Qu’ils aillent se faire voir chez les Gracques !

mercredi 18 octobre 2017.
 

Rarement rentrée politique aura été si navrante au PS. Navrante car révélatrice d’un tournant assumé, décomplexé (c’est à la mode...), tendant vers un social libéralisme bien plus qu’une social-démocratie. Peut-on être socialiste si l’on pense que l’économie de marché et la mondialisation doivent guider le monde et que l’Etat et la politique n’ont plus d’influence ? A en croire ces dernières semaines, il semblerait que oui.

Les exemples, à des degrés divers, fusent. C’est Montebourg, lucide et courageux en son temps lorsqu’il refusait la synthèse du Mans, qui prône à demis mots, lors des journées de Frangy en Bresse, l’autonomie des universités, avec les inégalités que cela engendrerait en éloignant un peu plus l’enseignement supérieur de l’universalisme républicain.

C’est Valls, le bien nommé tant ses prises de positions sont dansantes (rappelons nous qu’il défendait le non en interne lors du TCE quand le oui l’emportait avant de défendre le oui quand la gauche et le peuple choisirent le non...), qui va jusqu’à envisager de changer le nom du Parti (pauvre Savary !).

C’est Désirs d’Avenir - Paris qui, dans une lettre ouverte à Marie Noëlle Lienemann, prétend que 60 % des militants ont choisi Ségolène en novembre dernier uniquement parce qu’elle incarnait un renouveau idéologique (et non pas parce que les sondages la donnaient seule gagnante face à Sarkozy...), égratignant au passage le choix des camarades ayant opté pour le « non » au TCE en le qualifiant de « contestable » pour le simple fait qu’il ait été exprimé et défendu !

C’est le martèlement, depuis La Rochelle, par Ségolène et ses sbires, de la nécessité de « respecter le vote des militants », de peur qu’une minorité se voulant éclairante puisse encore avoir une quelconque influence sur les esprits.

C’est la volonté affichée d’en finir avec les motions lors des congrès.... Il est vrai que les motions mettent en exergue des appréciations de fond différentes sur des sujets majeurs, voire des idéologies contrastées. Au diable les idées ! L’essentiel, on l’a perçu lors de l’atelier « existe-t-il un centre » à La Rochelle, étant de savoir comment la gauche doit faire pour ajouter à ses 36 % de quoi obtenir un score majoritaire. Les 18 % du Modem sont tentants. Préférer faire 50 % sur un programme entraînant ne semble donc plus être un objectif. Cela en dit long sur l’optimiste et l’audace de nombreux socialistes... c’est ça la modernité, sans doute. Ainsi va le renouveau politique, qui rime avec arithmétique et non plus esprit critique ou fondement idéologique.

L’aveu d’un député européen qui claironne qu’il « faut en finir avec les postures morales et tribunitiennes » est assez révélateur de ce « renouveau politique ».

La fracture est ainsi claire au PS. Il y a d’un côté ceux pour qui l’idéologie (la pensée), les valeurs (Liberté, Egalité Fraternité), les principes (Laïcité) doivent prédominer sur la stratégie, et ceux, plus suivistes, pour qui la société est à apprivoiser (sondages !) et non plus à convaincre, pour qui l’aspiration du plus grand nombre, quelle qu’elle fut, doit être le seul guide permettant de revenir au pouvoir.

Il y a ceux qui pensent que la politique doit influer sur les événements et ceux qui préfèrent coller à l’opinion (débats participatifs !) pour arriver à leurs fins politiques.

Etant donné ce que pense l’opinion dominante, ils ont de beaux jours devant eux.

A tous ceux là, qui, chez les Gracchus, semblent préférer les démagogues frères Sempronius au bon Babeuf, je dit : « allez vous faire voir chez les Gracques » !

Vincent Bawedin Membre du Conseil Fédéral et Secrétaire Fédéral du PS de la Somme


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message