Électricité : Désintégration d’EDF

lundi 9 décembre 2019.
 

Hercule : c’est le nom choisi pour le projet qui vise à scinder EDF en deux entités distinctes : un « EDF bleu », détenu à 100 % par l’État, rassemblant l’ensemble du nucléaire, les barrages hydroélectriques ainsi que RTE, le Réseau de transport d’électricité ; et un « EDF vert », au capital ouvert au privé, regroupant la branche commerce, qui fournit l’électricité aux particuliers et aux entreprises, mais aussi les activités dans les énergies renouvelables et le distributeur Enedis (ex-ERDF), aujourd’hui propriété à 100 % d’EDF.

C’est un procédé classique : cela revient à privatiser les bénéfices et à socialiser les pertes au vu des déboires de la filière nucléaire, encore aggravées avec l’annonce d’un nouveau dépassement de budget et d’un nouveau report de l’EPR de Flamanville qui devrait coûter au total plus de 12,5 milliards d’euros.

Cette attaque contre l’entreprise publique EDF, après la privatisation de GDF et l’ouverture à la concurrence du secteur de l’énergie sous la pression de l’UE, rendrait encore plus difficile la planification de la transition énergétique.

Cela se fait sous accord de l’UE. Les négociations engagées par le gouvernement avec la Commission européenne pour désintégrer EDF et rehausser le prix de vente de l’électricité nucléaire historique (Arenh) offert aux fournisseurs privés d’électricité prennent plus de temps que prévu. Le PDG d’EDF, J-B Levy, tarde donc à présenter son projet à l’exécutif.

À quelques mois des municipales, le projet « Hercule » suscite une levée de boucliers chez les élus locaux. Ils craignent une remise en cause du monopole d’Enedis dans la distribution d’électricité et la fragilisation du mécanisme qui permet que la prix de l’électricité soit le même à Paris et dans les confins du territoire.

Ce projet, qui met en péril l’édifice construit après la seconde guerre mondiale sous l’impulsion du Conseil National de la Résistance, rencontre une forte opposition chez les salariés d’EDF. Une première grève a mobilisé près de 40 % des salariés d’EDF le 19 septembre dernier et une seconde a eu lieu le 17 octobre.

Ce sujet nous concerne tous : nous avons tous besoin d’un accès égal à électricité pour vivre et nous luttons pour mener la transition énergétique. Pour ces deux raisons, il est nécessaire de refonder un service public de l’énergie en nationalisant le secteur de l’énergie pour sortir du nucléaire et développer les énergies renouvelables. Ce qui implique de lutter sans relâche contre le néolibéralisme qui nous vole notre avenir.

Pierre Vince


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