Allemagne : IG Metall, premier syndicat d’Europe, veut la semaine de 28 heures et 6% d’augmentation

mardi 16 janvier 2018.
 

B) IG Metall, ce puissant syndicat allemand lance une grève qui risque de ringardiser nos 35 heures, parce que réclamer une hausse de salaire de 6% ne suffit pas…

par Jean-Baptiste Duval est chef de rubrique Economie et Technologie au HuffingtonPost.

Source : http://www.huffingtonpost.fr/2018/0...

Le puissant syndicat allemand de la métallurgie IG Metall a donné ce 8 janvier le coup d’envoi d’un bras de fer social qui s’annonce comme l’un des plus durs de ces dernières années en Allemagne. Plusieurs dizaines de débrayages sont en cours dans tout le pays, en particulier dans le secteur automobile, pour soutenir des revendications portant notamment sur la réduction du temps de travail à 28 heures hebdomadaires.

Conformément à une stratégie bien huilée, les arrêts de travail affectent des entreprises soigneusement choisies, dont Volkswagen, Porsche, Otis et Bombardier, dans l’ouest en Rhénanie du Nord-Westphalie, avec 700.000 grévistes annoncés, dans le sud avec le Bade-Wurtemberg et dans l’est avec les régions du Brandebourg, de Saxe et Berlin.

IG Metall entend renforcer sa pression dès le 9 janvier, en appelant à débrayer dans 143 entreprises, et le mouvement doit durer au moins une semaine après de premières grèves d’avertissement très localisées la semaine dernière, notamment chez Porsche.

La semaine de 28 heures avec compensation salariale partielle

Depuis octobre, le syndicat exige pour les 3,9 millions d’employés du secteur une augmentation salariale de 6%. La fédération patronale Gesamtmetall propose 2%. Rien d’inhabituel. En général, les parties se retrouvent à mi-chemin.

Mais le conflit porte surtout cette fois sur un aménagement inédit du temps de travail demandé par IG Metall : le passage de la semaine de travail de 35 à 28 heures pour ceux qui le souhaitent, avec compensation partielle du manque à gagner salarial par l’employeur. La formule serait valable deux ans au maximum et l’employeur devrait garantir un retour à un poste à plein temps.

Le patronat du secteur la juge inadmissible et impraticable. Il estime que près des deux tiers des salariés seraient éligibles à cet aménagement du temps de travail et redoute un casse-tête administratif et des ateliers dépeuplés.

Les employeurs soulignent également le risque de discrimination en cas de mise en place de ce régime pour les employés travaillant déjà à temps partiel pour un salaire réduit d’autant.

Cette question a déjà fait achopper des négociations de branche à l’automne. Si l’impasse se confirme, l’étape suivante pourrait être la grève dure, une rareté dans ce pays pétri de culture de la cogestion. Sans avancée du patronat, il sera « extrêmement difficile de mener cette négociation salariale à bien en se bornant à des grèves d’avertissement », a prévenu ce week-end un responsable d’IG Metall, Roman Zitzelsberger.

Une telle grève serait une première en Allemagne depuis 2003

Les débrayages accompagnent traditionnellement les négociations salariales en Allemagne. En revanche, IG Metall n’a pas organisé de grève nationale et illimitée depuis 2003.

Gesamtmetall menace, lui, de porter l’affaire devant les tribunaux. Le ton est déjà très âpre entre partenaires sociaux, dans un pays qui s’était habitué ces dernières années à des négociations sociales plutôt apaisées dans un contexte de bonne santé de l’économie.

La menace d’un conflit à durée indéterminée dans des industries florissantes et clés pour l’Allemagne, comme l’automobile ou les machines-outils, inquiète les patrons du secteur.

« Les grèves ne sont généralement pas un moyen approprié pour résoudre les conflits salariaux, elles nuisent à l’exportation, donc à l’entreprise et in fine aux employés », a prévenu Bertram Brossardt, le dirigeant du patronat bavarois de la métallurgie et de l’industrie électrique.

IG Metall arrive à la table des négociations en position de force, porté par une conjoncture au beau fixe. Tous les fondamentaux de l’économie allemande, emploi, exportations, inflation, sont dans le vert. Après avoir exigé pendant des décennies la redistribution des fruits de la croissance, IG Metall apporte cette fois une revendication neuve dans le paysage syndical mondial.

Avec près de 2,3 millions d’adhérents, IG Metall, qui défend les salariés toutes catégories confondues dans l’industrie (Siemens, ThyssenKrupp), la sidérurgie, l’automobile (VW, Daimler, Porsche), l’électronique ou encore le textile, est le plus gros syndicat d’Europe.

A) Allemagne : le premier syndicat d’Europe veut la semaine de 28 heures (Le Parisien)

Fort de la bonne conjoncture économique allemande, IG Metall veut obtenir une réduction du temps de travail pour deux années.

Source : http://www.leparisien.fr/economie/a...

Volkswagen, Otis, Bombardier, Porsche… et jusqu’à 700 000 grévistes. Quand le puissant syndicat de la métallurgie IG Metall allemand – et premier syndicat d’Europe avec 2,3 millions d’adhérents - lance une grève, elle est massivement suivie outre-Rhin. Plusieurs dizaines de débrayages sont en cours lundi dans tout le pays, en particulier dans le secteur automobile, pour soutenir des revendications portant notamment sur la réduction du temps de travail à 28 heures hebdomadaires.

Plusieurs régions sont déjà touchées : la Rhénanie, le Nord Westphalie, le Bade-Wurtemberg, le Brandebourg, la Saxe et Berlin. Plus qu’un avertissement, IG Metall veut renforcer le mouvement demain mardi en appelant à la grève dans 143 autres entreprises.

Le passage à 28 heures en partie financé par les entreprises

Le syndicat exige pour les 3,9 millions d’employés du secteur une augmentation salariale de 6 %. La fédération patronale Gesamtmetall propose 2 %. Ces variations ne sont pas inhabituelles en Allemagne et les parties trouvent généralement un compromis, conformément à ce qu’il est convenu d’appeler la « culture de la cogestion », dans un contexte de bonne santé macroéconomique du pays.

Mais cette fois, le syndicat demande aussi que ceux qui le souhaitent puissent passer de 35 à 28 heures de travail hebdomadaire, pour une durée maximum de deux ans. A l’issue de cette période, pendant laquelle l’employeur compenserait en partie le manque à gagner pour le salarié, celui-ci aurait la garantie de reprendre un poste à plein temps.

Partant du principe que deux tiers des salariés pourraient réunir les conditions pour obtenir cet allégement temporaire de leur rythme hebdomadaire, le patronat craint des ateliers vides et une montagne de paperasse à régler. En outre, certains salariés ont déjà un temps partiel, sans compensation de salaire.

De premières discussions avaient déjà échoué en octobre. Sans avancée du patronat, des syndicalistes ont déjà menacé d’aller plus loin. Les grèves nationales sont extrêmement rares en Allemagne. IG Metall, également très présent dans le textile et l’électronique, n’en a pas organisé depuis quatorze ans.


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