Question au gouvernement sur l’avenir de GM&S Industry

jeudi 13 juillet 2017.
 

La question inaugurale de notre groupe est d’une brûlante actualité. Elle survient après que le tribunal de commerce de Poitiers a prononcé la liquidation judiciaire avec poursuite d’activité de l’entreprise d’emboutissage GM&S Industry située à la Souterraine.

La froideur d’une sentence de tribunal est malvenue pour dire la catastrophe économique et le drame humain qui se jouent dans la Creuse. Car la menace de liquidation ce serait celle, sociale, de 277 salariés, sans compter les 800 emplois induits qui disparaitraient également dans un territoire parmi les plus pauvres et où les opportunités de reclassement sont maigres, voire inexistantes.

C’est dire si la lutte des salariés de GM&S et de leur syndicat est lourde de sens. Il ne s’agit pas là seulement de leur sort, de leur outil de production, d’un savoir faire et d’une technicité qui s’envoleraient à jamais mais de tout un bassin de vie.

Leurs huit mois de lutte révèlent tous les effets destructeurs du capitalisme financiarisé. 10 repreneurs en 29 ans, 3e redressement en 8 ans, et c’est peu de dire que les pouvoirs publics portent une lourde responsabilité. La première est d’avoir laissé les constructeurs libres de décider de l’avenir d’entreprises sous-traitantes. Rappelons que Renault comme PSA sont des entreprises où l’Etat a des participations et que ces entreprises, dont les profits ont bondi l’an dernier, ont bénéficié du CICE (78 millions pour PSA et 135 millions pour Renault en 2015) sans que rien ne leur soit jamais demandé en échange. Et ce dans un contexte où le secteur automobile se porte bien, comme l’attestent les résultats des deux constructeurs français.

La deuxième est d’avoir laissé des actionnaires peu scrupuleux dépouiller cette entreprise, au point que la BPI elle-même porte plainte contre eux. Les dirigeants de l’ex groupe Altia se sont en effet enrichis à millions sur les entreprises du groupe par le biais de remontées financières qui ont largement grevé la trésorerie de l’entreprise.

La solution de reprise mise en avant par votre gouvernement prévoit de conserver 120 salariés-es sur 277 par l’intermédiaire du groupe GMD. Comme chaque fois ce sont les salariés-es qui sont les « variables » d’ajustement. A 120 salariés, sans le bureau des méthodes ni le bureau d’études, l’entreprise ne peut être viable. Ne serait-ce pas, au fond, juste le moyen de reporter de la liquidation ?

Hier Edouard Philippe a dit sa résolution à ne pas laisser se désindustrialiser le pays, enchainant curieusement par une ode unique aux start-up et à l’intelligence artificielle. Vous avec avec GM&S l’occasion de donner, devant les représentants de la Nation, une preuve un peu plus réaliste de cette préoccupation.

Je vous pose donc ici les questions que, vous le savez, vous posent également les salariés de GM&S :

Pouvez-vous nous assurer que vous allez réunir les conditions pour donner le temps nécessaire afin que le nombre d’emplois repris soit amélioré ? La viabilité de ce site, et donc sa pérennité dépendent en effet d’un chiffre d’affaire qui correspond à un niveau d’activité pour 240 salariés. Faute d’avoir fait pression sur les constructeurs pour obtenir le financement nécessaire, l’Etat doit donc trouver de nouveaux financements (BPI, Fonds d’avenir automobile…) pour garantir ce délai.

Vous engagez-vous à continuer à faire pression sur les constructeurs pour qu’ils augmentent le chiffre d’affaires affecté à hauteur de 36 millions. Ce n’est finalement pas grand chose en comparaison des salaires exorbitants de leurs patrons (5,25 millions en 2015 pour Tavares, le double de ce qu’il touchait en 2014 et 7 millions pour Ghosn au titre de Renault, 15,6 millions en tout)

Agirez-vous sur les équipementiers afin qu’eux aussi contribuent à une reprise pérenne ?

Répondrez-vous à l’attente de salariés qui en sont aujourd’hui à imaginer détruire leur outil de production tant, malgré leur volonté de résistance, la désespérance n’est jamais loin.

Démontrez-nous, à travers GM&S, que la France conquérante que vous défendiez hier n’est pas uniquement celle de la minorité qui s’enrichit sur le dos de ceux qui, ne disposant que de leur force travail pour vivre, produisent la quasi-totalité des richesses de notre pays.


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