Droit de l’enfant : « Nous sommes revenus en ce XXIe siècle au temps médiéval des Hôtel-Dieu »

jeudi 28 novembre 2019.
 

Pour Antoine Durrleman et Louis Gallois, il s’agit d’une régression sociale majeure qu’en France, on laisse de plus en plus d’enfants vivre dans la rue, expliquent dans une tribune au « Monde », les deux anciens grands commis de l’Etat.

Ce n’est pas à l’autre bout du monde que cela se passe. C’est dans les rues de nos villes, c’est sur leurs trottoirs, que chacun peut en faire le constat dramatique : jamais autant d’enfants, de nourrissons, de bébés, de femmes enceintes sans abri. Pas seulement en journée. Aussi les nuits. Les unes après les autres. Pendant des semaines et des semaines. Pendant des mois.

Ce 20 novembre sont célébrés les trente ans de la convention internationale des droits de l’enfant qu’a ratifiée la France. Elle a pris alors l’engagement solennel de protéger tous les enfants des risques de tous ordres qui peuvent les menacer. En ce jour anniversaire, nous voulons le dire haut et fort : notre pays faillit honteusement à cet engagement en acceptant de laisser à la rue toujours plus d’enfants.

Les chiffres sont tragiques. A Paris, 700 enfants en famille sollicitent chaque jour un hébergement au SAMU social en appelant le 115. En vain. Le seul Centre d’action sociale protestant (CASP), qui gère la plate-forme parisienne d’accueil des familles demandeuses d’asile, comptabilise depuis trois mois plus de 400 personnes en famille en permanence à la rue.

Un drame inacceptable

Un évènement insupportable s’est produit en octobre : une mère suivie par le CASP, enceinte de jumeaux, a perdu l’un d’entre eux après un accouchement d’urgence à cinq mois de grossesse. Les médecins lui avaient prescrit de garder impérativement le lit, mais elle avait passé six semaines à la rue, faute d’avoir pu être prise en charge dans une structure d’hébergement. Ce drame est inacceptable.


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