Mort de Berlusconi, le magnat qui a dédiabolisé l’extrême droite en Europe

samedi 17 juin 2023.
 

L’ancien président du Conseil italien Silvio Berlusconi est mort lundi à Milan à 86 ans. Après avoir fait fortune dans l’immobilier et l’audiovisuel, « Il Cavaliere » avait dirigé l’Italie pendant près de dix ans, inaugurant dès les années 1990 une manière de faire de la politique largement reproduite depuis à l’étranger, entre fusion des droites et bataille culturelle. Avec son lot de scandales et de procès.

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Silvio Berlusconi est décédé lundi 12 juin à l’âge de 86 ans, dans un hôpital de Milan. Celui que Nanni Moretti avait dépeint dans son film Le Caïman (2006) a été le parrain de la vie politique italienne pendant trente ans, avec son lot d’affaires, de procès (abus de pouvoir, prostitution de mineure, fraude fiscale, faits de corruption, financement illicite d’un parti politique…), de scandales et de polémiques.

Il a aussi été le précurseur de ce que certains ont baptisé « populisme » et de l’irruption du discours entrepreneurial dans l’espace politique, entraînant dans son sillage des héritiers aussi divers que Donald Trump ou Emmanuel Macron. Celui qui avait fait fortune dans l’immobilier et acquis la célébrité en bâtissant un empire télévisuel où régnaient les paillettes et la vulgarité se présentait comme un antisystème, prônant le rapprochement avec l’extrême droite.

Comme le soulignait Pierre Musso, spécialiste de sciences politiques, dans son livre Le Temps de l’État-entreprise. Berlusconi, Trump, Macron (Fayard), Berlusconi a ouvert la boîte de Pandore de l’« antipolitique » en politique après la chute du mur de Berlin, et dans cette brèche se sont engouffrés Beppe Grillo, le fondateur du Mouvement 5 étoiles, Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue, et Matteo Renzi.

Berlusconi, « Le Cavalier », voulait gouverner l’Italie comme il gérait ses entreprises. Souvent au bénéfice de ses intérêts personnels, dénonçant les « juges rouges » lorsqu’il avait affaire à la justice.

Berlusconi, qui avait été propriétaire du club de football de l’AC Milan, était aussi un éternel revenant politique, ne cessant de vouloir regagner le premier plan. Mais c’est une de ses anciennes ministres, Giorgia Meloni, qui a précipité son déclin. Elle avait pris ses distances avec lui au début de l’année, lorsque son ancien mentor avait pris la défense de Vladimir Poutine – qui lui avait envoyé vingt bouteilles de vodka et une « gentille lettre » pour son anniversaire – et estimé que Volodymyr Zelensky portait la responsabilité de la guerre en Ukraine. Le dirigeant russe a salué une « personne chère » et un « vrai ami », en qualifiant de « perte irréparable » le décès de ce « patriarche de la politique italienne ».

Le chef d’entreprise et magnat des médias, devenu politique

Avant de devenir un dirigeant de la droite italienne, Silvio Berlusconi a été un homme d’affaires. La fusion de ses deux profils, à partir des années 1990, et la façon dont elle a été aidée par une formation politique à son service, Forza Italia, a fait de Berlusconi un pionnier d’un phénomène qui s’est désormais étendu en Europe, celui des « partis-entreprises » et des « partis personnels ».

Dès les années 1960, il se lance dans le secteur immobilier. Il fait notamment construire des complexes résidentiels dans la région de Milan, qui sont aussi le cadre, en 1974, du lancement de la chaîne de télévision câblée TeleMilano. Ce n’est que le début d’une stratégie de développement de chaînes locales, synchronisées au point d’aboutir à un véritable réseau national. Le groupe Mediaset fait alors partie, avec d’autres activités dans l’édition, la publicité et la finance, d’un empire économique rassemblé sous la holding Finvest.

Problème : cette stratégie entre en contradiction avec le monopole censé être détenu par l’audiovisuel public de la RAI à l’échelle nationale. Alors que la justice menace d’entrer en action, Berlusconi est sauvé par le président du Conseil de l’époque, le socialiste Bettino Craxi. « Dès le début, signale Christophe Bouillaud, professeur à Sciences Po Grenoble, Berlusconi est donc en conflit avec la magistrature. Et il s’en sort grâce à un décret-loi taillé pour lui, par un autre Milanais qui le soutient dans son offensive contre le secteur audiovisuel centralisé à Rome. »

Bettino Craxi, qui côtoie François Mitterrand dans les réseaux socialistes internationaux, recommande l’entrepreneur auprès du président de la République française. Ce sera l’aventure de La Cinq, qui émettra entre 1986 et 1992 (non pas « une télévision Coca-Cola ou spaghetti, mais une télévision beaujolais, avec champagne le samedi », promettra Berlusconi au lancement de la chaîne).

Forza Italia restera un parti personnel, contrôlé jusqu’à sa mort par le « Cavaliere ».

Mais en Italie, la menace juridique continue. Tandis que le système politique italien entre en crise profonde au début des années 1990, « Berlusconi a peur de perdre toute protection politique, poursuit Christophe Bouillaud. Il prend les choses en main, et entre directement en politique. Cela lui a réussi, car les réseaux Mediaset ont prospéré. Par la suite, il a tout de même raté l’expansion de son groupe, qui n’a pas pris le tournant Internet. »

Entre-temps, Berlusconi s’est installé dans le paysage politique au moyen d’un parti ad hoc, Forza Italia. Avant que des professionnels de la politique ne l’aident à le structurer de manière pérenne, notamment au niveau local, l’homme d’affaires s’appuie sur les ressources de son groupe privé. Il y pioche des cadres, des ressources en marketing et en communication, et enrôle les supporteurs de l’AC Milan, racheté en 1986, pour créer 4 000 cercles de sympathisants qui n’ont aucun poids décisionnaire dans le parti.

Ce sera une constante. En plus de reposer sur des techniques de mobilisation et un personnel issu du secteur privé (souvent, en l’occurrence, des employés de ses propres entreprises), Forza Italia restera un parti personnel, contrôlé jusqu’à sa mort par le Cavaliere. « Il a réussi à tuer la notoriété de tout leader secondaire au centre-droit », constate Christophe Bouillaud. Tous ceux qui ont cherché à s’émanciper ont dû tenter leur chance à travers d’autres aventures partisanes, qui ont généralement périclité. La dépendance de Forza Italia envers son fondateur laisse planer un doute sérieux sur sa pérennité. Mais la forme-parti entrepreneuriale et personnaliste, elle, a prospéré bien au-delà de l’Italie.

Le liquidateur du consensus social d’après-guerre

Le 26 janvier 1994, lorsque Silvio Berlusconi décide de « descendre dans l’arène », la politique italienne est un champ de ruines. L’opération « mani pulite » (« mains propres ») a détruit le système de l’après-guerre en mettant au jour une corruption généralisée. La Démocratie chrétienne (DC), parti pivot du pays depuis 1946, autour duquel se sont constituées toutes les coalitions, s’est désintégrée et avec elle tous ses alliés.

Le Cavaliere remporte alors avec Forza Italia sa première campagne électorale. Certes, ce premier gouvernement sera court (de mai à décembre 1994) et il ne revient au pouvoir qu’en 2001 pour cinq ans, puis de 2008 à 2011. Mais pendant toute cette période, depuis l’opposition ou le palais Chigi, siège de la présidence du Conseil, il a fortement influencé la politique du pays. En cela, il est le vrai liquidateur de la première République italienne et un des fondateurs de cette seconde République qui peine depuis trente ans à trouver ses marques.

Silvio Berlusconi a réussi à fédérer un électorat de petits entrepreneurs et d’indépendants autour d’un électorat populaire, notamment dans le Sud.

En se plaçant au centre du jeu et en soutenant les réformes favorisant les primes majoritaires, il construit un bipartisme désidéologisé et fondé sur des personnalités. Dans la première République, le bipartisme DC-PCI était idéologique et assez théorique puisque la Démocratie chrétienne restait toujours au pouvoir et constituait a posteriori des alliances avec des petits partis afin de bloquer l’accès des communistes au pouvoir.

Avec Berlusconi, le jeu est différent : il devient celui autour de qui se focalise le choix politique. L’alternance devient possible, mais perd en contenu idéologique. Malgré l’échec de l’alliance des droites en 1994, le patron du Milan AC va ainsi former dans les années 2000 des coalitions autour de sa personne et forcer les partis de gauche à en faire autant. Par ce biais, il contribuera à modifier en profondeur la gauche italienne, désormais désireuse de « gagner le centre » contre Berlusconi.

Dès lors, l’ex-PCI, devenu Parti démocrate en 2007 après être passé par des appellations de plus en plus « neutres », devient un parti largement acquis aux politiques néolibérales que le Cavaliere promeut depuis 1994 : libéralisation du marché du travail, baisses d’impôts, privatisations.

L’alternance dans les années 2000 est donc moins politique que personnelle. Lorsque la gauche exerce le pouvoir de 1996 à 2001, puis de 2006 à 2008, le contenu politique de ses gouvernements est à peine différenciable de celui des gouvernements Berlusconi. L’enjeu des élections, de 1998 à 2008, n’est que de savoir si Berlusconi entrera ou non au palais Chigi.

Mais dans les faits, Silvio Berlusconi est aussi le liquidateur du compromis social italien de l’après-guerre. Certes, en mars 2002, il doit battre en retraite sur le statut des travailleurs et travailleuses après une manifestation monstre qui réunira près de trois millions de personnes dans le pays. Mais cette mobilisation sera la dernière. Un an plus tard, avec la loi Biagi, il libéralise le marché du travail, favorisant le travail précaire. Ses politiques de baisses d’impôts et sa réforme des retraites de 2004, ainsi que la politique d’austérité qui a suivi la crise de 2008, ont fortement contribué à faire de l’Italie, jadis point chaud de la contestation sociale en Europe, un des pays les plus culturellement acquis au néolibéralisme.

Cela s’est fait aussi autour de la construction d’une base sociale particulière : Silvio Berlusconi a réussi à fédérer un électorat de petits entrepreneurs et d’indépendants autour d’un électorat populaire, notamment dans le Sud qui a pu croire à son discours d’ascension sociale par la liberté du marché du travail et la faiblesse des impôts. Ce discours a été le ciment de sa (fragile) coalition entre la Ligue du Nord et les néofascistes.

Reste que cette construction s’est révélée très largement inefficiente. Les contradictions économiques de l’Italie et ses divisions ont achevé l’échec du berlusconisme. Le Cavaliere n’a jamais réussi à fusionner toutes les droites autour de sa personne, et sa tentative de nouveau compromis néolibéral s’est fracassée sur les intérêts divers du nord et du sud de la péninsule. Sa coalition est devenue instable après la crise de 2008.

De ciment de la droite, il est devenu un obstacle qui a été écarté en novembre 2011 sous la pression de la BCE pour placer à sa place un gouvernement « technique » ultra-austéritaire dirigé par Mario Monti. Le berlusconisme est alors devenu hors sujet, mais son héritage sur l’Italie contemporaine est considérable.

Le dédiabolisateur des extrêmes droites

Avant de diriger l’Italie à la tête d’un parti post-fasciste, Giorgia Meloni est devenue en 2008, à 31 ans, la plus jeune ministre de l’histoire de la République italienne. Elle a décroché cette année-là le portefeuille de la jeunesse, au sein de l’avant-dernier des gouvernements Berlusconi.

À l’époque, le Cavaliere fait le choix de gouverner en coalition avec l’Alliance nationale de Gianfranco Fini – le premier parti de Meloni, héritier du Mouvement social italien (MSI, post-fascistes) – et la Ligue du Nord d’Umberto Bossi. Mais si Meloni doit en partie son ascension à cette nomination surprise de 2008, les relations entre les deux n’ont jamais été simples.

Berlusconi, qui n’a jamais été un partisan d’extrême droite, a été un acteur clé de la dédiabolisation de formations d’extrême droite.

Pietro Castelli Gattinara, chercheur

En 2016, alors que Meloni fait campagne enceinte pour la mairie de Rome, Berlusconi n’hésite pas à se demander si la maternité est compatible avec la fonction d’édile. Depuis l’automne 2022, Meloni, au pouvoir, réfléchissait même à construire un « cordon sanitaire » pour encadrer Berlusconi, en partie sur ses sorties pro-russes en pleine guerre en Ukraine, qui déstabilisaient la coalition des droites à Rome.

Quoi qu’il en soit, Berlusconi, en décidant de gouverner avec l’Alliance nationale, est le premier dirigeant d’un pays fondateur de l’UE à briser un tabou dans l’exercice du pouvoir : oui, la droite traditionnelle, associée au Parti populaire européen (PPE) à Bruxelles, est à même de gouverner avec l’extrême droite post-fasciste. Sous cet angle, Berlusconi est bien un précurseur des mutations à droite : il teste avec 15 ans d’avance ces alliances entre droite et extrême droite qui se multiplient sur le continent, de l’Italie à la Suède, de la Finlande à l’Espagne (au moins au niveau régional, pour ce dernier pays).

« Berlusconi, qui n’a jamais été un partisan d’extrême droite, a été un acteur clé de la dédiabolisation de formations d’extrême droite », expliquait l’an dernier à Mediapart Pietro Castelli Gattinara, professeur à l’Université libre de Bruxelles (Cevipol) et chercheur à Sciences Po. À l’approche des européennes de juin 2024, le débat au sein des droites risque de s’intensifier sur les bienfaits de ce type de rapprochement avec les formations les plus extrémistes – débat que Berlusconi a lancé, et tranché, dès 2008.

Les affaires

Pour beaucoup, dans le monde entier, Silvio Berlusconi incarne la figure du chef de gouvernement cerné par les affaires. Tel un Benyamin Nétanyahou en Israël, un Donald Trump aux États-Unis ou, en France, un certain Nicolas Sarkozy, avec lequel le leader italien a entretenu des relations parfois orageuses.

Sur le plan judiciaire, Silvio Berlusconi a été beaucoup poursuivi dans des dossiers de toute nature – notamment pour des relations sexuelles avec des mineures –, mais, finalement, peu condamné. Il ne l’a même été définitivement qu’une seule fois, en 2013, pour fraude fiscale, dans une affaire de droits télévisés liés à son empire médiatique Mediaset. Il avait alors écopé de quatre ans de prison, une peine assortie d’inéligibilité, ce qui avait provoqué la déchéance du mandat de sénateur qu’il occupait alors.

On ne compte plus les attaques menées par Silvio Berlusconi et son clan contre les « juges rouges ».

En dehors de ce dossier, l’ancien chef du gouvernement italien a réussi à se sortir des filets de la justice dans une vingtaine d’affaires différentes, qui portaient sur des soupçons de corruption, de détournements de fonds ou de liens avec des organisations mafieuses. Silvio Berlusconi a, la plupart du temps, trouvé le salut juridique grâce à un vice de forme, comme la prescription, ou des principes d’immunité conférés par ses fonctions.

Mais au-delà des faits, le berlusconisme aura aussi été, dans la forme, un cas d’école d’une forme de populisme judiciaire, dont se sont inspirés nombre de ses contemporains. On ne compte plus ainsi les attaques menées par Silvio Berlusconi et son clan contre les « juges rouges » qui auraient été les agents d’une justice devenue un « organe politique », adepte de « chasse à l’homme ». Une stratégie de la terre brûlée contre les institutions de son propre pays dont la France est, elle aussi, le théâtre depuis des années, comme en témoignent les saillies de l’ancien président Nicolas Sarkozy ou de l’actuel garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti.

L’éternel revenant

Le berlusconisme doit-il être considéré comme mort au moment où Silvio Berlusconi passe de vie à trépas ? Son parti, Forza Italia, avec à peine plus de 8 % des voix aux élections législatives de septembre dernier, a chuté de près de moitié par rapport aux élections de 2018. Et dû, pour la première fois, laisser les commandes de la coalition de droite et d’extrême droite qui gouverne l’Italie à Giorgia Meloni, issue du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia. Mais que le parti de Berlusconi soit aujourd’hui moribond électoralement ne suffit pas à l’enterrer.

Berlusconi, le Frankenstein de la politique italienne, a souvent été donné pour fini à cause de tel scandale médiatique, de telle affaire judiciaire, de tel retournement d’alliance électorale avant de renaître, plus ou moins métamorphosé. Il pourrait bien en être de même pour le berlusconisme, dont l’influence sur la scène politique italienne et une partie des droites européennes est sans doute aussi importante que difficile à estimer.

Le berlusconisme a tenté d’inventer une Italie du bien-être et du bonheur, représentée par le spectacle de la télévision.

Emilio Gentile, historien

D’abord, parce que la figure de Berlusconi a occupé une place inédite depuis deux décennies dans le champ italien. Comme nous le disait une activiste LGBT italienne confrontée à l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir : « Le problème, c’est que pendant vingt ans, on n’a fait que parler de Berlusconi et qu’on a oublié de faire de la politique. » Que se passera-t-il, en positif comme en négatif, maintenant que la figure centrale de la politique italienne s’est éteinte ?

Ensuite, parce qu’il est impossible de dire aujourd’hui qui de l’extrême droite ou de la droite italienne a phagocyté l’autre. Certes, c’est Giorgia Meloni, lancée par Silvio Berlusconi, qui dirige aujourd’hui le gouvernement. Mais elle a été elle-même idéologiquement façonnée par ce dernier : aux élections de 2014, son parti, Fratelli d’Italia, prônait la sortie de l’UE et de l’euro, alors qu’elle s’affiche aujourd’hui tout sourire à Bruxelles.

En outre, Fratelli d’Italia, qui n’était qu’un parti groupusculaire il y a quelques années, manquant parfois de personnel politique ou administratif, s’appuie pour gouverner non seulement sur des barons de Berlusconi au Sénat, mais aussi sur des grands commis de l’État qui ont mis en œuvre la politique de la coalition de droite et d’extrême droite quand elle était dirigée par Forza d’Italia.

Enfin, parce que, pour le dire comme l’historien du fascisme Emilio Gentile dans Le Grand Continent, il est aujourd’hui bien difficile de savoir ce que donnera la synthèse aussi inédite que chaotique forgée par Berlusconi, au moment où son principal artisan disparaît : « Ce qui se passe aujourd’hui en Italie est, à mon avis, une situation qui, à bien des égards, est loin d’être rassurante parce qu’elle est chaotique, non pas parce que le fascisme revient, mais parce que c’est une démocratie intérimaire qui gouverne, et une démocratie confuse en plus. »

« Aujourd’hui, nous avons les post-fascistes alliés à un mouvement, la Ligue, qui prêche depuis plus de trois décennies que l’unification de l’Italie était une erreur, que l’État-nation est une honte et qu’il faut procéder à sa démolition par la sécession ou l’autonomie, poursuit l’historien. En outre, les post-fascistes et les membres de la Ligue sont alliés depuis trente ans au parti personnel de Berlusconi, le parti de la vie joyeuse qui incarne exactement le contraire de la vie spartiate et totalitaire du fascisme. Le berlusconisme a tenté d’inventer une Italie du bien-être et du bonheur, représentée par le spectacle de la télévision. Ce n’est pas du fascisme, même sous d’autres formes. Il est difficile de dire ce qui peut sortir de ce mélange idéologique et politique. »

Lundi, Giorgia Meloni a fait le strict minimum en saluant « un battant ». « C’était un homme qui n’avait pas peur de défendre ses convictions et c’est précisément son courage et sa détermination qui ont fait de lui l’un des hommes les plus influents de l’histoire de l’Italie », a-t-elle ajouté.

Fabrice Arfi, François Bougon, Joseph Confavreux, Fabien Escalona, Romaric Godin et Ludovic Lamant


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