Le Japon tremble encore pour son nucléaire

mercredi 25 juillet 2007.
 

L’ouest et le centre du Japon viennent d’être touchés à la fois par un puissant séisme (bilan provisoire : 10 morts, 13 000 réfugiés e 2 000 bâtiments détruits) et par un miracle. Le séisme d’une magnitude de 6,8 sur l’échelle de Richter, a été localisé à neuf kilomètres des sept réacteurs de la mégacentrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa. Or, au vu de la liste des dégâts à l’intérieur de la centrale, il est clair que celle-ci n’était pas conçue pour résister à un tel choc.

Fissures.

Quand la terre a tremblé, lundi, à 10 h 13, la centrale a vibré. Des bâtiments se sont fissurés. Des circuits auxiliaires aux réacteurs et des postes électriques ont souffert. Un transformateur a pris feu - il a fallu deux heures pour vaincre l’incendie. Plus grave, la centrale est en proie, depuis lundi, à des fuites radioactives, « légères » et « inoffensives pour les populations locales et l’environnement », selon la compagnie électrique Tepco (Tokyo Electric Power Co), qui la gère. Depuis lundi, 50 « dysfonctionnements » ont été répertoriés par les experts de l’Agence (gouvernementale) pour la sécurité nucléaire. D’où la décision de mettre à l’arrêt la centrale « pour des raisons de sécurité. » Et jusqu’à nouvel ordre.

Depuis, c’est tout le Japon qui tremble pour ses 55 réacteurs. Leurs normes parasismiques sont-elles au point ? Hier, Mohamed el-Baradei, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) - qui semble soudain plus préoccupé par les installations du Japon que celles de Corée du Nord - a proposé ses services à l’archipel. L’AIEA est d’autant plus impatiente d’intervenir qu’elle n’a guère confiance en Tepco, longtemps modèle d’opacité. Depuis vingt ans, cette société a étouffé nombre d’incidents. Dont un, il y a sept ans, à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, celle-là même qui fuit depuis lundi. En 2003, Tepco avait aussi brusquement mis à l’arrêt à 17 réacteurs pour « raisons de sécurité » : des fissures et des fuites radioactives avaient été cachées aux autorités.

Déchets.

Cette semaine, face à l’inquiétude de la communauté internationale, le groupe a reconnu que, à cause d’ « une erreur de calcul », il avait sous-estimé la quantité d’eau radioactive qui avait fui . Il a précisé qu’une centaine de fûts d’acier hermétiques contenant des déchets radioactifs s’étaient renversés et « ouverts » - en clair que leur contenu s’était répandu. Enfin, Tepco a fait savoir qu’une « faible quantité » de matière radioactive avait été rejetée dans l’atmosphère. Dans un Japon qui pauvre en énergies fossiles qui dépend à 35 % du nucléaire pour son électricité, le séisme a réveillé les pires soupçons quant à la sûreté des réacteurs du pays. Peut-être aussi parce que les quatre derniers accidents nucléaires mondiaux se sont produits au Japon dans l’archipel : dans les centrales de Mihama en 2004 (5 morts et 6 blessés), Tokaïmura en 1999 (2 tués, 600 irradiés, 300 000 réfugiés) et 1997 (37 irradiés), et à Monju en 1995. Le pays espère pourtant augmenter le nombre de ses réacteurs, pour en posséder 80 d’ici à 2010 ou à 2012.

Par MICHEL TEMMAN


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