Grève historique chez Carrefour

mardi 17 avril 2018.
 

Les salariés de Carrefour se sont mis en grève samedi 31 mars, à l’appel de leurs syndicats, tous unis pour la première fois depuis plus de sept ans pour une telle mobilisation. Cette grève générale leur a permis de dénoncer la division par dix de la prime annuelle de participation et le plan social décidé par la nouvelle direction : en 2018 plus de 5 200 postes vont être supprimés.

L’ère Alexandre Bompard (ancien PDG de Fnac-Darty qui a pris les rênes du groupe Carrefour en juillet 2017) a bien mal débuté pour les salariés avec le plan 2022. Celui-ci vise des objectifs massifs de réduction des coûts passant notamment par la fermeture de 273 magasins et le passage en location-gérance de cinq hypermarchés qui se traduira par une perte des acquis sociaux des salariés.

La grève a été suivie dans plus de 450 magasins avec des barrages filtrants et des fermetures. On comprend la colère des salariés : ces cinq dernières années, Carrefour a touché un total de 2 milliards d’aides publiques dont 744 millions au titre du CICE (Crédit Impôt Compétitivité Emploi). Dans le même temps, les actionnaires de Carrefour ont touché 2,4 milliards d’euros. Le groupe est sous perfusion de l’État pour engraisser ses propriétaires tout en continuant sa casse sociale.

Ces derniers payent très cher Alexandre Bompard : un salaire fixe de 1,5 million d’euros et une prime variable de 2,5 millions d’euros s’il atteint ses objectifs. Son prédécesseur George Plassat avait les mêmes privilèges et est reparti l’année dernière avec un parachute très doré : une indemnité de départ de plus de 3 millions d’euros et 500 000 euros de bonus annuel à vie.

Avec cette grève très suivie, les salariés tentent de ramener sur terre des dirigeants complètement déconnectés. En prenant conscience de leur force collective, ils défendent davantage que leurs conditions individuelles. Gageons que cette grève ne restera pas isolée et sera l’un des maillons d’un mouvement plus large de mobilisation contre l’oligarchie financière qui pilote les grandes entreprises.

Guillaume Etiévant


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