble marginale au sein de la NUPES. Vendredi 7 juillet, Olivier Faure jugeait sur Twitter que la Première ministre commettait « une faute en cherchant à sortir LFI de l’arc républicain ». Un point de vue partagé par le sénateur socialiste Rémi Cardon. L’été sera chaud au sein de la NUPES.


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