Le « Mouvement commun » lancé ce dimanche 8 novembre

mardi 10 novembre 2015.
 

- A) Un « Mouvement commun » pour dépasser les vieux partis de gauche (Mediapart)
- B) Pouria Amirshahi lance son Mouvement commun (Libération)
- C) Le « Mouvement commun » lancé dimanche 8 novembre à Montreuil (L’Humanité)

A) Un « Mouvement commun » pour dépasser les vieux partis de gauche (Mediapart)

Il ne veut pas que ce soit un parti de plus, mais un endroit où « il faudra que les militants habitués au militantisme aient l’humilité de laisser la place aux autres ». Ce samedi, Pouria Amirshahi lance le « Mouvement commun » à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à la suite d’un appel signé pour l’heure par 1 500 personnes (lire la boîte noire en pied de cet article), au milieu desquelles on retrouve pêle-mêle des acteurs associatifs et syndicaux, des universitaires ou des artistes, aux côtés de simples citoyens et de personnalités politiques de tous bords (notamment Pierre Laurent, Clémentine Autain, Cécile Duflot, Christian Paul ou Édouard Martin).

B) Pouria Amirshahi lance son Mouvement commun (Libération)

Le député PS « frondeur » fait naître ce dimanche un collectif avec l’objectif de remettre le citoyen au cœur des décisions.

n nouveau-né. Ce dimanche, le député socialiste Pouria Amirshahi ouvre la porte du Mouvement commun, « un lobby citoyen », « un grand mouvement qui prépare la France ». L’inauguration aura lieu à la maison de l’arbre, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Les organisateurs espèrent attirer « plus de 500 personnes ». Au programme : ateliers, rencontres, plénières et lancement d’une Web TV. Sur Internet, le Mouvement commun compte près de 1 500 signataires. Pas mal pour un début. Parmi les participants, on retrouve des politiques, classés à gauche, de premier rang. Ils représentent près de 15 % des signataires. Mais la force est ailleurs. La majorité des âmes est issue de la société civile : sans emplois, étudiants, enseignants, agriculteurs, profs ou artistes.

Pouria Amirshahi s’amuse à dire, avec fierté, que cette nouvelle troupe est à l’image de la « France d’aujourd’hui ». Au Mouvement commun, tous les signataires seront logés à la même enseigne : la hiérarchie n’existe pas. Les urnes ne figurent pas dans les plans. Les participants espèrent peser dans le débat public, faire monter « les sujets » au sommet des sphères, placer les politiques face à leurs responsabilités et promesses. Bref, changer la donne, sans parti, sans étiquette. La démarche peut paraître utopique, perdue d’avance. Mais on ne peut pas reprocher à un politique de se mettre au même niveau que la foule, remettre les citoyens au centre du jeu et modifier la manière de gouverner. Aujourd’hui, dans le climat actuel des choses et la montée des extrêmes, c’est déjà une petite victoire.

C) Le « Mouvement commun » lancé dimanche 8 novembre à Montreuil (L’Humanité)

Il y a un an, à la Bellevilloise, à Paris, le député PS Pouria Amirshahi avait tenté un rapprochement entre partenaires de gauche et société civile. 
Il prolonge l’expérience, en lançant le «  Mouvement commun  » en compagnie de personnalités politiques et de citoyens.

« Nous sommes dans un système à bout de souffle, une économie vérolée, des partis politiques fatigués. Plutôt que de se plaindre et de faire de la déconstruction permanente, nous devons inventer la France d’après  », assène Pouria Amirshahi. Pendant que Manuel Valls enterre les dernières promesses de campagne de François Hollande, le député PS des Français de l’étranger veut, lui, construire un «  Mouvement commun  » pour «  porter un projet de société où la démocratie l’emporte sur les logiques de confiscation des pouvoirs et des richesses  ».

En milieu de semaine, l’appel lancé pour fonder le mouvement comptait 1 500 signataires. Parmi eux, de nombreux citoyens de tous horizons et des personnalités politiques. «  Ma signature constitue un signal d’encouragement à une initiative qui, probablement parmi d’autres, se propose d’inventer du neuf à gauche, réinventer un projet, réinventer une dynamique, une pratique politique, un engagement citoyen nouveau  », explique le secrétaire national du Parti communiste français, Pierre Laurent. D’autres, à l’instar de l’écologiste Noël Mamère, saluent également l’initiative  : «  J’ai signé l’appel parce qu’on a besoin d’un lieu d’échange pour la gauche alternative. J’ignore si cette initiative va marcher, au vu de la désaffection des citoyens pour la politique, mais il faut la tenter  », analyse-t-il.

«  Fédérer les luttes positives  »

Avocats, chercheurs, ouvriers, artistes, étudiants, demandeurs d’emploi… Aux côtés de figures de la gauche comme les anciens ministres socialistes Benoît Hamon et Aurélie Filippetti, la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann, le porte-parole d’Europe Écologie-les Verts Julien Bayou ou encore l’ex-ministre écologiste Cécile Duflot, on trouve, représenté, le spectre de la société civile. Et c’est l’un des objectifs que se fixe le mouvement  : réconcilier citoyens et politique. «  Cette distance des citoyens avec la politique nourrit l’aigreur, la méfiance et l’apolitisme  », reconnaît Pouria Amirshahi, qui veut «  fédérer les luttes positives, les expérimentations économiques, sociales, écologiques ou féministes qui fonctionnent  ». Selon lui, «  un pays déconnecté de sa représentation sociologique est condamné à mourir  ».

Si le député défend une démarche politique plutôt qu’électoraliste – «  le Mouvement commun ne se donne pas pour objectif de constituer un énième parti politique regroupant les déçus, ni une écurie présidentielle  », s’empresse-t-on de préciser –, il reste qu’à défaut d’une alternative crédible, le scénario de 2017 ne réjouit personne. «  Nous savons que nous ne pouvons pas laisser la gauche se réduire à la candidature de François Hollande, qui est totalement disqualifié compte tenu de sa politique, et, à côté de lui, voir s’installer un émiettement qui conduirait à l’inefficacité  », juge Pierre Laurent. «  Ça doit servir de laboratoire, car la perspective de 2017 s’annonce mal, avec toutes les gauches qui sont affaiblies  », concède de son côté Noël Mamère. D’autant que Manuel Valls semble désormais vouloir donner le ton. Pour preuve lorsque, s’agissant du droit de vote des étrangers, il se dit «  convaincu que (la mesure) ne sera pas proposée à la prochaine présidentielle  ».

«  Contre-culture  »

De son côté, la «  fronde institutionnelle  » n’a plus guère d’issue. «  C’est la rentrée de la dernière chance  », avait prévenu le député PS frondeur Christian Paul, à l’occasion de la rentrée parlementaire. L’inflexion réclamée sur le budget au gouvernement par les frondeurs n’a pourtant pas eu lieu  : «  On le sentait, reconnaît aujourd’hui l’élu, Valls avait la volonté de cadenasser le débat et de durcir la ligne.  » Pour autant, le député de la Nièvre refuse d’opposer la bataille parlementaire qu’il mène et la construction d’une alternative en dehors des instances, initiée par Pouria Amirshahi  : «  Les deux démarches sont totalement complémentaires et il peut y avoir un partage des tâches  », assure Christian Paul, qui sera présent dimanche à Montreuil.

«  La création de cette contre-culture qu’il faut inventer s’inscrit pour moi clairement dans un rapport de forces avec les possédants et les gouvernants  », précise Pouria Amirshahi. Pas question, donc, de dépolitiser le débat au prétexte que les citoyens seraient lassés de la politique. «  Remettre la démocratie à l’endroit, les citoyens au centre  », remplacer le «  je  » par un «  nous  » collectif. Beaucoup de travail en perspective sur une scène politique totalement absorbée par l’hypermédiatisation et la valorisation des ego.

Frédéric Durand

L’Humanité


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