Le changement climatique en France

mardi 10 janvier 2023.
 

Le magazine Reporterre a publié un remarquable dossier ce 4 janvier 2023 intitulé "Tout savoir sur le changement climatique en France".

Il comprend 4 parties :

Cliquez pour aller directement à l’un des thèmes :

1. Quels sont les indicateurs du réchauffement ?

2. Comment nous, Français, sommes déjà affectés ?

3. Combien la France émet-elle de gaz à effet de serre ?

4. Quels sont les principaux secteurs émetteurs ?

Nous reproduisons ci-dessous le lien adéquat vers ce dossier (adresse URL portée en source) et la première partie

1. Quels sont les indicateurs du réchauffement ?

🔸 Les hivers s’estompent et les vagues de chaleur sont plus fréquentes

C’est l’un des signes les plus évidents du changement climatique. Depuis 1900, la température moyenne de l’air en France a augmenté de 1,7 °C, un niveau supérieur à la moyenne mondiale (+1,1 °C).

Le rythme s’est accéléré depuis les années 1980. La température moyenne annuelle en métropole a atteint 14,1 °C en 2020, dépassant la normale de 2,3 °C (la « normale » étant fixée par rapport à la période de référence 1961-1990).

L’année 2020 s’est ainsi classée au premier rang des années les plus chaudes sur la période 1900-2020, devant 2018 (13,9 °C) et 2014 (13,8 °C).

Depuis 1947, on compte le nombre de records quotidiens chauds ou froids par rapport aux années précédentes. Dans un climat stationnaire, le nombre de records chauds devrait égaler celui des records froids. Or ce n’est pas le cas : le nombre de journées chaudes (températures maximales supérieures à 25 °C) augmente, tandis que le nombre de jours de gel diminue. En toute logique, plus la série de mesures s’allonge, plus il devrait être difficile de battre des records. Ces dernières années ont montré que ce n’est pas non plus le cas. Les hivers ont tendance à s’estomper.

En France, lorsque des journées anormalement chaudes se succèdent pendant au moins trois jours, on parle de vague de chaleur [1]. Leur fréquence et leur intensité augmentent. Selon Météo France, sur les 41 vagues de chaleur mesurées entre 1947 et 2019, 9 ont eu lieu avant 1989, contre 32 entre 1989 et 20197.

Celles de l’été 2019, avec 46 °C dans le sud de la France et presque 43 °C sur la région parisienne, étaient une conséquence directe du changement climatique. Et en juin 2022, la France, l’Espagne et les pays du Maghreb ont connu en juin, « une vague de chaleur exceptionnelle par sa précocité », a relevé Météo France. En France comme ailleurs, le phénomène est voué à s’aggraver.

🔸 Le niveau de la mer monte

Dans son dernier rapport sur les bases physiques du réchauffement climatique [2], le GIEC souligne que le niveau des océans s’est élevé, en moyenne, de 20 cm entre 1901 et 2018 [3].

De tous les effets du réchauffement, c’est le plus inquiétant car il est irréversible (sauf à connaître une nouvelle ère glaciaire de grande envergure, ce qui n’est pas prévu). Le rythme s’accélère : + 1,3 mm/an jusqu’en 1971, mais + 3,7 mm/an depuis 2006 [4]. Avec 7 000 km de côtes (dont 1 500 km outre-mer), la France est évidemment concernée. Les mesures par satellite, les plus récentes et les plus fiables, indiquent que le niveau de la mer le long des côtes françaises atlantiques et méditerranéennes s’est élevé un peu moins que la moyenne mondiale sur la période 1993-2013.

🔸 Les épisodes méditerranéens se multiplient

Trois à six fois par an, en automne, de violents orages frappent le sud-est du pays. L’équivalent de plusieurs mois de pluies tombe en seulement quelques heures ou quelques jours : on parle d’épisodes méditerranéens. Le relief, les sols souvent secs, leur artificialisation expliquent pourquoi des crues éclair, dévastatrices, se produisent. Signe d’un changement climatique sur l’arc méditerranéen, la fréquence des épisodes les plus violents, durant lesquels plus de 20 cm d’eau tombent en 24 heures, a été multipliée en France par 2,7 entre 1961 et 2015.

🔸 L’enneigement baisse et les glaciers fondent

En montagne, l’augmentation moyenne des températures est plus forte qu’en plaine. La pluie remplace la neige, et cette dernière fond plus vite : la durée et l’épaisseur de l’enneigement diminuent. De combien ? Les mesures fiables sur des périodes longues manquent, en particulier en altitude (>2 200 m). Néanmoins, 60 ans de recul au col de Porte permettent de constater qu’à 1 325 m d’altitude, dans le massif de la Chartreuse (Alpes), l’enneigement a perdu près de 40 cm d’épaisseur de neige hivernale moyenne entre les périodes 1960-1990 et 1990-2019.

La température hivernale, elle, y a augmenté de plus de 0,9 °C. Plus globalement, en dessous de 2 000 m d’altitude, la période durant laquelle il y a de la neige au sol l’hiver est passée de 34 à 22 jours dans les Alpes entre 1971 et 2019.

De tous les milieux naturels, les glaciers sont les plus sensibles aux variations de température. Entre 1550 et 1850, le climat a été favorable à la croissance des glaciers des Pyrénées et des Alpes (on parle de « Petit Âge glaciaire »). Depuis, selon l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique, un retrait généralisé est constaté. En prolongeant la courbe de tendance, on peut craindre l’extinction des glaciers pyrénéens aux alentours de 2050.

🔸 Les êtres vivants s’adaptent

La chenille processionnaire gagne du terrain. Connue pour ravager le feuillage des pins sans causer leur mort, cette larve d’un papillon de nuit est sensible aux gelées et à une forte pluviosité. Ses faiblesses ont longtemps contenu sa présence dans le sud de la France. Mais son aire de répartition s’étend désormais au nord jusqu’en Île-de-France, en Bourgogne et en Haute-Normandie, voire en altitude jusqu’à 2 100 m. S’il n’est pas le seul moteur de l’expansion de cette chenille, le changement climatique en est un des principaux.

Au printemps, les oiseaux migrateurs reviennent nidifier en France de plus en plus tôt. Les observations sont conduites à la pointe de Grave, à l’extrémité nord de la pointe du Médoc, où se concentre un flux important de ces volatiles. Seize espèces font l’objet d’un suivi visuel (busard cendré, milan noir, hirondelle de fenêtre, etc.), et toutes ne répondent pas de la même manière au réchauffement climatique. Le décalage temporel atteint presque dix-sept jours pour le balbuzard pêcheur pour moins de un jour pour le martinet noir. Cependant, tous ces migrateurs sont de retour, en moyenne, 6,5 jours plus tôt qu’en 1987.

En moyenne, les vendanges ont lieu 18 jours plus tôt qu’il y a 40 ans. Cette précocité est un marqueur robuste de la réaction de la végétation au réchauffement. Entre 1950 et 2019, le cépage riesling en Alsace a même vu le début des vendanges s’avancer de presque un mois. Sur la même période, pour les appellations Tavel et Châteauneuf-du-Pape, le début de la vendange passe de la deuxième quinzaine de septembre à la deuxième quinzaine d’août. Moins médiatisée, la date de pleine floraison, indépendante de toute action humaine, est encore plus fiable. En Alsace, elle a avancé d’environ 15 jours.


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