Imagine la gauche ! Série mise en ligne par Bastamag (extraits et liens)

samedi 8 avril 2017.
 

Qu’est-ce qu’être de gauche selon vous ? Y a-t-il encore du sens à se dire de gauche ? Comment voit-on la gauche du futur ? Quelles sont ses valeurs, ses idées, ses projets, ses défis ? ImagineLaGauche, c’est la série lancée par Basta !, pour comprendre, reconstruire, rêver, renouveler, mettre en débat…

Salariés, chômeurs, retraités, étudiants, paysans, militants associatifs, syndicalistes, artistes, chercheurs, jeunes et moins jeunes, témoignent.

A) Kaddour Hadadi, artiste et chanteur du groupe HK, à Bergerac

Source : http://www.bastamag.net/HK-artiste-...

J’ai conscience d’appartenir à une sphère citoyenne, altermondialiste. C’est la définition naturelle de ce que je suis, de ce en quoi en je crois, de ce pour quoi je me bats. Cette sphère là est évidemment ancrée à gauche, il n’y a aucun doute là dessus. Ses valeurs, ce sont celles de la fraternité et de la bienveillance. Elles paraissent simples, mais elles sont difficiles à assumer dans le contexte actuel...

Être de gauche c’est prôner une société de l’intelligence collective et humaine et de la bienveillance. La gentillesse n’est pas une faiblesse. Considérer l’autre comme son frère ou sa sœur n’est pas une faiblesse. C’est notre force et c’est ce qui fait de nous des êtres humains.

B) Jean Sintes, 65 ans, retraité à Vaulx-en-Velin

Source : http://www.bastamag.net/Etre-de-gau...

Sous une vraie gauche, le minimum pour tout le monde ce serait le programme du Conseil national de la résistance (CNR) : l’aspiration à une presse libérée des intérêts financiers, une sécurité sociale gérée par les intéressés eux-mêmes, le droit de pouvoir gérer démocratiquement une entreprise... On ne peut pas aller en-dessous comme cela se fait actuellement. La gauche officielle actuelle pour moi, c’est plutôt la droite officielle. Attaquer le Code du travail, c’est s’attaquer à des valeurs qui se sont exprimées dans les résistances, contre le fascisme. C’est scandaleux ! Ce qui est insupportable, c’est aussi de faire des promesses, puis de faire le contraire : j’entends qu’il puisse y avoir des obstacles mais il s’agit a minima des les expliquer.

Créer un fonds pour aider les ouvriers et travailleurs à reprendre leur entreprise et la gérer eux-mêmes, ce serait une mesure prioritaire à mettre en place. L’idée vient de Bernie Sanders (candidat à l’investiture démocrate aux États-Unis, battu par Hillary Clinton, ndlr). Les coopératives créent proportionnellement plus d’emplois que les autres entreprises, et ce sont des emplois plus stables. La démocratie doit s’exprimer sur les lieux de travail, et l’autogestion est l’un des meilleurs moyens de la pratiquer. C’est aussi une mesure pour lutter contre le chômage car l’un des principaux problèmes, ce sont les sommes pharamineuses versées aux actionnaires.

Être de gauche, c’est lier l’écologie à la justice sociale, et retrouver la volonté de libérer les êtres humains. Ce qui me semble également déterminant, c’est la solidarité internationale : avoir une vision non pas nationale mais européenne et internationaliste. Comment soutenir notamment les Grecs et les Syriens ? Avec mon épouse et quelques poignées de personnes, nous avons été pendant des années des « porteurs de valises » auprès des pays de l’Est. A l’intérieur de nos valises, il y avait des livres et des journaux. On n’a pas attendu que le mur s’écroule pour aider concrètement l’opposition démocratique. Durant des années, des liens et des solidarités se sont établis. L’idée, c’est de toujours faire ce qu’il faut faire, même si ça semble négligeable...

C) Zinat, 19 ans, de Sarcelles, étudiante à Sciences-Po

Source : http://www.bastamag.net/GAUCHE-Zina...

Pour moi, par exemple, le mouvement de Nuit debout représente aussi la gauche, avec des idées comme la volonté de passer à une sixième République. Car ce qu’il faudrait que porte la gauche, c’est un changement majeur en politique, en particulier avec une plus grande implication des citoyens dans la démocratie. C’est ça la gauche du futur.

D) Tayeb Cherfi, 49 ans, salarié de l’association toulousaine Tactikollectif

Source : http://www.bastamag.net/Tayeb-49-an...

Être de gauche, au sens large, c’est avoir la conviction qu’on ne doit pas reculer sur un certain nombre de valeurs : l’égalité, l’émancipation, l’ouverture, la solidarité, la culture et le respect. C’est aussi avoir un corpus idéologique qui permet de penser les questions sociales, sociétales et économiques, et de mettre ces réflexions en pratique le plus souvent possible.

Mais pour moi, c’est aussi avoir un regard intéressé et bienveillant sur les quartiers populaires. C’est un vrai enjeu. C’est là que se trouvent les misérables d’aujourd’hui, le sous-prolétariat. Et si ça, ça n’intéresse pas la gauche, alors il y a un vrai problème. La gauche, ça ne peut pas être juste le cinéma de Ken Loach. C’est un espace qui doit penser et se mettre au service des classes populaires.

Je considère qu’avec l’environnement, cette question des quartiers est le principal enjeu actuel pour la gauche...

Dans cette optique, selon moi, le défi de la gauche est double : il s’agit à la fois de retrouver ses valeurs, d’être imaginatif en mettant l’esprit d’entreprise au service du collectif, et de réformer ses propres mouvements. Il est urgent de sortir de l’organisation partidaire, hiérarchique et verticale, et de se réinventer dans des mouvements pluriels, ouverts, sans chef, sans secrétariat, sans délégué... Il faut en finir avec ces modes de structuration traditionnels et adopter des organisations plus horizontales. C’est ce que nous avions essayé de faire avec la liste Motivés en 2001.


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