Vers une crise économique et financière majeure en 2019 ?

samedi 24 août 2019.
 

Un certain nombre d’indicateurs boursiers peuvent faire craindre la survenue d’un krach boursier en 2019.

Premier article : En 2019, comme un parfum de crise financière...

Source : Mediapart. 26/12/2018

26 décembre 2018| Par Romaric Godin

https://www.mediapart.fr/journal/in...

Malgré un net rebond ce 26 décembre, les marchés financiers ont dévissé en décembre. Inquiets par les perspectives de l’économie des États-Unis, les investisseurs sont également troublés par le rôle de pompier pyromane de l’administration Trump. Mais le coût d’une nouvelle crise financière serait considérable pour l’économie mondiale qui n’a plus guère de moyens de défense.

La fête semble bel et bien finie sur les marchés financiers. Certes, les marchés étasuniens ont rebondi ce 26 décembre, avec une hausse de près de 5 %, mais les indices mondiaux ont connu une triste veille de Noël. Ce mois de décembre pourrait même être le pire de l’histoire de l’indice Dow Jones depuis 1931, une année qui avait été marquée par la crise bancaire en Allemagne et la sortie du Royaume-Uni de l’étalon-or. Quant au S&P 500, indice plus large de Wall Street, il a reculé de 2,71 % lundi, portant sa baisse depuis son plus-haut du 20 septembre dernier à pas moins de 19,8 %.

C’est dire si la baisse de lundi n’est pas isolée. Elle s’intègre dans un mouvement général de repli depuis plusieurs semaines. L’automne a fait plonger les indices dans le rouge et l’année boursière 2018 sera négative. Malgré le rebond du 26 décembre, le S&P 500 affiche encore un repli sur l’année de 7,94 %. Tout ceci pourrait bien mettre fin à une tendance haussière entamée en mars 2009 et qui, certes, avait connu quelques corrections, en 2011 et 2015, ou encore plus récemment en début d’année 2018. Mais à chaque fois, les marchés étaient repartis à la hausse. Le S&P 500 avait ainsi en août effacé son plus-haut historique de fin janvier pour, le 20 septembre, en inscrire un nouveau, à 9,5 % au-dessus de son niveau du 1er janvier.

Tableau indiquant le niveau des indices boursiers, à New York. (Voir sur le site de Mediapart)

Cette fois, l’affaire semble cependant plus sérieuse : la baisse est plus sévère et plus longue. Le même indice S&P 500, baromètre de Wall Street, était revenu lundi à son niveau du 26 mai 2017. En une semaine, le marché a effacé la hausse construite entre mai et décembre 2017. Et malgré le rebond de mercredi, l’indice n’est revenu qu’à sa position de fin août 2017. La volatilité est donc immense et l’inquiétude semble profonde. Et si ce n’est pas encore tout à fait un « krach », la situation tend à y ressembler de plus en plus. Une économie états-unienne qui inquiète

L’affaire peut sembler étrange. Pendant près de dix ans, les marchés financiers ont prospéré grâce aux soutiens directs des banques centrales qui ont acheté auprès des « investisseurs » des milliards de dollars d’actifs. Parallèlement, l’économie « réelle » peinait à se remettre de la crise. La croissance économique restait faible, comme celle de la productivité et des salaires. Le décalage entre la richesse produite par l’économie et celle créée par les marchés était immense.

Or ce décalage donnait le sentiment d’être en passe de se résoudre. La croissance aux États-Unis s’est accélérée, à 4,2 % au deuxième trimestre 2018 et 3,5 % au troisième. Le chômage est au plus bas niveau historique, à 3,7 % de la population active ; la croissance des salaires et de la consommation est solide et les bénéfices des entreprises ont crû au troisième trimestre de 3,5 % pour atteindre un plus-haut historique. Et pourtant, voici que les marchés piquent à présent du nez…

Toutefois il n’y a là aucun mystère. La croissance aux États-Unis a été « dopée » par les baisses massives d’impôts de l’administration Trump. Ces dernières n’ont cependant pas renforcé structurellement l’économie états-unienne. « Il y a certes eu un petit rebond de l’investissement, mais qui inclut en grande partie des investissements déjà prévus », explique Christopher Dembik, économiste en chef pour Saxo Bank à Paris.

La première économie du monde reste frappée par une très faible productivité et une grande dépendance à l’égard du capital et des biens extérieurs. Sa croissance demeure fondamentalement plus faible qu’avant la crise de 2008-2009, et, partant, l’écart entre l’envolée des marchés depuis cette date et la réalité productive demeure immense.

Les investisseurs savent donc que l’effet du plan Trump finira par s’atténuer et laissera alors apparaître à nouveau cette réalité. Depuis quelques mois, la crainte de la future récession aux États-Unis hante donc les esprits des opérateurs. Peu importe que les statistiques actuelles restent positives, ceux qui tiennent les marchés s’inquiètent du lendemain. De fait, plusieurs éléments sont venus alimenter leur inquiétude.

Evolution du Dow Jones sur un an (Voir sur le site ) .

Enfin, la chute brutale du prix du pétrole montre que la demande mondiale tend à s’affaisser. Le WTI, référence états-unienne du prix du baril de pétrole brut, est ainsi passé de 76,9 dollars le 3 octobre à 43 dollars le 26 décembre. Une baisse de 45 % qui ramène le prix du brut à son niveau de juillet 2017et qui ne peut s’expliquer que par une anticipation de ralentissement de la croissance mondiale (lire à ce sujet la série de Martine Orange sur le désaxement des planètes de l’économie mondiale).

Lorsque l’économie états-unienne reviendra à la normale, aucun autre moteur ne semble donc en mesure de pouvoir assurer le relais de la croissance et justifier les niveaux de valorisation atteints par les marchés. Or, progressivement, quelques signaux viennent confirmer la possibilité d’un atterrissage douloureux outre-Atlantique. L’indice PMI des directeurs d’achat 3, réalisé par Markit et publié le 14 décembre dernier, a ainsi signalé que le rythme d’expansion de l’économie était le plus faible depuis mai 2017. L’optimisme sur les 12 prochains mois est au plus bas depuis juin 2016.

Le rythme des nouvelles commandes est retombé à son niveau d’il y a un an, les créations d’emplois ralentissent et le chiffre d’octobre de la production industrielle a récemment déçu. Tout laisse donc penser que l’effet du plan Trump commence à disparaître. Selon une enquête du Wall Street Journal 3, un panel d’économistes consultés par le quotidien américain estime qu’il existe 22 % de chances qu’une récession ait lieu dans les 12 prochains mois aux États-Unis, contre 14 % voilà un an.

La Fed insensible aux craintes du marché

Dès lors, il ne restait qu’une planche de salut aux investisseurs : la Réserve fédérale. La banque centrale des États-Unis s’est engagée dans un resserrement monétaire depuis plusieurs années. Jusqu’ici, la Banque centrale européenne (BCE) avait cependant pris le relais à partir de 2015 (comme avait pu le faire ponctuellement la Banque populaire de Chine en cas de besoin) du soutien aux marchés.

Mais, à sa réunion du 4 décembre, la BCE a annoncé la fin de ses rachats d’actifs. Or, si la croissance des marchés a été alimentée par le soutien des banques centrales, elle est nécessairement mise en danger par le retrait de ce soutien. Sauf si la croissance de l’économie prend le relais. On voit quel piège se referme alors sur les investisseurs : les banques centrales se retirent au moment même où l’on craint un ralentissement économique.

Il fallait donc que la Fed rassure en suspendant sa nouvelle hausse des taux prévue le 19 décembre. Ce signe aurait certes confirmé les inquiétudes des marchés, mais il aurait surtout montré la volonté des autorités monétaires à les contrer en soutenant l’activité et le crédit. La banque centrale a néanmoins confirmé sa hausse de 0,25 point de l’objectif des « Fed Funds », son taux de base, le portant à 2,25 %-2,5 %. Le tout en confirmant un ralentissement à venir de l’économie puisque sa prévision de croissance pour 2019 a été réduite de 2,5 % à 2,3 %. Le pari de la Fed était de rassurer les marchés sur la solidité de l’économie contre la conviction des marchés. Ce pari a été perdu.

Les « investisseurs » sont à ce point convaincus qu’une récession est inévitable qu’ils ont vu dans la décision de la Fed comme un signe d’aveuglement. Il est vrai qu’une crise financière arrive toujours après un resserrement monétaire. Ce fut le cas en 1929, comme en 2007. « Le discours du président de la Fed Jerome Powell me fait un peu penser à la complaisance et aux œillères de son prédécesseur, Ben Bernanke, avant la crise de 2007 », souligne Christopher Dembik : « Il affirme son optimisme contre ce que le marché perçoit. » Mais, comme il y a dix ans, à ce petit jeu, les banques centrales finissent souvent par perdre.

La décision de la Fed de confirmer sa politique a donc accéléré encore la chute des marchés. Le S&P a abandonné 2,5 % à la suite de cette annonce. En voulant éteindre le feu, l’administration Trump a jeté un baril de pétrole sur le foyer. Toujours attentif à la santé de Wall Street, l’hôte de la Maison Blanche avait la semaine passée envoyé des messages aux marchés pour marquer son mécontentement à l’égard de la Fed. Son conseiller économique, Peter Navarro, l’avait clairement énoncé dans deux entretiens. Rapidement, cette démarche avait donné naissance à une rumeur : Donald Trump, toujours imprévisible, ne voudrait-il pas limoger Jerome Powell qu’il a nommé voilà un an et qui, finalement, ne joue pas le rôle qu’il attend de lui ?

Plusieurs « investisseurs » évoquaient ce scénario en fin de semaine, rappelant qu’une loi de 1935 pourrait permettre un tel acte. Loin de rassurer Wall Street, cette rumeur a fait craindre pour l’indépendance de la Fed. Or, si les marchés peuvent ponctuellement approuver le pouvoir politique, ils ne redoutent rien d’autres qu’une mainmise politique sur la banque centrale qui, pour eux, est synonyme d’inflation, d’instabilité et, surtout, d’arbitrage possible en défaveur du système financier. La rumeur a donc accéléré la baisse.

Deuxième article : Risque de crise économique en 2019 : ces signaux alarmants

Source : Emprunter malin

https://www.emprunter-malin.com/ris...

Par Fabien Belleinguer -

La zone euro voit son chômage en baisse pour une croissance en hausse, et pourtant on parle de plus en plus d’une crise économique cette année. À la décharge des alarmistes il convient de rappeler que certains indicateurs fiables sont dans le rouge. Voici lesquels et pourquoi ils indiquent un risque de krach boursier, dans un environnement de facteurs optimistes.

La bourse américaine complètement surévaluée

Lorsque la crise des créances immobilières insolvables est apparue en 2007, la banque centrale américaine, la Fed, a injecté 200 milliards de dollars dans les coffres des banques. L’objectif était de leur donner des liquidités afin qu’elles puissent prêter aux ménages et aux entreprises.

Mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu. Les banques ont profité de cet argent pas cher pour acheter massivement des actions d’entreprise. Et cela n’a pas toujours marché, ainsi la JP Morgan Chase se retrouve à court de fonds propres en cas de séisme.

Pourtant le stratagème a globalement payé. La demande est donc devenue forte sur les marchés boursiers, ce qui a fait augmenter la valeur des actions. Au final l’écart entre le coût d’une prise de participation dans une entreprise et le dividende que l’investisseur peut en retirer, se creuse dangereusement.

L’indicateur phare est l’indice CAPE (Cyclically Adjusted Price to Earnings)⤴, développé par le prix Nobel d’économie Robert Schiller. Sa valeur se calcule en divisant la valeur boursière par la moyenne des bénéfices annuels sur 10 ans.

Le 1er août 1929 il se situait à +31, quand 2 mois plus tard survint le krach boursier du jeudi 24 octobre 1929. Le 1er décembre 1999 il pointe à +44, puis en mars 2000 arrive l’éclatement de la bulle Internet.

La valeur moyenne de l’indice CAPE se situe à 17. À la fin du 3e trimestre 2017, il atteignait +31.

Quand les crises économiques viennent de Wall Street

Plus les banques investissent l’argent pas cher octroyé par la FED dans les actions, plus le prix des actions gonfle. À un moment donné les analystes des grands fonds d’investissement vont considérerque ça suffira comme ça, et diminueront leurs achats. La demande baissera, le prix aussi, et à partir de la 2 scénarios pourront naître.

Dans le meilleur des cas la bulle ne fera que se dégonfler. Il s’agira d’une correction de marché, les investisseurs qui ont suivi de plus gros investisseurs qui ont eux-même fait comme les fonds géants en seront pour leur argent. Privés du bénéfice d’une potentielle revente pour payer leurs propres dettes, ils se débrouilleront pour se renflouer ailleurs. Les plus malins attendront que l’indice CAPE soit revenu à sa normale pour réinvestir.

Mais dans le pire des cas la bulle pourrait bien éclater. Du jour au lendemain de grands fonds d’investissement se débarrassent simultanément d’une grande quantité d’actions. Dans les heures qui suivent ils se rendent compte que tout le monde a fait comme eux, et la valeur des actions plonge immédiatement. L’argent se volatilise en quelques minutes, de nombreux fonds d’action se retrouvent les poches vides, eux qui avaient pourtant bien progressé jusqu’ici. Ils font faillite, cette faillite entraîne d’autres faillites, et de grandes entreprises procèdent à des licenciements pour alléger leur masse salariale.

Va-t-il y avoir une crise économique en 2019 ?

Même la Banque de France entre dans la danse. Dans un communiqué paru hier, l’institution commence par rappeler qu’il est difficile de prévoir les crises économiques. Toutefois les auteurs du rapport, Julien Idier⤴ et Virginie Couderc⤴, avertissent du fait que « les prix immobiliers ont augmenté de 5 % par an 10 trimestres avant les crises ».

Mauvaise coïncidence, l’INSEE indique que « les prix des logements augmentent de +3,9 % sur un an ».

Le système d’alerte que les 2 économistes ont développé vient s’ajouter à l’indice de Robert Schiller pour alimenter les alarmistes. Mais les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises, loin de là.

Certes les prix de l’immobilier continuent d’augmenter, mais les banques constatent un ralentissement de la distribution du crédit. Certes l’endettement des états de la zone euro atteint 89,2 % du PIB des 19 membres, mais la croissance est de retour.

D’après Eurostat le taux de chômage est passé de 9,6 % de janvier 2017 à 8,6 % en janvier 2018. Le taux de chômage est même « le plus faible enregistré dans l’UE 28 depuis 2008 ».

La Banque de France constate une baisse de la demande de crédit des ménages et des entreprises, signe que la bulle est plutôt en train de se dégonfler que d’exploser. Le crédit à la consommation continue sa progression en Europe pour le taux moyen raisonnable de 5,26 %, et c’est encore moins cher en France.

Comme dernier argument en défaveur d’une crise économique en 2019, les réformes fiscales de Donald Trump devraient redonner de la trésorerie aux entreprises. Reste à savoir si ces dernières vont en profiter pour investir ou pour acheter des actions.

Fabien Belleinguer

Troisième article : Les ingrédients d’une récession et crise financière d’ici 2020

Par Nouriel Roubini & Brunello Rosa

Source : Site Les crises

https://www.les-crises.fr/les-ingre...

NEW YORK – Dix ans après l’effondrement de Lehman Brothers, des interrogations demeurent autour des causes et conséquences de la crise financière, de même que la question de savoir si les leçons qu’il faudra appliquer face à la prochaine crise ont été intégrées. Mais dans une perspective d’avenir, la question la plus pertinente consiste à déterminer ce qui provoquera la récession et la crise mondiale de demain, ainsi que le moment de leur survenance.

L’actuelle expansion mondiale devrait se poursuivre l’année prochaine, dans la mesure où les États-Unis enregistrent d’importants déficits budgétaires, où la Chine applique des politiques budgétaires et de crédit assouplies, et où l’Europe reste sur une trajectoire de reprise. Seulement voilà, d’ici 2020, les conditions tendront vers une crise financière, suivie d’une récession mondiale.

Dix raisons expliquent cela. Premièrement, les politiques de relance budgétaire qui poussent actuellement la croissance annuelle américaine au-dessus de son potentiel de 2 % ne sont pas tenables. D’ici 2020, la relance se sera épuisée, et un freinage fiscal modéré réduira la croissance de 3 % jusque légèrement en dessous de 2 %.

Deuxièmement, le timing de cette relance ayant été inadapté, l’économie américaine connaît actuellement une surchauffe, et l’inflation s’élève au-dessus de la cible. La Réserve fédérale des États-Unis devrait ainsi continuer d’augmenter le taux cible des fonds fédéraux, l’amenant de son niveau actuel de 2 % à 3,5 % au moins d’ici 2020, ce qui élèvera probablement les taux d’intérêts à court et long terme, ainsi que le dollar américain.

Dans le même temps, l’inflation augmente également au sein d’autres économies majeures, tandis que le prix du pétrole contribue à des pressions inflationnistes supplémentaires. Cela signifie que les autres grandes banques centrales suivront la Fed sur la voie d’une normalisation de la politique monétaire, ce qui réduira la liquidité mondiale tout en exerçant une pression à la hausse sur les taux d’intérêt.

Troisièmement, les tensions commerciales opposant l’administration Trump, à la Chine, à l’Europe, au Mexique, au Canada et à d’autres sont vouées à l’escalade, engendrant une croissance plus lente et une inflation plus élevée.

Quatrièmement, les autres politiques américaines continueront d’alimenter une pression stagflationniste, ce qui conduira la Fed à rehausser encore davantage les taux d’intérêt. L’administration restreint actuellement les investissements entrants/sortants et les transferts technologiques, ce qui perturbera les chaînes d’approvisionnement. Elle limite également le nombre d’immigrants nécessaire pour maintenir la croissance à l’heure du vieillissement de la population américaine. Elle décourage par ailleurs les investissements dans l’économie verte. Enfin, elle ne dispose d’aucune politique infrastructurelle susceptible de remédier aux goulets d’étranglement du côté de l’offre.

Cinquièmement, la croissance dans le reste du monde devrait elle aussi ralentir – d’autant plus que les autres pays jugeront bon de riposter contre le protectionnisme américain. La Chine est contrainte de réduire sa croissance pour gérer son excès de capacité et d’endettement, sans quoi interviendra un atterrissage brutal. Enfin, les marchés émergents d’ores et déjà fragilisés continueront de subir les effets du protectionnisme et des conditions monétaires resserrées aux États-Unis.

Sixièmement, l’Europe connaîtra elle aussi une croissance plus lente, en raison d’un resserrement monétaire et de frictions commerciales. Par ailleurs, les politiques populistes appliquées dans des pays comme l’Italie risquent d’engendrer une dynamique de dette intenable au sein de la zone euro. Le cercle vicieux encore non résolu entre les États et les banques détenant de la dette publique amplifieront les problèmes existentiels caractéristiques d’une union monétaire incomplète, appliquant un partage inadéquat des risques. Dans ces conditions, une nouvelle récession mondiale pourrait conduire l’Italie et d’autres pays à quitter purement et simplement la zone euro.

Septième point, les marchés boursiers américain et mondial sont en effervescence. Les ratios cours/bénéfice aux États-Unis sont supérieurs de 50 % à leur moyenne historique, les valorisations de capitaux privés sont devenues excessives, et les obligations d’État trop coûteuses compte tenu de leur faible rendement et de leurs primes de terme négatives. Le crédit à haut rendement devient également de plus en plus coûteux, à l’heure où le taux d’endettement des entreprises américaines atteint des sommets historiques.

Par ailleurs, l’endettement sur de nombreux marchés émergents et dans certaines économies développées se révèle clairement excessif. L’immobilier commercial et résidentiel est beaucoup trop coûteux dans de nombreuses régions du monde. La correction des marchés émergents en termes de titres, de matières premières et de détention de revenus fixes se poursuivra à mesure que s’épaissiront les nuages d’une tempête planétaire. Enfin, les investisseurs d’avenir commençant à anticiper un ralentissement de croissance d’ici 2020, les marchés refixeront le prix des actifs d’ici 2019.

Huitième explication, une fois cette correction amorcée, le risque d’illiquidité, de ventes en catastrophe et de sous-évaluations se fera plus sérieux. Les activités de tenue de marché et de gestion de portefeuille des courtiers-négociants sont limitées. L’excès d’opérations algorithmiques et à haute fréquence augmenteront la probabilité de « krachs éclairs ». Par ailleurs, les instruments à revenu fixe sont devenus plus concentrés en fonds ouverts cotés en bourse et en fonds de crédit dédiés.

En cas de marché baissier, les secteurs des marchés émergents et des économies développées présentant d’importants passifs libellés en dollar n’auront plus accès à la Fed en tant que prêteur de dernier recours. Avec la hausse de l’inflation et la normalisation des politiques, il ne faudra plus compter sur le filet de sécurité qu’ont assuré les banques centrales dans les années d’après-crise.

Neuvième aspect, Trump attaquait déjà la Fed lorsque le taux de croissance s’est récemment élevé à 4 %. Imaginez son comportement dans le cadre des élections de 2020, lorsque la croissance aura probablement chuté en dessous de 1 %, et lorsque les pertes d’emploi surviendront. Pour Trump, la tentation de « faire diversion » en fomentant une crise de politique étrangère sera forte, notamment si les Démocrates récupèrent la Chambre des représentants cette année.

Trump ayant d’ores et déjà lancé une guerre commerciale contre la Chine, et n’osant guère s’attaquer à une Corée du Nord nucléairement armée, sa cible idéale pourrait être l’Iran. En provoquant une confrontation militaire avec Téhéran, il créerait un choc géopolitique stagflationniste comparable aux pics pétroliers de 1973, 1979 et 1990. Il va sans dire que ceci rendrait la prochaine récession mondiale encore plus sévère.

Enfin, une fois apparue la tempête évoquée, les outils politiques susceptibles d’y remédier manqueront cruellement. La marge de relance budgétaire est d’ores et déjà réduite par une dette publique massive. La possibilité de nouvelles politiques monétaires non conventionnelles sera limitée par des bilans hypertrophiés, et par un manque de capacité à réduire les taux directeurs. Par ailleurs, les sauvetages dans le secteur financier seront intolérables pour des pays marqués par la résurgence de mouvements populistes, et dirigés par des gouvernements quasi-insolvables.

Aux États-Unis en particulier, le législateur a limité la capacité de la Fed à fournir de la liquidité aux institutions financières non bancaires et étrangères présentant des passifs libellés en dollar. En Europe, la montée des partis populistes complique l’adoption de réformes au niveau de l’UE, ainsi que la création des institutions nécessaires pour combattre la prochaine crise financière et récession.

À la différence de 2008, époque à laquelle les gouvernements disposaient des outils politiques permettant d’empêcher une chute libre, les dirigeants politiques qui affronteront la prochaine récession auront les mains liées, sachant par ailleurs que les niveaux globaux de dette sont supérieurs à ceux d’avant-crise. Lorsqu’elles surviendront, la crise et la récession de demain pourraient se révéler encore plus sévères et prolongées que celles d’hier.

Traduit de l’anglais par Martin Morel

Nous vous proposons cet article afin d’élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]

Fin du troisième article

Quatrième document Vers une nouvelle crise financière ?

Source les économistes atterrés avec Danny Lang

http://www.atterres.org/vid%C3%A9o/...

Voir la vidéo accessible aussi avec sept autres liens :

https://www.businessbourse.com/2018...

Fin des articles Hervé Debonrivage


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