Front de Gauche : nous dépasserons nos difficultés ensemble !

samedi 9 novembre 2013.
 

Face à la gravité de la situation, de nombreuses interrogations s’expriment sur la situation du Front de Gauche. Pour autant il ne peut être question aujourd’hui de rester passif et de laisser le doute s’installer.

Ces derniers jours, le patronat a engagé une violente offensive pour accroître le travail du dimanche. La libération de la parole raciste envers nos concitoyens Roms est encouragée par les représentants du gouvernement. La réforme des retraites se place dans la continuité de celles mises en œuvre par la droite. Les écoles, domaine soi-disant « sanctuarisé » par François Hollande et devant bénéficier de créations de postes, subit de plein fouet les conséquences de l’austérité gouvernementale à travers des réformes imposées de façon autoritaire, comme le démontrent les difficultés d’application des rythmes scolaires. Par ailleurs la conférence gouvernementale de septembre sur les questions énergétiques ainsi que le dernier rapport du GIEC confirment, dans une quasi indifférence générale, que la logique économique qui prévaut actuellement provoque de plus en plus de bouleversements environnementaux de grande ampleur.

Il y a plus que jamais besoin que le peuple se mêle de ses affaires, retrouve les moyens de s’exprimer pour faire entendre les exigences d’égalité, de justice sociale et environnementale.

Les résultats de l’élection cantonale partielle de Brignoles sont un signal d’alarme supplémentaire qui démontre la capacité du Front National à se nourrir de la démoralisation et du repli sur soi, tandis que la politique gouvernementale provoque une abstention et une démobilisation des électeurs dans toute la gauche. Il est nécessaire de redoubler d’efforts pour susciter un nouvel espoir à gauche, capable de mobiliser ceux qui subissent de plein fouet le désarroi provoqué par la politique du gouvernement.

Cela suppose que se fasse entendre une alternative de gauche à la politique libérale et répressive menée par François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Dans cet objectif, il y a besoin que le Front de Gauche se déploie dans le pays à la hauteur des attentes qu’il a suscitées. Le Front de Gauche doit être capable d’être une force d’initiative pour entraîner largement toutes celles et tous ceux qui veulent un véritable changement de cap dans ce pays et en Europe.

Cela suppose de maîtriser collectivement au sein du Front de Gauche les débats qui nous traversent. C’est le cas notamment en ce qui concerne les prochaines élections municipales.

Pour notre part, nous pensons que partout où c’est possible, et en particulier dans les grandes villes, comme à Paris, Lyon, Toulouse, Marseille, Bordeaux… il est essentiel de travailler à la construction de listes ouvertes à l’initiative du Front de Gauche, en lien avec les initiatives populaires et citoyennes, pour le premier tour des élections municipales dans le but de changer les rapports de force à gauche et dans la société. C’est une question centrale pour faire entendre une autre voix que celle de la résignation, convaincre ceux qui hésitent et risquent de s’abstenir et pour mettre en échec les volontés de conquête de la droite et de l’extrême droite. C’est la meilleure manière de montrer que le Front de Gauche existe et porte une alternative lors de ces élections municipales. Ce qui devrait l’emporter c’est la nécessité que là aussi les électeurs puissent se prononcer pour une politique de gauche qui défende la retraite à 60 ans et refuse l’allongement de la durée de cotisation amenant à travailler jusqu’à 66 ans, comme le veut le gouvernement, pour une politique de gauche qui refuse un budget d’austérité qui va laisser intacte la répartition des richesses au profit des plus nantis, et va corseter les budgets des collectivités territoriales. Cet éclairage national s’accorde à nos projets locaux, élaborés avec les citoyens, pour conquérir des majorités de rupture ou une influence accrue du Front de gauche dans les municipalités. Bien entendu, au second tour, nous sommes tous favorables à rassembler les différentes listes de gauche du premier tour pour faire barrage à la droite et au Front National. Raison de plus pour faire entendre nos orientations au premier tour.

Bien sûr, il existera des situations dans certaines villes où se constitueront des listes communes avec les sections locales du Parti Socialiste, d’Europe Ecologie, du NPA. Cela est décisif notamment pour reconduire les municipalités dirigées par le Front de Gauche, comme dans les situations où le FN risque de conquérir des municipalités, mais cela doit se faire pour faire entendre une logique de rupture avec le libéralisme et en toute indépendance de la politique gouvernementale. Et nous constatons que le Parti Socialiste, de son côté, est plus préoccupé de conquérir des municipalités tenues par le Front de gauche que de rassemblement pour une véritable politique de gauche.

Quand des désaccords se produisent, il faut les mettre à leur juste place et ne pas faire en sorte que cette question paralyse l’ensemble du Front de Gauche.

Aujourd’hui, des dizaines de listes du Front de Gauche sont en train de se construire et représenteront une réalité politique nouvelle en mars 2014. Dans d’autres villes, les formations du Front de Gauche se retrouvent divisées et pourraient faire des choix différents. Dans ce cas, personne ne veut rester passif et chacun cherchera logiquement à mettre en œuvre son orientation.

Malgré cela, le Front de Gauche est, et doit rester uni sur la politique alternative qu’il défend face à celle du gouvernement. Quelle que soit la configuration globale, il est essentiel de préserver l’outil que constitue le Front de Gauche aujourd’hui. Il faut mettre de côté toute idée qu’un « autre Front de Gauche » pourrait émerger sur la base de situations de division de nos forces. Nous sommes unis sur un programme, « l’Humain d’abord ». Nous sommes unis pour défendre une autre Europe s’émancipant des Traités européens, et nous aurons l’occasion de faire progresser cette perspective lors des prochaines élections européennes, et avec d’autres rassemblements du même type que le nôtre sur le continent. Nous sommes unis sur la nécessité de travailler à rassembler une autre majorité avec d’autres forces de gauche pour gouverner sur une politique alternative à celle du gouvernement actuel. Nous sommes unis sur l’idée que sans le rassemblement d’une majorité alternative à gauche, ce sont les forces réactionnaires et le Front National qui profiteront de la situation. Aucune de ces perspectives ne peut se concrétiser sans un Front de Gauche rassemblé.

Quelles que soient ses limites et les difficultés qu’il rencontre, il est décisif de préserver le Front de Gauche, de le développer et de le dynamiser... Pour cela, nous ne pouvons pas attendre que la séquence des élections municipales et européennes se passe pour mettre en mouvement le Front de Gauche. Nous tourner ensemble vers le peuple. Cela veut dire donner un nouveau souffle aux différents espaces du Front de Gauche, aux Assemblées Citoyennes autour d’exigences de développement de l’égalité et de défense des libertés comme de celles pour rejeter les régressions sociales. Au sein de l’organisation actuelle de Front de gauche, il faut agir pour donner toute leur place aux Fronts Thématiques et au Conseil National, pour faire enfin entendre plus d’idées nouvelles, engager des campagnes publiques sur des exigences simples et immédiates qui démontrent qu’une alternative à gauche existe dans le pays et que nous sommes déterminés à la faire vivre.

Clémentine Autain (FASE), Pierre Gayral (Les Alternatifs), Pierre-François Grond (GA), Ingrid Hayes (GA), Pierre Laporte (FASE), Roland Mérieux (Les Alternatifs), Danielle Obono (C&A), Francis Sitel (GU), Marie-Pierre Toubhans (GU), Stéphanie Treillet (C&A)


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