LE DÉVELOPPEMENT des forces productives ENTRE EN CONFLIT AVEC LES LIMITES DE LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE

samedi 11 février 2006.
 

L’actuelle crise mondiale n’est rien de plus que l’expression du fait que le développement des forces productives entre en conflit avec les limites de la propriété privée des moyens de production et de l’Etat-nation.

Le capitalisme a depuis longtemps épuisé son rôle progressiste et est devenu un monstrueux obstacle sur le chemin de l’histoire. Cet obstacle doit être écarté pour que l’humanité avance. Et s’il n’est pas écarté à temps, de terribles menaces planent sur l’avenir du genre humain.

La vieille société porte en elle l’embryon de la nouvelle. Des éléments de démocratie ouvrière existent déjà dans la forme des organisations ouvrières, des comités de délégués syndicaux, des syndicats, des coopératives, etc. Dans la période qui s’ouvre, il y aura une lutte à mort : une lutte des éléments de la société qui doit naître contre l’ancienne société, qui tentera avec acharnement d’empêcher la première d’advenir.

Comme on peut déjà le voir avec les grèves générales en Europe, les mouvements révolutionnaires en Amérique Latine et, partout, la révolte de la jeunesse, ce conflit atteindra un point critique.

Aucune classe, dans l’histoire, n’a jamais abandonné ses pouvoirs et privilèges sans livrer une lutte furieuse. La crise du capitalisme n’est pas seulement une crise économique qui menace le niveau de vie et l’emploi de millions de gens à travers le monde. Elle menace aussi les fondements mêmes de l’existence civilisée - dans la mesure où celle-ci existe. Elle menace de faire régresser le genre humain dans tous les domaines.

Si la classe ouvrière - la seule classe révolutionnaire - ne parvient pas à renverser la classe qui contrôle les banques et les multinationales, l’histoire va vers un effondrement de la culture, voire un retour à la barbarie.

En fait, pour la plupart des gens d’Occident (mais pas seulement d’Occident), les manifestations les plus évidentes de la crise du capitalisme ne sont pas économiques, mais consistent dans ces phénomènes qui affectent les points les plus sensibles de leur vie personnelle : l’éclatement des familles, l’épidémie de crime et de violence, l’effondrement des anciennes valeurs morales sans rien à mettre à la place, l’irruption récurrente de guerres - autant de choses qui donnent naissance à un sentiment d’instabilité et à une vision pessimiste du présent et de l’avenir.

Ce sont là des symptômes de l’impasse du capitalisme, qui en dernière analyse - et seulement en dernière analyse - résulte de la révolte des forces productives contre les limites de la propriété privée et de l’Etat-nation.

Marx soulignait que le genre humain faisait face à l’alternative suivante : socialisme ou barbarie. La démocratie formelle, que les travailleurs d’Europe et des Etats-Unis considèrent comme une chose normale, est en réalité une structure très fragile qui ne survivra pas à un affrontement ouvert entre les classes.

À l’avenir, la classe capitaliste « civilisée » n’hésitera pas à pencher vers la dictature. La mince couche de culture et de civilisation moderne recouvre des forces qui ressemblent aux pires des barbaries. [...]

Les normes culturelles peuvent facilement s’effondrer et les démons d’un passé lointain et oublié peuvent ressurgir dans les nations les plus civilisées. Oui, en effet, l’histoire connaît aussi bien des lignes descendantes que des lignes ascendantes !

La question se pose dès lors de la manière la plus simple : dans la période à venir, soit la classe ouvrière saisira les reines de la société, remplaçant le pourrissant système capitaliste par un nouvel ordre social fondé sur une planification harmonieuse et démocratique des forces productives - soit nous ferons face au spectacle effrayant d’un effondrement social, économique et culturel.

Pendant des milliers d’années, la culture a été le monopole d’une minorité privilégiée, et ce alors que la grande majorité de l’humanité était exclue du savoir, de la science, de l’art et du gouvernement. C’est toujours le cas aujourd’hui. Quoiqu’on en dise, nous ne sommes pas vraiment civilisés. Notre monde ne mérite pas son nom. C’est un monde barbare, peuplé de gens qui doivent encore se débarrasser d’un héritage de barbarie.

Pour la grande majorité de la population mondiale, la vie demeure une lutte permanente et acharnée pour l’existence, non seulement dans les pays sous-développés, mais aussi dans les grandes puissances capitalistes.

Pour autant, le matérialisme historique ne nous mène pas à des conclusions pessimistes - tout au contraire. La tendance générale de toute l’histoire est celle d’un développement de nos forces productives et de notre potentiel culturel. Les progrès réalisés au cours du siècle passé ont crée une situation où, pour la première fois de l’histoire, tous les problèmes auxquels les hommes font face peuvent être aisément résolus.

La possibilité d’une société sans classe existe à l’échelle mondiale. Ce qu’il faut pour réaliser ce potentiel immense, pratiquement infini, c’est une planification rationnelle et harmonieuse des forces productives.

Sur les bases d’une véritable révolution dans le domaine de la production, il serait possible d’assurer une telle abondance que les hommes et les femmes n’auraient plus à se soucier au quotidien de leurs besoins matériels. Disparaîtront alors l’inquiétude et les peurs humiliantes que connaissent, à chaque heure de leur vie, la majorité des gens.

Pour la première fois, des hommes libres deviendront les maîtres de leur destinée. Pour la première fois, ce seront vraiment des hommes. Et alors commencera la véritable histoire de l’humanité.

Alan Woods - Mars 2002 in


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