La Turquie sert de “plateforme centrale” aux extrémistes islamistes

dimanche 18 septembre 2016.
 

Le constat officiel des autorités allemandes que la Turquie sert de “plateforme centrale” aux extrémistes islamistes ravive les tensions entre Berlin et Ankara et dans la société allemande.

Le 16 août, la première chaîne de télévision publique allemande, ARD, a rendu public le rapport du ministère de l’Intérieur qualifiant la Turquie de “plateforme centrale” pour l’action et le soutien aux islamistes armés radicaux du Proche et du Moyen-Orient depuis 2011. Les accusations pointent également la responsabilité du président Recep Tayyip Erdogan. Depuis, une nouvelle polémique enflamme le débat sur les relations entre Berlin et Ankara.

Ce “rapport”, précise la Berliner Zeitung, est une réponse à une question du groupe parlementaire Die Linke (Parti de gauche), fondée sur les analyses des services de renseignement allemands (BND). “Si la relation germano-turque était d’aplomb, si l’accord euro-turc sur les réfugiés n’était pas si controversé, cela ne ferait pas tant de vagues”, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), qui ne voit “rien de nouveau” dans ce document.

On savait déjà que le président Erdogan et l’AKP (son parti) sont proches des Frères musulmans, qu’ils soutiennent les groupes de rebelles islamistes en Syrie, que les dirigeants du Hamas sont reçus à Ankara. De même, le constat de l’islamisation de la politique intérieure et extérieure turque n’a rien de sensationnel.”

La vraie question, ajoute le quotidien conservateur, est la suivante : “Cela rend-il la coopération avec la Turquie d’Erdogan impossible ou ‘seulement’ plus compliquée ?”

Un partenaire incontournable

Pour sa part, la FAZ a tranché : “Il est ridicule de faire comme si on pouvait se séparer de ce partenaire. Il suffit de jeter un œil sur une carte pour le comprendre.”

La tonalité n’est guère différente dans la presse de centre gauche. “Oui, la Turquie a un problème avec les islamistes”, affirme Die Zeit, mais à trop chercher à tout prix “des munitions contre Erdogan”, le débat allemand prend une direction “politiquement absurde”. La situation est trop complexe, de toutes parts, pour renoncer à la diplomatie. “La Turquie d’Erdogan n’est pas le partenaire rêvé, admet également la Frankfurter Rundschau, mais c’est un partenaire nécessaire, et pas seulement pour l’accord sur les réfugiés.”

Danièle Renon


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