Permis de conduire : uberisation ou gratuité ?

vendredi 8 mars 2019.
 

Jean-Luc Mélenchon avait déjà défendu la même idée au Sénat dès 1990. Faute de temps le 21 février, cette proposition de loi n’a pas pu être discutée ce jour-là. Mais ce modèle éducatif basé sur la gratuité recueille 64% d’opinions positives selon un sondage IFOP de février 2019.

Premier examen de France avec plus d’un million de candidats chaque année, le permis de conduire est un levier d’émancipation, et bien souvent une condition d’accès à de nombreux emplois. Pourtant, son prix excessif - en moyenne 1804 euros – en discrimine l’accès. Et ce, alors même que la destruction progressive des services publics de proximité oblige à l’utilisation de la voiture tant pour l’accès aux droits qu’à l’emploi.

En réponse à ces défaillances, le gouvernement opte pour l’ubérisation du secteur. Depuis la loi Macron, les plateformes dématérialisées se multiplient et se nourrissent de la dérèglementation de la profession. En contournant les règles – comme par l’emploi de moniteurs autoentrepreneurs - , elles détériorent la qualité de la formation, menaçant les impératifs de sécurité routière. Quant à la dernière proposition d’Emmanuel Macron d’intégrer le permis au service national universel, cela ne fait que dissocier de plusieurs années l’apprentissage du code de celui de la conduite, alors qu’il est indispensable d’associer les deux.

La proposition de la France insoumise veut prendre le contre-pied de ce modèle du moins-disant éducatif. L’objectif est d’offrir un service public gratuit du code et de la conduite, en s’appuyant sur le réseau des 50 000 moniteurs répartis dans les 12 000 auto-écoles qui maillent le territoire. Ce modèle éducatif répondrait non seulement aux revendications des usagers mais aussi à celles des professionnels, inquiets et mobilisés pour leur avenir. L’aspect environnemental n’est pas en reste de la proposition. Les formations dispensées comprendraient une sensibilisation aux alternatives à la voiture telles que le covoiturage, mais aussi au coût environnemental de la conduite.

Pour financer cette mesure, évaluée à 1,6 milliards d’euros, Alexis Corbière et Clémentine Autain propose une taxe appliquée aux sociétés d’autoroutes. Ces dernières ont versé pas moins de 14,6 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires depuis 2006, soit près de 1,5 milliards d’euros annuels. Face à l’ubérisation et au coût discriminant du permis, la France insoumise montre l’alternative de la gratuité, dont découlent la qualité et l’accessibilité de toutes et tous à ce précieux passeport de mobilité.

Thomas Mettey


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message