Julian Assange (Wikileaks), bientôt libre ?

jeudi 8 décembre 2016.
 

L’ONU vient de rejeter un appel du gouvernement britannique. Et le résultat pourrait être la libération de Julian Assange, fondateur de Wikileaks, réfugié depuis quatre ans dans l’ambassade équatorienne de Londres.

Le Royaume-Uni avait fait appel contre une décision de l’ONU rendue en février. Le Groupe de travail des Nations Unies sur les détentions arbitraires a estimé que le confinement d’Assange dans l’ambassade équatorienne constituait une détention arbitraire et a exhorté les pays concernés à mettre fin à cette détention.

Les autorités suédoises veulent amener Assange pour l’interroger sur un présumée conduite sexuelle en 2010. Les États-Unis veulent également lui mettre la main dessus pour une enquête sur Wikileaks. La Suède a refusé de garantir qu’Assange ne serait pas extradé vers les États-Unis s’il s’y rendait pour faire face aux accusations portées contre lui.

L’Equateur a accordé l’asile à Assange en 2012, et il est réfugié dans son ambassade de Londres depuis plus de quatre ans. Le gouvernement britannique a dit que les autorités l’arrêteraient s’il tentait de sortir, et des policiers montent la garde 24/24h devant l’ambassade. Assange a offert à plusieurs reprises d’être interrogé par les procureurs suédois dans les locaux de l’ambassade équatorienne.

Les autorités suédoises ont finalement accepté une entrevue à l’ambassade au début de novembre.

L’ONU maintient sa position

L’ONU a déclaré que l’appel fait par le Royaume-Uni était "non recevable". Sa décision confirme également que le Royaume-Uni viole la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) ; Et qu’il en sera ainsi tant que la détention se poursuivra. La DUDH fait partie du droit international, qui est juridiquement contraignant.

Le site Justice for Assange a détaillé la réponse du fondateur de WikiLeaks au rejet de l’appel :

Maintenant que tous les appels sont épuisés, je m’attends à ce que le Royaume-Uni et la Suède respectent leurs obligations internationales et me libèrent. C’est une injustice évidente et grotesque de détenir quelqu’un pendant six ans qui n’a même pas été accusé d’une infraction.

Il n’est pas encore connu si les autorités britanniques respecteront le jugement. Mais la pression est bien là. Si le Royaume-Uni ignorait la décision, cela constituerait l’expression d’un mépris ouvert pour le droit international. Et la capacité du Royaume-Uni de montrer du doigt d’autres pays qui font de même serait définitivement miné.

Nous allons voir à quel point le Royaume-Uni est réellement attaché aux respect du droit international.

Carlyn Harvey

NOTE DU GRAND SOIR

Contrairement à une litanie qui revient sans cesse dans les médias, il convient de rappeler encore une fois que Julain Assange n’a jamais été mis en accusation (inculpé) par les autorités suédoises pour « violences sexuelles » (au sens communément admis) et encore moins pour « viol ». Les autorités suédoises prétendent vouloir l’interroger sur une affaire de « rapport sexuel non protégé » (assimilable en Suède à de la violence sexuelle, y compris lors d’un rapport consentant).

La supposée « victime » n’a jamais porté plainte pour violences, mais s’était rendue dans un poste de police pour exiger de la part d’Assange un test VIH suite à un rapport au cours duquel le préservatif s’est déchiré.

Trois mois plus tard, Julian Assange s’est rendu tout à fait normalement en Grande-Bretagne. Un procureur suédois a alors décidé de lancer un mandant d’arrêt international contre lui pour l’interroger sur cette affaire, en exigeant qu’il se rende en personne en Suède.

Entre-temps, Wikileaks a appris que les Etats-Unis avaient préparé en secret un « grand-jury » pour le juger (alors que J. Assange n’a violé aucune loi US sous juridiction US, et qu’il n’a jamais été formellement inculpé aux Etats-Unis pour quoi que ce soit).

Même lorsqu’il existe un accord d’extradition, celui-ci ne peut être exécuté que lors d’une procédure formelle. Ce qui n’est pas le cas. Mais, fait exceptionnel et en vertu d’accords bilatéraux, il se trouve que la loi suédoise autorise l’extradition de simples « témoins » vers les Etats-Unis.

Depuis le début de cette affaire, J. Assange demande que la Suède s’engage à ne pas l’extrader vers les Etats-Unis s’il devait se rendre en Suède et si les Etats-Unis devaient, par hasard, demander dans la foulée son extradition comme « témoin » dans une enquête qui serait en cours mais gardé secret.

L’entêtement d’un procureur suédois à vouloir l’interroger sur le sol suédois, pour une affaire où aucune plainte n’a été déposée, par le biais d’un mandant d’arrêt international, tout en refusant de lui garantir qu’il ne sera pas extradé vers les Etats-Unis pour « une enquête en cours » dont on n’a appris l’existence que par une fuite malencontreuse, donne toutes les raisons à Julian Assange de craindre pour sa liberté et même son intégrité physique.

Dans tout ce qui précède, qu’y a-t-il de si compliqué que les journalistes encartés sont incapables de comprendre ?

V. Dedaj


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