Jean-Marie Le Pen va financer les campagnes 2017 de sa fille Marine

mercredi 12 octobre 2016.
 

Quand il est question d’argent, les Le Pen savent dépasser leurs divergences. L’ancien dirigeant, exclu du FN, Jean-Marie Le Pen, financera la campagne de sa fille à la présidentielle.

Ils ont affiché leurs divergences, à tel point que la fille, pour affirmer sa mainmise sur le parti, en avait exclu son père, alors « président d’honneur » (sic). Mais quand il s’agit de parler gros sous, les différences s’effacent. Jean-Marie Le Pen fera financer une partie de la campagne de sa fille par l’association de financement Cotelec, qu’il avait créée à son profit dans les années 1980.

La vitrine refaite craque et révèle l’arrière-cuisine, toujours pas aux normes de la République. Car, si la Marine Le Pen affiche son souci d’une « France apaisée », répondant dimanche dans l’émission Vie politique sur TF1 que « oui », « un islam tel que nous l’avons connu, laïcisé par les Lumières comme les autres religions », est « compatible avec la République », le père n’a pas ces pudeurs électoralistes. Elle a construit son image sur la dédiabolisation du parti, lui sur l’exact inverse, cultivant toujours, par exemple, des amitiés louches au banquet de l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol.

Le FN a besoin de 15 millions d’euros pour sa campagne

Reste que si l’homme appartient au passé politique, le système de financement qu’il a mis en place sert toujours son idéal. Et que, quoi qu’il en dise, sa fille est encore la mieux placée pour représenter cette famille de pensée dans le paysage politique. Le Pen père le sait et, s’il se met à sa disposition, sans grande publicité, c’est qu’il attend un retour…

Le Front national a besoin, écrivait le Parisien hier, de 15 millions d’euros pour la présidentielle et autant pour les élections législatives. Une somme que les banques, françaises et étrangères – pas d’annonce d’un prêt in extremis d’une banque russe, cette fois –, ne semblent pas prêtes à débourser. Mais, au-delà de l’obligation statutaire faite à Cotelec de financer le Front national, l’association préserve ainsi son propre financement, assuré par des particuliers proches du FN qui pourraient prendre ombrage d’un défaut de soutien… Ils y placent des sommes « mieux rémunérées qu’un Livret A avec des intérêts à 3 % », témoigne un cadre frontiste dans le Parisien, qui sont prêtées à… 5 % aux candidats. Il n’y a pas de petits profits. Sans compter que, selon les résultats électoraux, l’État rembourse une partie des frais engagés. Anecdote intéressante à ce propos, Cotelec ne prêtera pas aux candidats aux législatives estampillés Jean-Marie Le Pen : « (L’ancien président) n’est pas du genre à mettre 1 euro dans une opération perdante », persifle dans le Parisien un proche de sa fille. Quand il s’agit d’argent, on peut faire confiance à la PME Le Pen pour s’arranger entre amis.

Grégory Marin, L’Humanité


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