Faisons de la candidature de JL Mélenchon l’occasion d’un grand rassemblement

samedi 19 mars 2016.
 

par FRANCIS PARNY, ex-secrétaire national du PCF

Il faut abandonner la guerre des égos, en commençant par ne pas mettre le nôtre en avant et construire du rassemblement. Un très large rassemblement pour les présidentielles autour de la seule candidature crédible à ce jour pour relever le défi de toutes les faillites de la droite et de la gauche et autour de plus d’un millier de candidatures le plus diverses possibles pour les législatives.

Toutes les remarques faites sur l’annonce de sa candidature par Jean-Luc Mélenchon portent sur la forme.

La démarche serait trop présidentialiste ? Au moins il ne se trompe pas d’élection.

Sa personnalité poserait problème, il est trop ceci, trop cela.

Voulons-nous un candidat ou une candidate qui n’aie pas de personnalité ?

En 2012 le résultat tien d’abord au fait que « l’offre » que portait notre candidat correspondait à un manque dans « l’échiquier » politique. Elle était la seule à donner de l’espoir à celles et ceux qui se revendiquaient de gauche. Mais qui ne se souvient de quelque meeting en particulier sur les bords de la méditerranée où cet orateur nous tirait des larmes de par le sens de ses propos. Et combien j’ai vue de militantes et de militants communistes qui prenaient plaisir à ses émissions de télévision parce que sa pugnacité leur rappelait quelqu’un.

Lui reproche-t-on d’être un mauvais candidat ? Je ne l’ai pas entendu. Lui reproche-t-on ses premières argumentations ? Je ne le concevrai pas puisque si l’on veut gouverner la France autrement il faut bien dire comment on fera avec Bruxelles, puisqu’on ne peut mettre sur le même pied les corrompus et les syndicalistes de Goodyear et d’ailleurs, puisqu’enfin la crise écologique doit être surmontée.

Reste la question d’une proposition unilatérale, pas suffisamment ou pas du tout collective. Il faut respecter les partenaires, faire de « l’en commun » dit un de nos dirigeants.

Et bien « chiche » ! Pourquoi serait-il trop tard ?

Faisons de la candidature de JL Mélenchon une grande candidature de rassemblement, trans-partis, populaire pour une alternative aux politiques néolibérales soutenues par Hollande, Sarkozy, Juppé et autre Fillon, alternative au populisme libéral du FN.

Tout le monde a souligné que l’annonce de JL Mélenchon était un « secret de polichinelle » mais utilisons au moins la forme qu’il lui a donnée, celle d’une proposition.

Pensons-nous que Jean-Luc Mélenchon serait assez fou pour ne pas discuter du soutien du plus grand parti de masse avec 70 000 adhérents (seul LR est devant et continue bien sûr de faire des adhésions) ou de l’ensemble des formations du FDG.

Une réunion entre le PCF et Le PG doit avoir lieu ou bien a eue lieu ces jours-ci. Faisons des propositions et rendons-les publiques.

Nous pourrions à cette occasion « corriger » la première réaction du PCF par son porte-parole indiquant que la candidature n’avait pas été discutée avec le PCF et proposer que tout le Front de gauche discute des moyens d’enclencher une grande dynamique sans oublier de s’adresser, collectivement car c’est la seule façon pour qu’il soit crédible, à la société civile.

Nous pouvons décider des formes dans lesquelles nous devons actualiser « l’Humain d’abord », des positionnements que nous porterons. Le terme d’insoumission semble déjà adoubé de nombreuses personnes. Après tout « on ne lâche rien » reste d’actualité.

Nous pourrions surtout discuter des processus de désignations du millier de candidates et de candidats qui pourraient porter dans la présidentielle et dans la continuité, aux législatives, les mêmes options de société et de pratiques politiques. Voilà ce qui serait une grande campagne collective où les talents s’additionneraient. Si par malheur Hollande ou la droite l’emportait comment résisterions-nous à la vague des candidats « présidentiels » sans dès maintenant affirmer cette logique collective.

Et puis pourquoi abandonner l’espoir de gagner ?

Les rejets de Hollande comme de Sarkozy se traduisent par des scores annoncés sans doute inférieur à 15% des inscrits sur les listes électorales. Ils ouvrent la voie pour une dynamique gagnante à condition que nous affirmions dans l’unité la plus large que c’est possible, que c’est ce que nous voulons, que c’est la seule issue positive pour notre pays.

On dira que c’est un rêve ? Et alors, à quoi sert de faire de la politique sans rêver un monde nouveau, un monde meilleur. Il est vrai que des épisodes comme le remaniement ministériel « « désespèrent » de la politique.

Certains, dans le PCF, se réclament de la poursuite du Front de gauche pour déplorer la forme de la candidature annoncée, Hugo Touzet vient de signer une nouvelle tribune allant dans ce sens dans le Nouvel Observateur après la tribune collective publiée sur Médiapart avec Alexandre Fleuret et Manuel Menal,

A ceux-là (et sans doute le féminin existe-t-il) je leur dis tout particulièrement ne restez pas spectateur de ce que vous ressentez comme un échec. Il n’est pas trop tard. Agissez pour exiger qu’on redonne vie au FDG.

D’ailleurs sachez que le FDG a discuté de 2017. Bien sûr ! Qui peut croire le contraire ?

La décision de créer un groupe de travail sur l’actualisation de « l’humain d’abord » a été discutée, restée lettre morte comme beaucoup d’autres propositions.

Et sur la candidature un mouvement majoritaire s’est dessiné pour dire qu’elle devait relever d’un processus collectif. Avec cette remarque amusante venant d’un membre d’Ensemble affirmant son attachement à ce principe, même s’il semblait évident pour lui que Jean-Luc Mélenchon au final serait le candidat. Pourquoi cette évidence sinon parce qu’aucune initiative publique du FDG n’a été prise depuis 2013 permettant de faire émerger « des » candidatures du FDG capables de s’opposer aux dérives libérales de ce pouvoir.

Et puis il faut être conséquent, on ne peut pas à la fois développer un processus collectif dans le FDG et s’engager dans des primaires dont on ne connait pas les contours, à la recherche d’un programme définit par le peuple comme si nous étions dépourvus de tout et sans garanties de se retrouver avec une candidature que nous pourrions soutenir.

Alors arrêtons de parler de la guerre des égos pour ne s’en prendre qu’à un seul égo.

Avec vous remarqué l’égo d’une personne courageuse que certains se sont précipités à voir déjà candidate unique de « la gauche ». Christiane Taubira dont le combat inlassable sur l’égalité est respectable, est partie en casque, à vélo, de son ministère. Elle aurait pu faire plus simple. A pied par exemple. Elle a publié le lendemain de sa démission un livre que sans doute elle n’a pas écrit et imprimé dans la nuit. Voici un bel exemple de communication au service d’un égo. D’ailleurs elle ne rejette pas le qualificatif d’orgueilleuse à son égard puisqu’elle fait de ce trait une qualité.

Elle l’a dit dans l’émission très people « on n’est pas couché » dans laquelle elle a refusé de répondre plusieurs fois aux questions des journalistes à qui elle a coupé la parole, qu’elle a invité à réduire leur égocentrisme, tout cela accepté par les dits journalistes avec le sourire ; « c’est un tel personnage qu’on ne peut lui en vouloir ». Y aurait-il des égos que l’on ne dénigre pas ?

Alors relevons le défi d’une grande campagne collective sur quinze mois avec Jean-Luc Mélenchon comme candidat aux présidentielles, plus d’un millier de candidats aux législatives et des dizaines de milliers de citoyens et de citoyennes qui ne rêvent que d’une chose, retrouver l’espoir.

Post-Scriptum : permettez-moi de remercier celles et ceux qui ont tenu à commenter ma dernière tribune. Je les ai lus. Un ami m’a fait remarquer que toutes ces contributions représentaient 74 feuilles words et qu’il fallait plus d’une heure et demie pour les lire. Ce qui me frappe aussi c’est la tonalité très largement positive à l’égard de l’annonce de JLM.


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