Au Parti de gauche, Éric Coquerel prend les rênes

mercredi 10 septembre 2014.
 

Jean-Luc Mélenchon quitte la co-présidence du Parti de gauche. Martine Billard aussi. Tous deux restent au secrétariat du parti. Mais c’est Éric Coquerel qui sera désormais le coordinateur général de la formation. Un bon présage pour ceux qui souhaitent le maintien du Front de gauche.

Le nouvel équilibre de direction au sein du PG est le point d’aboutissement de débats internes qui n’ont pas été simples. Après les déconvenues de l’année 2014, la question pouvait se poser : rompre avec le Front de gauche ou continuer ? Ce sera continuer. Jean-Luc Mélenchon l’a confirmé dans son discours de clôture de l’université d’été de son parti. « Ce n’est pas nous qui allons défaire le Front de gauche. C’est notre œuvre. Le Front de gauche est une réalité, un point d’appui pour des milliers de gens, membres ou non de partis. Le Front de gauche, c’est leur repère. » Martine Billard et Éric Coquerel ont plaidé en ce sens de façon continue. Ils ont été entendus.

La République, la gauche

Pourtant, le choix d’Éric Coquerel n’allait pas de soi. Le groupe dirigeant du Parti de gauche reste structuré autour des anciens de PRS, la tendance de Mélenchon au PS. Éric Coquerel n’a, lui, jamais été membre du PS. Son parcours est plus chaotique, un peu à l’image de cette autre gauche qui se cherche peut-être encore.

Initialement militant de la LCR, il quitte la formation trotskiste au début des années 2000 pour rallier Jean-Pierre Chevènement. Mais la rencontre va tourner court. Il prend ses distances avec le candidat à l’élection présidentielle quand celui-ci prétend rassembler les républicains de gauche et de droite. La République, la gauche, ce sont ses deux piliers idéologiques. Éric Coquerel fondera alors un micro-parti, le Mars, dont il s’enorgueillit d’être le président. Logiquement, il s’investit dans la campagne en faveur du « non » au Traité constitutionnel européen. Ses qualités d’orateur mais surtout d’argumentation se remarquent dès cette époque : cette bataille contre le TCE, c’est son terrain.

Dans la foulée, il s’engage dans les collectifs antilibéraux qui vont chercher à construire une candidature pour l’élection de 2007. Là, c’est franchement moins son kif. Le joyeux bordel qui y règne ne correspond guère à l’idée qu’il se fait de la politique.

Surmonter les tensions

Coquerel est tout sauf un mouvementiste (on attend avec intérêt ses relations avec Podemos…). Quand les collectifs explosent et que les « 3 B » – Bové, Buffet, Besancenot – s’affrontent, il se retire avec quelques rares militants dans une neutralité circonspecte (Clémentine Autain, Christian Piquet, Roger Martelli, Claude Debons et François Labroille). Ensemble, ils fondent Maintenant la gauche. Sans grand lendemain.

Mais Éric Coquerel est du genre hyperactif. La politique est sa vraie passion, loin devant son goût pour la voile. Il se rapproche assez vite de Mélenchon qui prépare son départ du PS et fera partie des partants de la première heure lors de la création du Parti de gauche. Il gagne la confiance de Jean-Luc Mélenchon qui lui octroie le titre très flatteur de « conseiller spécial » pendant la campagne présidentielle de 2012.

Autonome mais fidèle, Éric Coquerel devient le « monsieur relations extérieures » du PG. À ce titre, il entretient des relations avec toutes les sensibilités – et l’on sait à quel point elles sont nombreuses – du Front de gauche. Courtois mais ferme, il sait se faire apprécier. Ce ne sera pas inutile pour surmonter les mois de vives tensions, voire de déchirement qui ont mis à mal les relations partisanes et personnelles.

Le voilà revenu à des fonctions plus internes. Sa feuille de route : continuer d’élargir le PG qui a singulièrement souffert des retraits et des départs. Être un parti creuset, vaste programme.

Catherine Tricot


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