Crise à Hong Kong : ce weekend, un scrutin local en forme de « référendum »

lundi 25 novembre 2019.
 

Les bureaux de vote ouvriront dimanche matin dans le territoire autonome peuplé de 7,5 millions d’habitants. Un scrutin ultra-local, mais qui dans le contexte du mouvement pro-démocratie actuel sera particulièrement scruté. Vilipendée par les manifestants qui ébranlent depuis juin l’ex-colonie britannique, rendue à la Chine en 1997, la cheffe de l’exécutif Carrie Lam, dont le gouvernement est aligné sur Pékin, a vu sa cote de popularité dégringoler au fil de la crise.

Le mouvement avait débuté du rejet d’un projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale. Si celui-ci a depuis été suspendu, les contestataires ont élargi leurs revendications, et exigent désormais le suffrage universel pour tous les scrutins locaux.

Les élections de dimanche 24 permettent de désigner des élus chargés de la gestion des activités culturelles, des fonds publics, ou encore du ramassage des ordures. Elles sont dominées par les candidats pro-Pékin. Mais la contestation pourrait rebattre les cartes. Et les pro-démocratie espèrent bien surfer sur le mécontentement d’une partie des Hongkongais, notamment des jeunes, pour infliger un camouflet électoral à Carrie Lam. Ces derniers mois, ils ont soigneusement préparé le scrutin, distribuant des formulaires d’inscription sur les listes électorales. Résultat : 4,1 millions de personnes sont désormais enregistrées (+11% par rapport à 2015).

« J’essaie de me focaliser sur des questions qui relèvent purement le district », explique Kwan Siu Lun, candidat pro-démocratie de 38 ans et architecte. « Mais bien sûr, les électeurs me demandent mes opinions politiques. Et certains m’insultent ou jettent mes tracts au sol. »

L’élection permettra de désigner 452 conseillers issus de 18 districts. Il s’agit du scrutin le plus démocratique à Hong Kong. Car les membres du Parlement local (le « LegCo ») sont élus grâce à la combinaison de votes au suffrage universel et de celui de groupes d’intérêts souvent acquis à la Chine. Le chef de l’exécutif est aussi désigné par un comité pro-Pékin. Ce scrutin sera « une espèce de référendum » sur la façon dont l’exécutif hongkongais gère « les émeutes liées (au projet de loi) sur l’extradition, la démocratie et les hostilités entre les gens et la police », estime l’analyste politique Dixon Sing.

- La crise exacerbe les tensions : un candidat pro-démocratie a eu l’oreille arrachée et 17 autres, de toutes sensibilités, ont été arrêtés en raison d’activités liées aux manifestations.
- Figure du Mouvement des parapluies en 2014, le militant Joshua Wong a par ailleurs vu sa candidature invalidée, au motif que son parti milite pour « l’autodétermination » de Hong Kong, ce qui est contraire à l’esprit de la Loi fondamentale — la « mini-Constitution » du territoire. ’Cafard’

- Kwan Siu Lun n’avait pas prévu de se présenter : « j’ai un travail prenant et un bébé », explique-t-il à l’AFP, à côté d’un trottoir vandalisé par des manifestants à la recherche de projectiles à jeter aux policiers. Mais il dit avoir été « profondément touché » par le mouvement de contestation et vouloir désormais aider les jeunes générations.
- De l’autre côté de l’échiquier politique, Michelle Tang, une candidate indépendante affiliée au camp pro-Pékin, espère être réélue dans sa circonscription de Tsim Sha Tsui. L’Université polytechnique (PolyU), saccagée par des militants pro-démocratie qui y étaient encore retranchés vendredi soir, se trouve dans son district. « Des magasins ont refusé de coller mon affiche », par peur de provoquer les contestataires, explique Mme Tang. « Mais en privé, ils me soutiennent », assure-t-elle, soulignant que les commerçants sont durement touchés par le ralentissement économique dû à la crise.

Difficile toutefois de prévoir l’issue du scrutin de dimanche. Car la société reste divisée face au mouvement de contestation, notamment vis-à-vis des violences commises par les manifestants. « Certains candidats pro-Pékin me traitent de cafard ou d’émeutier », raconte Isaac Ho, un candidat pro-démocratie d’un quartier de Kowloon. « Je réponds juste en souriant. » autre


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message