Le nouveau documentaire de Michael Moore : mon film est "un appel à l’action"

mardi 22 mai 2007.
 

Avec "Sicko", Moore s’attaque au système de santé américain.

Le réalisateur a présenté en avant-première son nouveau documentaire, très applaudi par la presse à l’issue de la projection.

Michael Moore a sorti une fois de plus sa caméra assassine pour dénoncer les travers d’une certaine Amérique et pourfendre avec force le système de santé des Etats-Unis.

Avec "Sicko", qui doit sortir le 29 juin dans son pays, Moore tente une brève étude comparée des systèmes de santé aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en France et à Cuba.

Le documentaire, très apprécié et applaudi lors de sa projection de presse, a été présenté au Festival de Cannes hors compétition, samedi 19 mai dans la matinée.

Le cinéaste-imprécateur s’attache à démontrer les horreurs d’une médecine entièrement privée et soumise aux diktats des compagnies d’assurance aux Etats-Unis, face aux bienfaits d’une médecine publique, gratuite ou presque, dans les autres pays cités.

Moore, qui reçut la Palme d’or en 2004 avec son pamphlet anti-Bush " Farenheit 9/11 ", récidive et "Sicko" semble poursuivre la croisade ouverte avec le documentaire précédent, tant Moore insère à quelques reprises la figure présidentielle à des moments judicieusement choisis.

Témoignages

Pour préparer ce documentaire, Moore a simplement demandé aux Américains intéressés de leur adresser par courriel leur témoignage sur leurs démêlés avec les assureurs-maladie. Il affirme qu’au bout d’une semaine, il avait reçu plus de 25.000 de ces témoignages.

Comme à son habitude, le cinéaste de "Roger and Me" et de "Bowling for Columbine" fait plus dans la dénonciation énergique que dans l’analyse fine, et la conclusion que l’on pourrait tirer de son documentaire pourrait se résumer par la formule suivant : c’est l’enfer outre-Atlantique en matière de santé publique ; la situation est, en revanche, idyllique ailleurs.

C’est une limitation sans doute inhérente à l’exercice mais là où la méthode Moore excelle, c’est dans le témoignage individuel, qui paraît difficile à réfuter et semble bien attester de situations véritablement absurdes, qui prêteraient à rire, si leurs conséquences n’étaient pas tragiques.

A Guantanamo

Entre des patients que les hôpitaux renvoient par taxi, sans même qu’ils aient le temps de se rhabiller ou qu’on leur détache leur perfusion parce qu’ils ne peuvent plus payer, et des pompiers et bénévoles du 11 septembre 2001 qui n’ont pas davantage les moyens de se soigner, le tableau dépeint par le documentariste, haut en couleurs et très controversé, est tout simplement révoltant.

Apprenant par la télévision que les "combattants ennemis" du pénitencier de Guantanamo sont excellemment soignés, Moore a l’idée farfelue d’affréter trois bateaux pour emmener avec lui les différentes personnes lésées par le système de santé américain qu’il a pu rencontrer dans son documentaire.

Le but est de les emmener se faire soigner... à Guantanamo. Il est évidemment obligé de renoncer à ce projet, mais pas à celui d’aller faire examiner sa petite troupe dans les hôpitaux cubains avec des résultats présentés comme remarquables.

"Où est passée notre âme ?"

Un moment émouvant est celui où des "soldats du feu" cubains rendent hommage à trois de leurs homologues américains, atteints de graves troubles respiratoires en raison du temps qu’ils ont passé dans les décombres du World Trade Center, à la recherche de survivants.

"J’essaie d’explorer des idées et des problèmes de première importance et, dans ce cas-là, la question qui se pose est celle de savoir où nous allons en tant que peuple", a expliqué Moore lors d’une conférence de presse. "Pourquoi nous comportons-nous de la sorte ? Que sommes-nous devenus ? Où donc est passée notre âme".

Cela étant, la croisière inopinée de Moore à Cuba n’a pas été du goût des autorités américaines, qui ont ouvert une enquête.

"C’est moi-même qui fait l’objet d’une enquête et qui suis donc passible de sanctions pécuniaires, voire de la prison, et évidemment je ne prends pas ça à la légère", dit-il. (avec Reuters)



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