Vatican : la "lèpre de la papauté" s’attaque au pape

dimanche 22 novembre 2015.
 

Menacé par le synode sur la famille et par un scandale financier qui touchent des évêques, le camp conservateur agite le petit état afin de déstabiliser le pape François.

Nous sommes en 2013. Six mois à peine après son élection, le pape François réunit à huis clos huit cardinaux afin de réformer la curie romaine, le gouvernement du Vatican, et de formuler des idées pour une réforme générale de l’institution. À la même époque, le successeur de Benoît XVI livre un entretien au quotidien la Repubblica. Il explique alors que « les chefs de l’Église ont souvent été narcissiques, aimant les flatteries et excités de façon négative par leurs courtisans » ; reprochant à la cour (papale) d’être « la lèpre de la papauté ».

En finir avec les scandales 
de l’ère Benoît XVI

Face à une volonté de réformes en profondeur, notamment dans le domaine financier, et à l’envie manifeste du pape argentin de conserver une certaine liberté vis-à-vis du protocole, la branche la plus conservatrice de la curie n’a pas tardé à enrayer le processus, multipliant les critiques. Entravant ainsi le « mandat » qui avait été confié au pape par les cardinaux souhaitant en finir avec les scandales qui entachèrent la fin de l’ère Benoît XVI.

Dernière illustration en date avec la parution de deux livres. Les enquêtes distinctes des journalistes Gianluigi Nuzzi et Emiliano Fittipaldi portent sur le détournement de fonds destinés aux pauvres au profit de la curie. 200 000 euros initialement destinés à une fondation dépendant d’un hôpital catholique ont servi au financement de la rénovation du luxueux appartement de 700 m2 de l’ancien numéro deux du Saint-Siège, le cardinal Tarcisio Bertone.

Nombre de cardinaux s’interrogent sur leur avenir

Ces révélations entrent étrangement en résonance avec la transparence financière voulue par le pape depuis son entrée en exercice. Un secrétariat pour l’Économie a ainsi été créé par le pape François afin d’obliger les dicastères à respecter les budgets prévisionnels et à rendre scrupuleusement compte de leur fonctionnement. La refonte des dicastères, la création de nombreuses commissions ou d’un service des ressources humaines n’ont pas manqué de provoquer des grincements de dents. Nombre de cardinaux s’interrogent sur leur avenir, d’autant que le service à Rome pourrait désormais être limité à deux mandats de cinq ans avant un retour sur le terrain. Autre projet propice aux crispations  : l’évaluation du patrimoine du Vatican. Enfin, sur le plan idéologique, après le dernier synode sur la famille à propos de la place accordée en son sein aux homosexuels et aux personnes divorcées remariées, et la révélation de l’homosexualité du prêtre polonais Krzysztof Charamsa qui demandait à « l’Église d’abandonner ses diktats et ses fermetures », les traditionalistes sentent que l’heure est venue de défendre leur position.

Lina sankari, L’Humanité


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