Eau La pénurie menace déjà

mercredi 14 mars 2018.
 

Le 1er février, une proposition de loi visant à constitutionnaliser le droit à l’eau, présentée par le groupe de la France insoumise, a été rejetée a priori, sous prétexte que le droit à l’eau existe déjà en France et n’est aucunement menacé. Pourtant, la ressource se raréfie, partout dans le monde, y compris en France. 60% des Français considèrent l’eau potable comme une ressource naturelle menacée. Selon l’ONU, 4 personnes sur 10 dans le monde souffrent de pénurie d’eau. Le changement climatique va encore dégrader cette situation, car ce phénomène s’auto-amplifie : l’aridité raréfie les végétaux, un sol sec absorbe peu l’eau, et les pluies ravinent, détruisant un peu plus des sols devenus incapables de la retenir. D’ici à 2050, une centaine de métropoles dans le monde risquent de subir de sévères pénuries d’eau, soit 736 millions de personnes. Le Cap, en Afrique du Sud a récemment inauguré cette triste liste. L’eau y est sévèrement rationnée. Suivent, par ordre d’urgence : Los Angeles (Etats-Unis), Jaipur (Inde), Dar es Salaam (Tanzanie), Dalian (Chine), San Diego (Etats-Unis), Karachi (Pakistan), Harbin (Chine), Phoenix (Etats-Unis), Porto Alegre (Brésil) et Monterrey (Mexique), Caracas (Venezuela), Lima (Pérou).

Les causes sont plurielles, mais toutes politiques, car le laisser-faire conduit toujours à une captation de la ressource par des intérêts privés, industriels ou agricoles. Le manque d’entretien des canalisations conduit à une perte qui peut aller jusqu’à 40%. Avec la raréfaction, des conflits d’usage s’aggravent entre les personnes et les activités économiques ou agricoles.

Les guerres de l’eau iront logiquement de pair avec la raréfaction de la ressource. L’accès à l’eau pourrait donc bien devenir, à moyen terme, le principal enjeu économique et stratégique, par exemple autour de tous les grands fleuves transfrontaliers, comme le Nil, l’Indus, le Gange, ou encore l’Euphrate.

Mais il est toujours possible de faire autrement : une agriculture fondée sur des variétés locales, adaptées à la pluviométrie et moins demandeuses d’irrigation, des industries économes, des réseaux bien entretenus, le recyclage des eaux usées, et une sobriété individuelle dans l’usage de l’eau. Il faut à la fois la gratuité de l’eau indispensable à la vie, un prix de l’eau différencié selon ses usages, et une pénalisation des mésusages et des gaspillages. Il est urgent d’avoir une politique publique contraignante pour préserver et partager ce bien commun de l’humanité, indispensable à toute vie.

Lucie Kirchner


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